La Presse Bisontine 58 - Septembre 2005

LE PORTRAIT

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T OURISME

120 pays traversés en 50 ans

Ancien militaire à la retraite, Marc Julliard, 71 ans, a passé sa vie à voyager. De l’Allemagne à la Birmanie en passant par la Chine ou le Mexique, il a par- couru en tout 120 pays. Des sou- venirs compilés dans un livre publié à compte d’auteur. Voyage, voyages…

D e ses voyages, il reste sur l’étagè- re du salon une montagne de bibelots exo- tiques, statuettes de bois ou de pierres, serrés les uns contre les autres, “des vraies pièces d’artisanat, pas des trucs pour

entre mes amis” , commente-t- il, en riant avant de redevenir soudain sérieux. À la manière d’un carnet de bord, il y a annoté les lieux tra- versés, classifiés les monu- ments visités, avec ça ou là parfois une anecdote. Un comp- te-rendu sec et méticuleux, sans prétention, comme pour ne pas oublier. Saint- Cyrien, pilote d’héli- coptère dans l’Armée de terre, l’homme qui avance en claudi- quant à cause d’une entorse récente, a dépensé tout son argent dans les voyages pendant des années. Une passion venue d’Afrique par des che- mins de traverse. À 20 ans, alors que le jeune Bisontin se retrouve engagé en Algérie en pleine guerre d’indépendance, il découvre les “odeurs et la couleur de l’Afrique. La Provence mais en beaucoup moins construit, plus fort.” Une de ses premières per- missions est pour le Hoggar. Il l’escalade. “C’est là que le goût du voyage est venu” affir- me-t-il. À partir de ce moment- là, “en fonction de mes revenus, j’ai toujours essayé d’aller le plus loin possible dans toutes les directions. Tous les ans, j’élargissais monmonde connu.”

touristes” , précise fiè- rement sa femme. Et dans le fond du jar- din, un tas de pierres, ramassées aux quatre coins dumon- de, a été cimenté et surmonté d’une tête en terre, vague sta- tue à la Dali. “Là, c’est du corail des

L’été, les deux baroudeurs se font casaniers.

Marc Julliard dans leur jardin. Passionnés par les voyages, lui et son épouse continuent de parcourir le monde une à deux fois par an.

Seychelles, là, ça vient de Bir- manie, de Ceylan” , énumère Marc Julliard, en désignant les cailloux de la sculpture. Comme tout le monde, Marc Julliard, 71 ans, aime les voyages. Pas tout à fait com- me tout le monde, il en fait une quasi obsession. Selon ses propres décomptes, il en est à 120 pays traversés en l’espa- ce d’une cinquantaine d’an- nées. Et pour partager son expérience avec ses amis, il a décidé tout récemment d’en faire un livre, un gros pavé publié à compte d’auteur. Il en a déjà vendu une bonne par- tie. “Çam’a permis de voir clair

ne pour hiberner, fait face à un bougainvillier aux fleurs d’un violet agressif. Il en est tellement fier que jusqu’à l’an- née dernière, il plaçait une peti- te affichette proposant à cha- cun de venir l’admirer. Et comme à chaque fois quand Marcel est fier de quelque cho- se, il a rédigé un petit livret pratique, toujours pour ses amis, dit-il, sur des feuilles de cahier d’écolier photocopiées. Y sont répertoriées les 300 plantes du jardin, avec conseils d’entretien et meilleure expo- sition. O S.D.

Dans la grosse maison fami- liale, sur les hauteurs de Mon- trapon, construite dans les années 30, le jardin fait par- tie du décor à part entière. Le grand-père y plantait des légumes, le père avait investi dans les arbres fruitiers, dont il revendait une partie de la production sur le marché. Le fils Marc, lui, l’a aménagé en parc floral. Comme pour garder le contact avec les différentes contrées traversées, il l’a truffé d’es- pèces exotiques. Un parterre de 25 bananiers, pour lequel il a construit exprès une caba-

L’Europe, l’Inde, l’Égypte, la Chine, les États-Unis…Quand on lui demande ses meilleurs souvenirs, ses destinations pré- férées, il cite pêle-mêle le grand Ouest américain, “pour les pay- sages” , l’ascension du Kili- mandjaro, l’Indonésie, Bali ou Sumatra “pour la culture.” C’est grâce aux voyages aussi qu’il a rencontré sa femme, Made- leine, en 1988. Elle était venue à une exposition de ses pein- tures à lui, son autre passion, ils ont discuté vacances, se sont aperçus qu’ils embarquaient tous deux pour l’Islande. “On avait fait presque toutes les

mêmes destinations à quelques années d’intervalle. Mais en Islande, on ne s’est pas croisé, on n’avait pas vraiment choi- si le même standing. Elle, c’était plus bons restaurants et sau- mon fumé et moi crème de hareng et bivouac” , s’amuse-t- il encore. Ensemble, ils continuent à voyager, même si “trouver un endroit où aucun de nous d’eux n’est allé commence à être un casse-tête.” Ils partent l’hiver, “quand il neige et qu’il y a du verglas ici.” L’été, les deux baroudeurs se font casaniers, pour s’occuper du jardin.

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