La Presse Pontissalienne 236 - Juin 2019

ÉCONOMIE 38

La Presse Pontissalienne n°236 - Juin 2019

VUILLECIN

Zone d’activité économique

La commune en proie à des tensions économico-urbanistiques Contraintes en 2017 par la justice de remettre en état une parcelle agricole sur laquelle elles prévoyaient de se développer, les entreprises T.P. Boucard et Javaux-Laithier Transport réclament un reclassement du terrain au maire qui applique la loi stricto sensu. Blocage.

avertissements du maire en estimant que ce type de travaux ne nécessite pas de permis. “On s’était renseigné à la C.C.G.P. et on nous avait indiqué ora- lement que cela ne posait pas de souci” , rappelle Patrick Comte. Un certain flou juridique entoure encore ce type d’amé- nagement sans fondation ni enrobé. Soucieux de faire respecter les règles d’urbanisme, Dominique Jeannier le maire porte l’affaire en justice. Par jugement en date du 22 juin 2017, le tribunal correctionnel condamne les deux entreprises à remettre en état les lieux dans l’année qui suit la décision. Ce qui a été fait. Début d’une relation conflictuelle avec quelques mots doux suivis d’excuses lâchés par Frédéric Laithier. Un an plus tard, nouvel épisode quand le maire dénonce à la D.R.E.A.L. la légalité du dépôt de matériaux de Bou- cardT.P. dont une partie est sur le péri- mètre de protection du puits captage d’eau dit Contours de Bise. “On me demande de régulariser une situation alors que je disposais déjà d’une auto- risation préfectorale. À l’époque de la

mise en protection du puits, j’avais signalé la présence du dépôt en deman- dant les préconisations à suivre. On ne m’a jamais répondu” , poursuit Patrick Comte assez agacé de cette situation inconfortable. Lui comme Patrick Laithier s’étonne de l’acharnement du maire à leur endroit. “Pas du tout. Je ne nourris aucune animosité mais nul n’est au- dessus des lois. Si je laisse faire, c’est moi qui risque de me retrouver en dif- ficulté, justifie Dominique Jeannier assez sceptique sur la possibilité de reclasser le terrain en question. Avec le P.L.U.I.H., on nous impose plutôt l’in- verse. On va devoir remettre 7 hectares d’espace urbanisable en zone naturelle.” Pour autant, le maire, sans qu’il en ait informé les deux entrepreneurs avec qui il n’a plus aucun échange, étudie une solution avec la C.C.G.P. “On pour- rait peut-être effectuer un transfert sur des parcelles voisines appartenant à la C.C.G.P. Sous réserve là aussi que l’État accepte un déclassement des parcelles en zone d’activité.” Une lueur d’espoir. n F.C.

L es règles d’urbanisme ne s’appli- quent ou ne se respectent pas toujours avec lamême honnêteté suivant les lieux et les époques.

Même à Vuillecin, sous d’autres man- dats, certaines bâtisses ont été construites sur du terrain agricole et la situation est toujours d’actualité.

“En 2015, on a saisi l’opportunité de racheter la bande de terre agricole qui longe nos deux parcelles. On a eu l’aval de la S.A.F.E.R. Chacun a acheté la partie le concernant, soit 40 ares pour Boucard T.P. et 60 ares pour Javaux- LaithierTransport. Lemaire deVuillecin nous a aussitôt prévenus que ce n’était pas constructible” , explique Patrick Comte, gérant de Boucard T.P. Cette acquisition lui permet d’accéder directement à la zone de transit des matériaux inertes qu’il stocke sur le terrain lui appartenant à l’arrière et pour lequel il dispose d’une autorisation préfectorale. Frédéric Laithier compte utiliser ce nouvel espace pour aménager une plateforme de stockage des pon- déreux dont il assure le transport vers des chantiers en France et en Suisse. Les deux entreprises commencent alors le plateformage sans tenir compte des

Patrick Comte et Patrick Laithier devant la fameuse bande de terre agricole qu’ils souhaiteraient voir reclassée en zone économique.

PONTARLIER

Un taux de chômage 5,9 % Les secrets du recrutement en situation de plein-emploi

Pôle Emploi Pontarlier propose aux employeurs comme aux demandeurs d’emploi de nouvelles solutions pour favoriser les mises en relation. Entretien avec Céline Demoly, directrice de l’agence Pôle Emploi Pontarlier.

