La Presse Pontissalienne 132 - Octobre 2010

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 132 - Octobre 2010

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Girouettes “Ce ne sont pas les girouettes qui tour- nent, c’est le vent…” affirmait en son temps le succulent Edgar Faure. Alors les maires P.S. des grandes villes de France sont-ils des girouettes ou alors est-ce le vent de la politique nationa- le qui les fait ainsi changer de dis- cours ? Par exemple, lemaire de Besan- çon Jean-Louis Fousseret nʼa pas exclu, loin de là, lʼhypothèse dʼune can- didature aux législatives de 2012, au nom, a-t-il argué, de la sacro-sainte nécessité de “changer de système.” Ne soyons pas dupes : le P.S. natio- nal poussera ses barons locaux, maires des grandes villes, à la grande recon- quête du pouvoir que la gauche attend maintenant depuis des lustres. Cʼest donc au nom de la mission de laquel- le il se sentirait investi que le maire de Besançon retournera à la bagarre des législatives, lui qui affirmait, pas plus tard que lors des dernières munici- pales, quʼil souhaitait ne plus se consa- crer quʼà sa ville et à son aggloméra- tion. Sans doute y a-t-il chez M. Fousseret et dʼautres barons du P.S. non parlementaires une pointe de frustration par rapport aux maires et de présidents de collectivités locales, quasiment tous sénateurs ou dépu- tés… Son voisin le maire de Dijon, le président du Conseil général du Doubs, etc. On peut le comprendre. Mais là où le discours confine à une certaine hypocrisie, cʼest quand le mai- re de Besançon affirme que le jour où une loi prévoirait lʼinterdiction totale du cumul, il serait le premier à la voter ! Ce partisan du non-cumul serait donc intellectuellement immunisé contre le remords puisque le cumul est encore autorisé ! C.Q.F.D. Cette posture, que Jean-Louis Fousseret ne sera pas le seul à adopter dʼici 2012, loin de là, finit de faire tomber ce véritable leur- re que tentent encore de nous agiter la plupart des dirigeants de gauche quand ils disent sʼoffusquer contre les cumulards intempestifs. Nʼétait-ce pas Arnaud Montebourg, drapé dans son costume de parangon de droiture, qui tirait à boulets rouges sur le cumul lors- quʼil nʼétait que député ? On ne lʼentend plus sur le sujet depuis quʼil est éga- lement président du Conseil général de Saône-et-Loire. Jean-Louis Fous- seret aurait eu autrement plus de panache de camper sur ses convic- tions dʼantan. Mais les bonnes inten- tions sont aussi volatiles que le vent… J ean-François Hauser Éditorial

JEAN-LOUIS GAGELIN Le président de l’association “Commerce Grand Pontarlier” “Décathlon arrive à Pontarlier !” Président des commerçants, Jean-Louis Gagelin annonce l’arrivée de l’enseigne nationale d’ici un an. Il se livre sans détours sur le combat (ou la coopération) entre “centre-ville et Grands Planchants”, l’extension de la zone ou encore la dépendance commerciale.

Le président des commerçants Jean-Louis Gagelin espère fidéliser la clientèle pontissalienne avec les

nouveaux chèques- cadeaux.

L a Presse Pontissalienne : L’association “Commerce Grand Pontarlier” lance le chèque-cadeau à 10 euros valable seulement dans sa zone géographique. Vous avez besoin de fidéliser votre clientèle ? Jean-Louis Gagelin : La finalité du chèque-cadeau est de maintenir un chiffre d’affaires dans les com- merces du Grand Pontarlier, ni plus ni moins. L.P.P. : Quel est le montant potentiel de ces chèques en ter- me de chiffre d’affaires ? J.-L.G. : Aux alentours de 500 000 euros répartis au niveau des comités d’entreprises plus 100 000 euros pour les particuliers qui souhaitent faire des cadeaux. L.P.P. : Les entreprises pontissaliennes ont-elles répondu favo- rablement ?

