La Presse Pontissalienne 236 - Juin 2019

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n°236 - Juin 2019

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SPORT

Le champion olympique Fabrice Guy

“J’aurais aimé qu’on le fasse pour moi” Le champion olympique de combiné nordique ori- ginaire de Mouthe s’engage bénévolement pour aider financièrement ou matériellement des jeunes sportifs en vue des Jeux Olympiques. Son association organise un Road Trip fin juillet, ouvert à tous, de Lausanne à Barcelone. Un défi.

L a Presse Pontissalienne : L’asso- ciation Olymp que vous présidez a été créée en janvier dernier. Quel est son objectif ? Fabrice Guy : D’aider matériellement ou financièrement tous les sportifs de la région via des partenariats. Elle est la suite logique d’Universki, une association créée en 2006 par Yves Blondeau à la suite des Jeux Olympiques de Turin où Vincent Defrasne et Florence Baverel sont devenus des champions olympiques. Avec Yves, nous nous sommes dit à ce moment-là : “Il faut aider ces sportifs, faire quelque chose pour le ski” car pendant et après la carrière sportive se posent de vraies ques- tions comme la reconversion. Moi, j’avais arrêté la compétition 7 ans plus tôt, en 1999, j’étais passé entraî- neur puis farteur à la fédération de ski. Il comptait sur mon image pour faciliter les partenariats. L.P.P. : À l’époque où vous étiez sportif de haut niveau, en était-il de même ? F.G. : Les partenariats n’existaient pas même si j’ai pu bénéficier après coup de prêts de voitures par exemple. L.P.P. :Pourtant,après votre titre d’Albertville en 1992, vous rouliez en Ferrari à Mouthe.

Pour les jeunes qui n’étaient pas à suivis par la Fédération, c’était très compliqué, voire impossible de per- former si les parents n’étaient pas derrière. Nous avons donc pu appor- ter un soutien en matériel ou finan- cière à des fondeurs, des combinés. Il y a eu Alexandre Rousselet, Vin- cent Defrasne, Célia Aymonier, Alexis Jeannerod,Valentin Chauvin, Quentin Fillon-Maillet, mon fils Samuel et d’autres. Pour lui par exemple, on lui a trouvé une recon- version professionnelle grâce à son B.T.S. Il a intégré la distillerie Per- not. Puis, nous avons lancé les pre- miers avec R.H.D. (Résineux du Haut-Doubs), Comté Petite, les auto- collants sur les coiffes (bonnets, bandeaux des skieurs). L.P.P. : Vous êtes douanier de profession, encore consultant télé, vous avez 50 ans, trois jeunes enfants,encore de nombreuses sollicitations. Pourquoi avez-vous choisi ce rôle ? Vous n’avez rien à gagner ? F.G. : Parce que j’aurais aimé qu’on le fasse pour moi ! L.P.P. :Vous a-t-on poussé pour reprendre la suite d’Yves Blondeau, une des figures de notre massif jurassien ? F.G. : Pas du tout, c’est naturel car j’étais proche d’Yves qui est de mon village. Il souhaitait avec mon nom et mon titre que je poursuive car nous avions obtenu des aides par le passé. Yves a beaucoup donné et c’était un leader . Il souhaitait se mettre en retrait donc j’ai repris le flambeau assez naturellement avec Arnaud Vidonne en tentant de gar- der nos partenaires. L.P.P. : En tant que nouveau président, quelle orientation nouvelle souhaitez-vous donner à Olymp ? F.G. : On veut l’ouvrir à d’autres sports, plus uniquement au ski,

Le champion olympique Fabrice Guy.

F.G. : (rires). J’ai eu le droit à un essai de deux jours… L.P.P. : Quels genres d’athlètes avez-vous pu aider ? F.G. : Au départ, les skieurs francs-com- tois.Malgré les cham- pions que nous avons, les bons résultats, malgré l’arrivée par la suite de Jason Lamy-Chappuis, les aides n’étaient pas là.