L a Presse Pontissalienne : Que peut-on dire dumarché de l’em- ploi sur le bassin de Pontar- lier ? Céline Demoly : Au dernier trimes- tre 2018, le taux de chômage était de 5,9 % contre 7,7 % dans le Doubs. L’écart est significatif. Les employeurs du bassin pon- tissalien ont été interrogés sur leurs besoins. Cela représente 2 430 intentions d’embauche pour 2019 contre 1 900 un an plus tôt. À titre comparatif sur Morteau, le niveau se situe à 1 230 intentions d’emploi en 2019. Il y a de réelles tensions sur le bassin pontissalien avec une amplification des besoins.

ne sont pas du tout opération- nels. Le recrutement, c’est une question de rapport au temps entre un employeur qui a des besoins immédiats et un deman- deur d’emploi qu’il faudra peut- être convaincre, former. C’est toujours compliqué de synchro- niser ces deux horloges. D’où l’importance de travailler avec les entreprises sur le moyen terme. L.P.P. : L’employabilité est souvent conditionnée à la maîtrise des outils numériques ? C.D. : C’est un vrai défi. L’agence de Pontarlier emploie trois “ser- vice civique”missionnés sur l’in- clusion numérique. On a des forums en ligne où les employeurs disposent d’un stand virtuel avec des offres d’emploi. Chaque mardi, on organise des rencontres physiques entre employeurs et demandeurs d’emploi. L.P.P. : Quelles sont les alternatives aux offres insatisfaites ? C.D. : À Pontarlier, on fonctionne de préférence sur une offre accompagnée. L’employeur est tout de suite informé sur les dif- ficultés de recruter dans son domaine.À partir de là, on effec- tue des recherches en ciblant des compétences transférables. Exemple : une personne qui tra- vaille dans le nettoyage a déve- loppé des compétences en hygiène qui peuvent être trans-

L.P.P. : Quels sont les secteurs les plus touchés ? C.D. : On note une forte demande dans les services : aide à domi- cile, restauration, commerce… L.P.P. : Que penser des employeurs qui n’hésitent plus à afficher leurs offres d’emploi ? C.D. : Je ne suis pas du tout cho- quée par ces nouvelles tech- niques de recrutement en direct qui favorisent les demandeurs d’emploi les plus réactifs et les plus convaincants. Notre job à Pôle Emploi, c’est plutôt d’ac- compagner les autres, ceux qui ont des qualifications transfé- rables sans le savoir et ceux qui

“On conseille aux employeurs de travailler sur l’attractivité de leur entreprise”, observe Céline Demoly, la

directrice de Pôle Emploi Pontarlier.

posables en restauration ou dans l’agro-alimentaire. Inversement, on conseille aussi aux employeurs de travailler sur l’attractivité de leur entreprise pour être plus en phase avec le niveau d’exigence des salariés. Moins d’horaires coupés, plus de souplesse dans le manage- ment, une meilleure ambiance de travail… Pour recruter

sine. Cette formation était pilo- tée avec les compagnons du devoir. On travaille dans cette logique avec Kéolis toujours en recherche de conducteurs de cars. On voudrait aussi monter un projet pour former des aide- fromagers ayant aussi le permis pour effectuer le ramassage du lait dans les fermes. L.P.P. : Comment allez-vous intervenir lors du salon de l’emploi programmé le 18 juin ? C.D. : Nos conseillers seront pré- sents pour préparer les candi- dats aux entretiens avec les employeurs, en privilégiant une technique d’approche par com- pétences. On fonctionne de cette manière avec le Conseil régional sur le plan de recrutement du futur Burger King d’Houtaud qui recherche 80 salariés. n Propos recueillis par F.C.

L.P.P. : Il existe d’autres leviers pour recruter en situation de plein-emploi ? C.D. : On a souvent tendance à ignorer une main-d’œuvre dis- ponible chez les plus de 50 ans. On peut aussi signaler le ren- dez-vous “# vers un métier” qui a lieu le mardi dans toutes les agences Pôle Emploi. On propose alors à un employeur de venir présenter son entreprise à des demandeurs d’emploi. C’est un rendez-vous qui fonctionne assez bien. On veut surtout éviter qu’un employeur renonce à son projet de recrutement et prenne des mesures au détriment de son activité. L.P.P. : Pôle Emploi est-il toujours habilité à monter des formations ? C.D. : Tout à fait. On l’a fait l’an dernier en proposant à 9 per- sonnes de se former au métier de menuisier-agenceur de cui-

Le salon de l’emploi Le premier salon de l’emploi du Grand Pontarlier aura lieu le 18 juin aux Capucins. “On n’a pas la prétention de résoudre le problème de la recherche de main-d’œuvre mais on souhaite apporter notre pierre à l’édifice” , explique Bertrand Guinchard, élu en charge du développement économique à la C.C.G.P. Cette journée sous le signe de l’emploi s’organise en deux temps. Les entreprises privées et publiques du Grand Pontarlier sont invitées en matinée à une conférence animée par Xavier Robe sur le thème du bien-être au travail. L’accueil du public se fera l’après-midi de 13 heures à 16 heures en présence des organismes de formation, employeurs, agence d’intérim, chambres consulaires, Pôle Emploi. “Ce n’est pas un job dating mais l’opportunité de rencontrer sur un même lieu tous les acteurs de l’emploi et de la formation”, souligne Brigitte Cortort, autre élue communautaire qui s’est impliquée dans ce salon inédit. n

“C’est une question de rapport au temps.”

aujourd’hui face à la Suisse, on ne peut plus se limi- ter aux seules compétences pro- fessionnelles mais on doit aussi pren- dre en compte tous les frais annexes : loge- ment, transport, garde d’enfants…

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