J.-L.G. : C’est vrai que l’on a cette particularité d’avoir la densité commerciale d’une ville de 100 000 habi- tants alors que notre zone représente 60 000 clients potentiels. Donc il y a 40 000 clients manquants. Dans ce delta manquant, il y a le pouvoir d’achat à Pontarlier qui est largement supérieur à d’autres zones sans compter que la clientèle suisse qui repré- sente un chiffre d’affaires non négligeable n’est pas comptabilisée. Ce sont deux facteurs à prendre en compte. L.P.P. : Les Suisses dépensent à nouveau alors ? J.-L.G. : Oui, ils reviennent massivement. C’est fla- grant ! Un quotidien suisse vient de titrer : “La France, c’est moins cher.” L.P.P. :Viennent-ils faire leurs achats dans la zone des Grands- Planchants ou en centre-ville ? Des boutiques du cœur de ville se sentent délaissées par rapport aux Grands Planchants. Ont-elles raison de se poser en victime ? J.-L.G. : S’il y a eu une gêne en raison des travaux, ça s’améliore, d’autant que les clients viennent fai- re leurs achats dans le Grand Pontarlier ! Je n’oppose pas centre-ville et périphérie. Si un acheteur a envie d’un beau service de table, il va en ville et s’il a besoin d’alimentaire, il se dirige aux Grands Plan- chants. Je veux que l’on dépasse ce combat d’arrière- garde “périphérie-centre”. L.P.P. : C’est donc une fausse polémique que d’opposer tou- jours le centre à la périphérie ? J.-L.G. : Oui, c’est une fausse polémique car l’attractivité de Pontarlier, c’est l’ajout d’un centre-ville attrac- tif et des enseignes nationales à l’extérieur. Sans ces enseignes, les Suisses ne viendraient pas. L.P.P. : Si le Suisse vient pour les enseignes nationales, vien- dra-t-il bientôt pour dépenser dans le futur Décathlon ? J.-L.G. : Oui, Décathlon arrive à Pontarlier. Le dépôt de permis de construire est officiel et les démarches sont engagées. C’est sûr depuis une quinzaine de jours.

L.P.P. : Quand exactement ? J.-L.G. : C’est une histoire de mois. Peut-être un an. Tous les grands secteurs seront donc représentés par des grandes enseignes à la fois dans l’alimentaire, le meuble, le bricolage, le sport. C’est un plus. L.P.P. : Faut-il encore développer encore et toujours plus cet- te zone qui ne cesse de grandir ? Ne pensez-vous pas qu’il y a trop de magasins ? J.-L.G. : Il y a 20 ans, lorsque Super U a quitté son local pour s’installer dans un premier magasin de 1 000 m 2 , tout le monde a dit qu’il était “fou”. Quin- ze ans plus tard, le magasin a été agrandi trois fois. Entre-temps, Leclerc a augmenté trois fois, Géant une fois. Même exemple pour le bricolage. Aujour- d’hui, on s’aperçoit que les magasins vivent bien et qu’ils demandent encore à s’étendre. L.P.P. : Vous ne bloquerez pas les futures extensions alors. Jusqu’où ira-t-on ? J.-L.G. : Il semblerait quand même que l’offre à Pon- tarlier est mature. Le développement de m 2 com- plémentaires n’apporterait plus rien à l’attractivité. L.P.P. : En bref, travaillons et achetons avec ce que l’on a… J.-L.G. : Oui car amener de nouvelles offres serait nuisible au chiffre d’affaires des commerçants actuels. Après Décathlon, l’augmentation de nou- velles surfaces ne viendra qu’au détriment des autres. L.P.P. : De nouvelles taxes pour les entreprises débarquent. Militerez-vous un jour pour une zone franche ? J.-L.G. : Il faut rester décent : une zone franche pour l’industrie oui, mais pas pour le commerce. Mon inquiétude est que tout le commerce est lié à l’activité transfrontalière. À court terme, je suis confiant mais inquiet à long terme car le commerce de Pon- tarlier est trop dépendant du taux de change et de l’emploi transfrontalier.

J.-L.G. : La présentation au niveau des comités d’entreprises vient d’être faite. On devrait bénéficier d’un accueil favorable car elle fait sui- te à la demande des 60 enseignes présentes à Pontarlier. L.P.P. : Comment se porte le commerce après la forte déprime entrevue l’année dernière ? J.-L.G. : On bénéficie d’un taux de change avec le franc suisse très favorable qui donne un pouvoir d’achat supérieur aux frontaliers de l’ordre de 15 à 20 %. Ce taux de change rend les produits moins chers pour les Suisses. La conjonc- ture de ces deux phénomènes fait que l’on supporte mieux la crise dans le Grand Pontarlier. L.P.P. : Des économistes pensent que l’offre commerciale à Pontarlier est trop impor- tante en terme de taille par rapport à la zone de chalandise. Ils annoncent un poten- tiel crash . Ont-ils raison ?

“On supporte mieux la crise.”

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Propos recueillis par E.Ch.

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