La Presse Pontissalienne 236 - Juin 2019

DOSSIER I

27 La Presse Pontissalienne n°236 - Juin 2019

l La Poste

Le délégué départemental

“La Poste a pour ambition d’être la première entreprise de proximité humaine” La présence postale dans le Haut-Doubs a beaucoup évolué au profit des agences postales communales et des relais postaux commerçants. Précisions avec Jean-François Courtoy, délégué du groupe La Poste dans le Doubs.

L.P.P. : Est-ce une obligation ? J.-F.C. : La Poste doit assurer qua- tre missions de service public : accessibilité bancaire, distribu- tion du courrier 6 jours sur 7, distribution de la presse et amé- nagement du territoire. La pré- sence postale s’inscrit dans cette notion d’aménagement reposant sur le fait que 90 % de la popu- lation soit à moins de 5 km ou àmoins de 20minutes d’un point de contact de La Poste. Ce taux est de 94 % dans le Doubs. L.P.P. : L’exemple récent de Goumois est significatif ? J.-F.C. : Tout à fait. Après la fer- meture de relais-poste commer- çant, on aurait pu sacrifier ce point de contact mais on a trouvé une solution avec le maire qui était favorable à lamise en place d’une agence postale communale. Ce projet impliquait de trouver 30 000 euros dont 20 000 euros à la charge de La Poste. L.P.P. : De quels moyens dispose la Poste pour assurer le maintien de ses points de contact ? J.-F.C. : Il existe dans chaque département une commission de présence postale territoriale. Celle du Doubs est composée de huit membres représentant les collectivités territoriales et locales. Elle est présidée par Daniel Cassard à la tête de l’as- sociation des maires ruraux du Doubs. Cette commission dispose d’un budget révisé tous les trois ans pour financer des actions d’aménagement du territoire. La Poste investit chaque année 1,8 million d’euros dont 600 000 euros à disposition de cette commission.

On ne ferme jamais un bureau de Poste sans l’accord du maire”, souligne Jean- François Courtoy, délégué du groupe La Poste pour le département du Doubs.

L a Presse Pontissalienne : Comment se traduit aujourd’hui la présence de La Poste dans le Doubs ? Jean-François Courtoy : Notre enga- gement est partout le même, à savoir maintenir un ensemble de points de contact. On en dénombre aujourd’hui 17 000 en France et 157 dans le Doubs. L’offre départementale se répar- tit en trois catégories : 68 bureaux de Poste, 56 agences postales communales ou inter- communales et 33 relais-poste commerçants. L.P.P. : Qu’est-ce qui les différencie ? J.-F.C. : Le cadre d’action varie d’une organisation à l’autre. Le bureau de poste fonctionne avec des agents de La Poste. L’agence postale communale mobilise un employé de la collectivité qui bénéficie d’une formation. La Poste verse en moyenne 1 150 euros par mois à la com- mune en finançant aussi lemobi- lier, le matériel informatique et la rénovation des locaux. Le relais postal est tenu par un commerçant formé par nos soins qui touche 388 euros par mois

merce avec l’accroissement des colis en envoi comme en récep- tion. Quand la fréquentation d’un bureau de Poste est infé- rieure à 50 clients par jour, on prend contact avec le maire concerné. Comme on va devoir réduire l’amplitude horaire ou le nombre de jours d’ouverture, on propose à l’élu d’autres alter- natives sous forme d’agence pos- tale ou de relais commerçant. On privilégie la mutualisation la plus efficiente pour le public. Quoi qu’il en soit, on ne ferme jamais un bureau de Poste sans l’accord dumaire.On parle plutôt de transformation qui fait tou- jours l’objet d’une délibération au conseil municipal. Si le vote est négatif, on maintiendra le bureau de Poste en réduisant les horaires d’accueil. La solution passe aussi par la création d’un relais La Poste commerçant. Avec cette option, on pérennise voire on facilite la création d’une activité économique. L’aide de 388 euros versée chaque mois par La Poste peut être intégrée dans le prévisionnel d’installa- tion du nouveau commerçant.

avec un complément établi en fonction du niveau d’activité. Il ne reste plus que trois bureaux de Poste à l’ancienne, dont un à Arc-sous-Cicon tenu par un fac- teur guichetier qui partage son temps entre la distribution du courrier et l’accueil du public. On compte aussi dans le Doubs, 22 Maisons de Service Public avec un bureau de Poste. Dans le Haut-Doubs, elles sont situées à Mouthe, Saint-Hippolyte, Frasne et Orchamps-Vennes. L.P.P. : Dans quel contexte s’inscrit la transformation d’un bureau de poste en agence communal ou relais com- merçant ?

vent tous les 15 jours pendant trois mois le temps de se fami- liariser par exemple à l’utilisa- tion des tablettes numériques. Il y aura des séances proposées sur les secteurs de Maîche,Mor- teau Valdahon, Frasne-Levier, Montbenoît… Ces démarches visent à réduire la fracture numérique. L.P.P. : On est bien loin des missions historiques de La Poste ? J.-F.C. : La Poste a pour ambition d’être la première entreprise de proximité humaine en dévelop- pant des services en phase avec l’évolution des besoins ou l’ar- rivée du numérique : livraisons des repas, des courses, veille auprès des personnes âgées iso- lées. On offre une panoplie de service à la personne. n Propos recueillis par F.C.

