La Presse Pontissalienne 120 - Octobre 2009
ÉCONOMIE
La Presse Pontissalienne n° 120 - Octobre 2009
40
VAUX-ET-CHANTEGRUE Du Louvre au George V La scierie de Vincent Depierre à Vaux-et- Chantegrue fait des merveilles. Les tas- seaux qui y sont fabriqués recouvrent les plus beaux toits parisiens. Visite. Tradition
L e temps s’est arrêté, comme figé dans les copeaux d’épicéa pas- sés sous les lames aigui- sées. Dans sa scierie de Vaux-et-Chantegrue, Vincent Depierre travaille avec les machines jadis utilisées par son oncle Bernard et son grand-père Frédéric. Malgré son jeune âge (33 ans), Vincent n’est pas du tout contre la modernité, bien au contrai- re. S’il utilise ces anciennes
partagent ce marché. C’est Ber- nard Louvrier, l’oncle de Vin- cent, qui a lancé et pérennisé l’activité en dénichant la clien- tèle. “Pour qu’une petite scierie comme la nôtre (2 500 m 3 par an) survive, nous devions faire ce que les autres ne pouvaient ou ne savaient pas faire” lâche Bernard, qui a transmis voilà quatre années le flambeau à son neveu. Une bonne pioche que ce tasseau : “C’est du travail d’artisan” résume Bernard. C’est aussi un travail d’artiste sachant que le tasseau “made inVaux-et-Chantegrue” recouvre les plus beaux toits de la capi- tale. “Ils ont été posés sur le toit du George V (N.D.L.R. : célèbre palace parisien), le Louvre ou encore la Bibliothèque nationa- le résume Vincent. Notre mar- ché, c’est à 90 % les toits pari- siens. En Franche-Comté, nos pièces ont servi à la réfection du
Vincent Depierre avec un tasseau en main. Peut-être
“Du travail d’artisan.”
machines, c’est pour reproduire le tasseau, pièce en bois utilisée pour les couver- tures en zinc des toitures des immeubles pari- siens. En Fran- ce, seulement deux scieries se
rejoindra-t-il la capitale…
son oncle et continue de le per- pétuer dans les règles de l’art. Après la tempête et la crise de la filière bois, l’activité aurait tendance à reprendre : “Après une baisse de 20 % suite à la cri-
se financière, nous avons retrou- vé 10 %d’activité” calcule l’oncle, toujours actif. Des interroga- tions demeurent notamment au niveau de la formation de la main-d’œuvre : “En raison de la
proximité de la Suisse, nous en manquons” regrette le jeune gérant qui a tout de même réuni autour de lui une fidèle équi- pe. E.Ch.
toit du tribunal de Pontarlier.” Dans la sciure,Vincent est tom- bé très tôt dedans. La potion a fait son effet : C.A.P. de menui- sier en poche, il a appris durant dix années le métier auprès de
Made with FlippingBook HTML5