La Presse Pontissalienne 236 - Juin 2019

30 DOSSIER M UTH - RÉGION DES LACS

La Presse Pontissalienne n°236 - Juin 2019

LABERGEMENT-SAINTE-MARIE

Avifaune

L’inexorable envol des espèces d’oiseaux généralistes Les gestionnaires de la Réserve Naturelle Nationale du lac de Remoray ont fait la synthèse de toutes les observations et comp- tages d’oiseaux réalisés de 1950 à nos jours. Un travail de longue haleine publié dans la revue Bourgogne-Franche-Comté Nature.

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D ans les années trente,Théodore Dromard écrivait à propos du râle des genêts,classé désormais parmi les “espèces hautement prioritaires”donc en danger d’extinction : “Avant que le niveau du lac de Remoray ait été exhaussé par un barrage situé près d’Oye-et-Pallet, on pouvait faire sa douzaine entre ledit lac et l’angle formé par le Doubs et la Taverne…*” De quoi rendre jaloux Bruno Tissot le conser- vateur de la réserve naturelle tout heu- reux d’avoir pu écouter en juin 2017 quatre mâles de râles des genêts chan- tant à tue-tête dans les prairies humides. Une belle émotion ornithologique. “On a pu préserver cette espèce grâce au tra- vail mené depuis 20 ans avec les agri- culteurs qui acceptent le principe de la

fauche tardive permettant à des espèces comme le râle des genêts ou le tarier des prés de terminer leur couvaison” , appré- cie le conservateur en regrettant, en dehors de la réserve naturelle, la géné- ralisation des fauches précoces préju- diciables aux espèces nichant au sol. “Ces pratiques fragilisent désormais des espèces autrefois très communes comme la caille des blés ou l’alouette des champs” , poursuit le conservateur qui a participé à cette synthèse avec Anaëlle Bernard, Samuel Mas et Hadrien Gens. Les auteurs se sont également appuyés sur les écrits de Paul Géroudet, célèbre ornithologue suisse qui est venu plu- sieurs fois observer les oiseaux du lac de Remoray entre 1955 et 1964. Il fut

restauration, gestion et conservation des milieux entrepris depuis plus de 20 ans. Certaines espèces nicheuses ont définitivement quitté les lieux comme le courlis cendré ou la pie-grièche grise. Petite note d’espoir, Bruno Tissot ne désespère pas de voir revenir le pic tri- dactyle suite à lamise en place en 2017 de la Réserve Biologique Intégrale en forêt de la Grand’Côte. Cette mesure va générer plus de bois mort propice à cette espèce très rare de pic. C’est d’ailleurs en milieu forestier que la situation est la plus satisfaisante. La biodiversité s’accommode mal avec l’action de l’homme sur les milieux. Beaucoup d’espèces nichant en zone humide subissent les effets du dérègle- ment climatique avec cette alternance de longue période sèche entrecoupée de très fortes précipitations. “On observe alors de brusques variations du niveau d’eau qui sont parfois fatales aux nids.” Autre point négatif : la qualité des eaux qui se dégrade nettement dans tous les lacs de montagne jurassiens. Ce qui affecte le milieu piscicole et tout le cor- tège des espèces aquatiques. Ce rapide survol de l’évolution de l’avi- faune de la réserve naturelle nationale du lac de Remoray n’est que le reflet

le dernier à mentionner la présence du courlis cendré nicheur à l’est du lac, qui cessa de se reproduire à cet endroit quand fut aménagée la plage du lac (1968). Petite cause, grands effets. D’autres inventaires ont été effectués à la création de la réserve en 1980 puis quatre ans plus tard à l’installation de l’association gestionnaire de cet espace protégé de 335 hectares où l’on a déjà recensé 234 espèces, soit la moitié de l’avifaune européenne. Au fil des quatre plans de gestion, le suivi de l’avifaune de la réserve naturelle s’est intensifié pour atteindre un degré de connaissance très pointu. L’évolution de l’avifaune ne laisse guère de place à l’euphorie. “On a plus d’oiseaux et de contacts qu’avant mais c’est seulement le fait de l’augmentation des espèces généralistes peu exigeantes et qui s’adap- tent donc mieux à l’évolution. Les belles espèces spécialisées dans des niches éco- logiques très spécifiques sont pratique- ment toutes sur le déclin.” Cette évolution inverse des espèces généralistes et spécialistes s’est notoi- rement amplifiée à partir de 2010. Elle résulte sans doute d’une banalisation globale des milieux. L’impact est moins durement ressenti à l’intérieur de la réserve naturelle du fait des efforts de

d’une perte de biodiversité globale. Cela montre aussi à quel point les espaces protégés comme celui du lac de Remoray sont indispensables, mais insuffisants car encore trop rares. n F.C. *Théodore Dromard. 1935. Souvenirs de chasse dans le Haut-Doubs. Paris édition l’éleveur. La héronnière en pleine forme La forêt de la Grand’Côte a longtemps abrité l’une des rares héronnières du Haut-Doubs. L’apogée de cette colonie se situant dans les années soixante- dix avec une quarantaine de couples. “On venait de partout pour la voir. Le héron cendré était alors victime de la pression de chasse d’où sa rareté, justifie Bruno Tissot. La mise en protection de l’espèce comme ce fut aussi le cas des rapaces favorisa son développement et son essaimage hors de la réserve. Depuis le début des années 2000, la héronnière exploite différents bosquets du côté de la base de loisirs et notam- ment l’île du plan d’eau de la Seigne.” 16 couples y nichaient en 2018. n

L’évolution de l’avifaune de la réserve naturelle nationale de Remoray n’est que le reflet d’une perte de biodiversité globale (photo R.N.N. lac de Remoray).