L.P.P. : Ce sera encore le cas en 2019 ? J.-F.C. : Oui. On va investir 484 000 euros dans la rénovation des agences postales dont 22 sont situées dans le Haut-Doubs. On financera aussi la création de 12 îlots numériques. Parmi ceux-ci, quatre concernent le Haut-Doubs : Les Gras, Le Rus- sey, LesVerrières-de-Joux et Gil- ley. Le coût d’un îlot s’élève à 6 000 euros et son installation est subordonnée à trois critères : accord du maire, surface suffi- sante et une fréquentationmini- male de 15 personnes par jour. La commission participe égale- ment au financement de forma- tions numériques organisées à destination des seniors avec des partenaires comme les C.C.A.S. ou l’A.D.M.R. en milieu rural. Ce type d’action, baptisé “café connecté” rassemble des groupes de dix personnes qui se retrou-

J.-F.C. : La fré- quentation dans les bureaux de Poste diminue de 7 % chaque année. Le volume de cour- rier distribué a baissé de 50 % en 10 ans. Inver- sement, on enre- gistre une hausse de 10 % sur le e-com-

“La fréquentation des bureaux diminue de 7 % chaque année.”

l Montbenoît Ouverture le samedi matin L’agence postale intercommunale en service recommandé

service. “En général, on voit plus de monde quand on ouvre à 14 h 45 et à la fermeture à 17 h 45. L’agence postale fonctionne aussi un samedi matin sur deux avec une clientèle d’actifs qui n’a pas le temps de venir en semaine.” Comme souvent, la réactivation du service postal fut loin d’être une partie de plaisir comme le rappelle Gilles

Magnin-Feysot, le maire de Montbenoît et prési- dent du syndicat de pays. “On a longtemps été en conflit avec La Poste qui changeait les horaires dans l’objectif de fermer le bureau de Montbenoît. Des pour- parlers ont ensuite été engagés pour trouver une alternative. Les com- merçants n’étaient pas intéressés par un relais postal. On a pris l’option d’une agence postale intercommunale car elle coïncide avec la zone de

service postal vis-à-vis de la population et des commerçants, sans oublier les touristes. Cela participe de l’attractivité de la commune” , justifie Gilles Mag- nin-Feysot. Propriétaire du local, la commune de Montbenoît a même accepté de diviser par deux le loyer réglé par La Poste dont la subvention couvre les charges et le salaire de Caroline Hutin. Après le temps de reconquête, l’agence semble avoir trouvé sa vitesse de croisière avec une fréquentation quotidienne qui varie entre 10 et 15 personnes. “Un flux agréable” , observe la secrétaire du syndicat habilitée à effectuer toutes les opérations d’affranchissement et de retrait avec montant plafonné, sans avoir accès aux comptes proprement dits. Affaire de confidentialité. L’activité postale lui permet de com- pléter son temps de travail mais pas que. “C’est aussi une question de convic- tion dans le maintien du service public en milieu rural.” Si elle est aujourd’hui la seule salariée formée pour tenir l’agence, le syndicat entend mener une réflexion pour mettre en place un binôme avec un autre agent qui pour- rait la remplacer en cas d’absence. n F.C.

La réactivation du service postal en avril 2018 a permis de reconquérir la clientèle et les usagers en redonnant de l’attractivité au bourg-centre de Montbenoît. Pari gagné.

S ur la forme, rien n’a changé ou presque : même local, même cou- leur. Sauf qu’aujourd’hui, ce n’est

plus un employé de La Poste mais Caroline Hutin la secrétaire du syndicat du Pays de Montbenoît qui assure le

Entre 10 et 15 personnes par jour.

distribution du courrier. On ouvre l’après-midi en complémentarité avec l’agence postale communale de Doubs à laquelle est rattachée Montbenoît.” Pour mémoire, le syndicat du pays de Montbenoît regroupe les communes La Longeville, Hauterive-la-Fresse, Ville-du-Pont, Montflovin et Montbe- noît. Soit un territoire de 1 880 habi- tants. Il gère l’abbaye, l’école et le gym- nase de La Longeville, le cimetière et, depuis le 9 avril 2018, l’agence postale. “On voulait absolument maintenir le

L’agence postale inter- communale est tenue par Caroline Hutin également secrétaire du syndicat du Pays de Montbenoît.

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker