Journal C'est à Dire 95 - Décembre 2004

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V A L D E M O R T E A U

Hiver

Ces privés qui nous déneigent La D.D.E. assure l’essentiel du déneigement sur les Nationales et les Départementales. Pour le reste, les communes mobilisent leur personnel tout en faisant appel à des prestataires qui interviennent également sur le domaine privé, les parkings et les routes d’accès.

Comme son père le faisait avant lui, Laurent Sire déneige les routes communales sur Montlebon et Villers-le-Lac. Une activité complémentaire qui lui plaît et qui suppose de la disponibilité et une bonne connaissance de la voirie locale. Montlebon Financièrement intéressant mais beaucoup de contraintes

D ans la famille Sire ins- tallée à Maucerneux sur les hauteurs de Montle- bon, on pratique le déneigement depuis 1963. Tout a commencé avec Louis. “Il y avait moins de circulation. On travaillait

choix qu’il ne regrette pas au vu de la conjoncture actuelle. “Avec la tempête et la concurrence des bois suisses, on fait de moins en moins de travaux forestiers.” La neige est donc une source de revenu non négligeable qui peut

dot. “Au fil des ans, une relation de confiance s’est établie avec la commune de Montlebon, notre principal commanditaire. Elle nous rémunère en fonction de la distance parcourue sur une base de 18 euros hors taxes du kilo- mètre. Avec la hausse du gasoil, le tarif fera probablement l’ob- jet d’une réévaluation.” Cette confiance rime avec autonomie complète dans la gestion de l’ac- tivité. S’appuyant sur les informations de la météo suisse, Laurent Sire décide quand il faut partir. “Il n’est pas rare de démarrer vers 3 heures du matin. On s’occu- pe d’abord des routes fréquen- tées par ceux qui se rendent très tôt au travail. On intervient sur l’itinéraire emprunté par les bus

représenter de 20 à 30 % de chiffre d’af- faires de l’entrepri- se. Elle permet de faire tourner le trac- teur forestier homo-

Pour Laurent Sire, le déneigement représente de 20 à 30 % du chiffre d’affaires de son entreprise de bûcheronnage-débardage.

avec des tracteurs agricoles sans cabine et pas aussi puissants que les engins 4 roues motrices d’aujour- d’hui.” Une épopée foi-

“Un nombre de kilomètres compatible avec nos moyens.”

scolaires. En général, on fait une seconde tournée avant midi. Dans les gros coups de neige, on repas- se une troisième fois en fin d’après-midi. On a pris un nombre de kilomètres compatible avec nos moyens. Par expérien- ce, on sait qu’il vaut mieux ne pas trop en demander pour pou- voir mieux gérer la situation.” Laurent apprécie le déneige- ment. “C’est plutôt un service

qu’un métier. Bien sûr, cela sup- pose de bien connaître les pièges de la neige, les portions de routes dangereuses. En nous voyant arriver, certaines personnes nous accueillent comme des libéra- teurs. Au cours des tournées, on rencontre parfois des gens tota- lement paralysés par la neige. Quelques conseils, un peu de réconfort suffisent souvent à les rassurer. J’aime bien ce côté ren-

contres.” La principale contrainte du déneigement repose sur son caractère aléatoire et fluctuant. Le déneigeur privé doit être dis- ponible 24 heures/24 durant tou- te la saison hivernale. Laurent Sire a encore la chance de pou- voir compter sur son frère et son beau-frère pour d’éventuels rem- placements. ! F.C

sonnante d’anecdotes, de véhi- cules cachés sous des montagnes de neige, de Parisiens qui posaient leurs chaînes sur les roues arrière de la 2 CV… En reprenant en 1996 l’entre- prise familiale de bûcheronna- ge-débardage, Laurent Sire a continué le déneigement. Un

logué à la neige et équipé d’une étrave GM2, en forme de V avec une oscillation centrale. Laurent Sire déneige 15 kilo- mètres de routes communales dont 90 % sur le territoire de Montlebon et le reste sur Vil- lers-le-Lac. Il dégage également le parking ski de fond au Gar-

Les Combes affichent une croissance démo- graphique constante qui frise maintenant 720 habitants. Elle est l’une des rares communes de cette importance à n’avoir pas d’employé communal et doit régulièrement faire appel aux privés sur toutes sortes d’intervention. de la commune est entièrement privé Les Combes Le déneigement