HAUT-DOUBS

Consultation

Transition énergétique : du discours à la réalité Le syndicat mixte du Pays

du Haut-Doubs lance une vaste consultation publique dans le cadre du Plan Climat Air Énergie Territorial dont il s’est vu

industrie, production et distri- bution d’énergie,déchets… “Après quelquesmois de formalités admi- nistratives et réglementaires liées au transfert de la compétence des com’com vers le syndicat mixte Pays du Haut-Doubs, on a com- mencé à élaborer un état des lieux en s’appuyant sur les bilans des émissions de gaz à effet de serre. On finalise ce diagnostic tout en lançant cette consultation publique qui sera annoncée par voie de presse et avec des notes d’informations dans les com- munes.” Les habitants du Haut-Doubs sont donc invités à signaler leurs projets. La proposition s’adresse aussi aux associations, collecti- vités, entreprises prêtent à s’in- vestir dans le sens du P.C.A.E.T. “Pendant cette consultation, on va rencontrer les principaux orga-

du Haut-Doubs en charge de faire vivre le Plan Climat Air Énergie Territorial (P.C.A.E.T.). Une mission qui lui a été attri- buée le 18 octobre dernier après délibérations des cinq conseils communautaires qui le compo- sent, à avoir la C.C.G.P., Frasne- Drugeon,Altitude 800,Montbe- noît et Lacs et Montagnes du Haut-Doubs. Issu de la loi relative à la tran- sition énergétique pour la crois- sance verte, le P.C.A.E.T. est un projet de territoire axé sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre la réduction de la dépendance climatique, le développement des énergies renouvelables et la limitation de la vulnérabilité climatique. La démarche se décline dans tous les secteurs d’activité : immobi- lier, transports, agriculture,

rigoureux énergivore, son taux d’activité élevé et fortement tri- butaire de l’automobile et son cheptel de 50 000 vaches mont- béliardes, soit un gros gisement méthanogène, le Haut-Doubs n’est pas en reste en termes de consommation d’énergie et d’émission de gaz à effet de serre. En quelque sorte, la rançon éco- logique d’un territoire réputé pour ses formes, son travail fron- talier et ses filières A.O.P. D’où l’importance de susciter une prise de conscience individuelle et collective. “La transition éner- gétique, c’est l’affaire de tous. On sait très bien que ce n’est pas une action centrale qui va résoudre le problème du réchauffement climatique mais l’accumulation d’innombrables actions et gestes” explique Philippe Pichot, direc- teur du syndicat mixte du Pays

Avec ses 50 000 têtes de bétail, le Haut-Doubs représente un gros gisement de méthane classé parmi les gaz à effet de serre.

confier l’élaboration, la mise en œuvre et l’animation à l’échelle

à des actions concrètes : rénova- tion de l’éclairage public dans 40 communes, développement du co-voiturage en lien avec les déplacements des travailleurs frontaliers. “Il faut savoir qu’à plus oumoins long terme, la poli- tique d’aide de l’État sera condi- tionnée à la mise en place d’un P.C.A.E.T.” Les villes et les com’com qui dépassent 20 000 habitants ont l’obligation de s’en- gager dans ce type de projet. Seule la C.C.G.P. était donc concernéemais les autres E.P.C.I. du Pays duHaut-Doubs ont sou- haité s’associer à la démarche. Encourageant. n M.T.

nismes, chambres consulaires, syndicat de distribution d’énergie pour recenser leurs projets. On organisera à la rentrée des ateliers thématiques par secteur d’acti- vité : urbanisme-immobilier, transport, agriculture, industrie, producteurs d’énergie. On sera alors en mesure de clarifier et définir une stratégie qui sera ensuite soumise aux financeurs que sont l’État et la Région. S’en- suivra une phase d’enquête publique pour aboutir à la vali- dation du P.C.A.E.T. début 2020” , décrit Philippe Pichot. Le syndicat Pays duHaut-Doubs qui est aussi labellisé Territoire à énergie positive, a déjà soutenu

A vec 62 000 habitants répar- tis sur 1 142 km 2 ce terri- toire abrite moins d’1/10 000 ème de la populationmondiale et représente environ 2/100 000 èmes de la surface de la Terre. Soit l’équivalent d’une goutte d’eau dans une bassine de 22 litres.Autant dire que les efforts consentis pour s’engager dans la transition énergétique seront forcément très dilués. Pour autant, avec son climat du Haut-Doubs forestier. Réflexion avant l’action.

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