“J’ai été déçu par les skieurs.”

mais aussi aux cyclistes, à l’athlé- tisme, à tous ceux qui nous pré- senteront un projet. Le nombre d’athlètes que nous aiderons sera fonction des partenaires qui seront avec nous. Onœuvre à la promotion du sport et de l’olympisme, dont le but est de contribuer à l’éducation de la jeunesse par le sport et de valoriser le territoire. L.P.P. : Pourquoi se détacher du monde du ski ? F.G. : Nous avons été déçus des skieurs. On a donné beaucoup, on a été critiqués parce que l’on don- nait sans rien attendre en retour. Comme je le dis, c’est du bénévolat. Dans le ski, c’est dur d’avancer. Certains ont pensé que l’on voulait revenir sur le devant de la scène alors que ce n’est pas le cas. Lorsque je suis revenu dans le monde du ski après ma fin de carrière comme farteur des combinés nordiques, cela ne m’a donné rien de plus. J’ai simplement apporté mon savoir. C’est pareil ici : on ne s’occupe pas du tout du sportif. On laisse les entraîneurs le faire ! On a quand fait des chèques à des comités, nous n’avons pas toujours eu les retours. C’est comme ça.

locomotion non-payants. Chaque étape est rythmée par des défis sportifs et culturels en référence à l’histoire, aux valeurs de l’olym- pisme. Cet événement est le point de départ de notre association. Objectif : qu’une centaine d’équi- pages y participe. L.P.P. : Comment analysez-vous le fait que la France décide de supprimer les Conseil- lers techniques sportifs (C.T.S.), quatre ans avant les Jeux olympiques ? F.G. : C’est la fin du sport en France. Sans ces gens-là, je ne serais jamais devenu sportif. Si Paris est l’abou- tissement mais que personne ne souhaite s’occuper des jeunes, alors je ne vois pas comment cela peut fonctionner ! L.P.P. : Votre sport de cœur demeure le combiné nordique. Quel avenir pour le tremplin de Chaux-Neuve ? F.G. : On a une chance incroyable d’avoir beaucoup de bénévoles qui aiment ce sport, des familles de Chaux-Neuve et maintenant des gens de la France entière qui le font vivre. Il n’y aura pas de Coupe du Monde cette année en raison des Jeux olympiques des Jeunes mais je ne fais pas de souci pour la suite. Propos recueillis par E.Ch.

athlètes ? Comment être certain qu’ils ne trichent pas avec le dopage ? F.G. : Ceux qui viennent nous connaissent et nous respectent. Nous n’avons eu pour l’instant que des athlètes propres. On parle beau- coup de l’éthique : l’entreprise qui a signé un partenariat préfère voir un de ses sportifs perdre plutôt que le voir dopé. L.P.P. : Vous ne comptez pas sur l’argent des collectivités ? F.G. : L’expérience avec Yves nous fait dire qu’il ne faut plus du tout de politique car nous avons eu de mauvaises expériences…Certains n’ont pas honoré leurs engage- ments. L.P.P. : Parlez-nous du Road trip Olymp’X- périences organisé du 21 au 27 juillet, un concept un peu fou ! F.G. : C’est Arnaud Vidonne, mon bras droit au sein de l’association qui en a eu l’idée. C’est une course par équipe qui démarre de Lau- sanne pour rejoindre Barcelone. Le but est de rallier la ville d’arrivée au terme de 6 étapes journalières en se déplaçant uniquement par transport partagé, en auto-stop principalement. Les participants sont géolocalisés pour la sécurité. À leur disposition, tous moyens de

Bio express Fabrice Guy

a 50 ans

Il demeure aux Granges-Narboz

Il est actuellement douanier à Pontarlier Champion olympique de combiné nordique aux Jeux Olympiques d’Albertville (1992), médaillé de bronze à Nagano par équipe (1998), il prend sa retraite sportive en 1999 Président de l’association Olymp depuis janvier 2019 Il est aussi consultant télé pour France Télévisions Organisation du festival Olymp’X- Périences du 21 au 27 juillet, ouvert à tous Renseignements : www.x-periences- roadtrip.com

L’équipe d’organisation du raid X-Périences (du 21 au 27 juillet au départ de Lausanne).

L.P.P. : Comment recrutez-vous les futurs

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