D.D.E. Les chiffres-clés du déneigement dans le Doubs La mise en place du service hivernal à la D.D.E. implique la mobilisation d’une gros- se logistique humaine et matérielle. Longueur des réseaux : Autoroutes : 101 km Routes nationales : 312 km Routes départementales 3 550 km Routes communales : 5 000 km (à la charge des collectivités locales et leurs groupements) Potentiel humain : 350 agents interviennent sur la viabilité hiver- nale 120 personnes d’astreinte sont disponibles 24 heures/24 pour intervenir en cas d’ur- gence. Potentiel matériel : 70 engins ou camions 25 tracteurs pour le chargement du sel 96 véhicules privés Coût des interventions Pour un hiver normal : environ 3,35 millions d’euros répartis entre État et Département En 2002-2003 : coût global : 6,96 millions d’euros dont 0,66 million d’euros à la char- ge de l’État (R.N.) et 5,3 millions d’euros à la charge du Département (R.D.) Matériaux nécessaires En 2002-2003 : 14 500 tonnes de sel dont 3 200 tonnes sur les Nationales et 11 300 sur les Départementales. Coût moyen d’ap- provisionnement : 82,5 euros la tonne de sel. La consommation de sel très variable d’une année sur l’autre, de 4 000 tonnes pour un hiver clément à 28 000 tonnes en 1998-1999 lors d’un hiver rigoureux

Pour Olivier Dromard qui dirige l’entreprise du même nom à Montlebon, le déneigement génère plus de contraintes que de profits. Il continue car il dis- pose du matériel nécessaire. Entreprise de travaux publics “Je ne le referais pas”

“S i je ne l’avais jamais fait, c’est sûr, je ne le referais pas.” Olivier Dromard est formel, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Son entre- prise s’investit dans le dénei- gement depuis 18 ans. Au fil du temps, c’est devenu une habi- tude. Quand les premiers flo- cons s’annoncent, 6 véhicules sont équipés pour entrer en action : engins de chantiers, trac- teurs agricoles et un camion. La maison Dromard intervient sur les communes de Morteau et des Combes. “On a un petit

marché privé avec des usines. On participe aussi aux opéra- tions d’évacuation de la neige dans les rues de la ville par exemple.” Avec l’expérience, Oli- vier Dromard a de plus en plus de mal à comprendre et à

tournée. Les gens doivent prendre conscience des contraintes de la neige qui ne sont pas toujours prévisibles. Sur certains secteurs comme aux Arces, des personnes ont parfois des attitudes très agressives vis-à-vis des chauf-

admettre les exi- gences des collecti- vités et surtout des habitants. “Quand la neige tombe à

feurs. Il y a déjà eu des échanges de coups.” Le déneigement impose de lourdes

2 à 3 % du chiffre d’affaires dans le meilleur des cas.

“L e déneigement nous coûte entre 30 000 et 40 000 euros, soit une somme équivalente à celle qui est dépensée dans l’entretien des routes” , indique Jose- ph Maner-Banet, le mai- re. La commune travaille avec 3 entreprises qui ont à déneiger 27 km de rou- te. Chacune d’elle a son

généralement sur des zones proches de chez eux, qu’ils connaissent bien. Ils n’ont guère d’intérêt à vouloir déneiger aussi les routes d’un collègue. “Dès l’an prochain, on fonc- tionnera sur la base d’un contrat de déneigement. Ce document servira à déterminer précisément la nature du marché propo- sé aux candi- dats.” Les matière de déneigement : installation de frontaliers qui partent dès potron- minet, circuit de ramas- sage scolaire qui n’exis- tait pas avant l’éclatement des écoles… S’il lui arri- ve de changer de temps en temps de partenaires, la commune n’est jamais restée en rade de secteurs non attribués. ! besoins sont allés égale- ment crescen- do sur la commune en

contraintes techniques. Tout doit être fait pour éviter des pannes ou des accidents avec les véhi- cules lorsqu’ils sont sur les routes. Une neige très chan- geante oblige parfois à chaîner, ce qui retarde d’autant le déga- gement des voies. La neige masque des objets tels que les coffrets de compteurs dans les lotissements qu’il faut ensuite réparer. “ Le déneigement, c’est une notion de service vis-à-vis des usagers. La mise en place de ce service au niveau des horaires n’est pas simple. Chez nous, 90 % du personnel ne veut pas entendre parler du déneigement à cause des horaires, des risques, des engueulades. Je m’y colle assez souvent.” Le chef d’entreprise reconnaît que l’opération peut devenir financièrement intéressante quand il neige beaucoup, beau- coup. L’activité mobilise 5 % du parc matériel et rapporte 2 à 3 % du chiffre d’affaires dans le meilleur des cas. !

5 h 1/2, impossible par exemple de dégager tous les chemins en même temps, sachant qu’il nous faut au moins 4 heures pour une

propre secteur d’intervention. Jusqu’à pré- sent, la plupart des communes renouvelaient d’une année

“On fonctionnera sur la base d’un contrat de dénei- gement.”

sur l’autre les accords conclus tacitement avec les prestataires privés. Le nouveau code des marchés publics prévoit de mettre en place une procédure d’appel d’offres au mieux- disant pour formaliser ces engagements. Ce dispo- sitif ne devrait pas bou- leverser la donne car les entreprises travaillent

La société Dromard équipe 6 véhicules pour le déneigement.

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