La Presse Pontissalienne 236 - Juin 2019

LE PORTRAIT

47 La Presse Pontissalienne n°236 - Juin 2019

SAINT-GORGON-MAIN

Insolite

Poussée d’adrénaline dans l’écume du mascaret de Sittang Expatrié du Haut-Doubs installé en Birmanie, Jean-Marc

Phan Van, 55 ans, s’est découvert il y a deux ans une passion pour le paddle qu’il pratique au lac Saint-Point, en mer et jusqu’à tester le redoutable mascaret du fleuve Sittang, le nouveau spot des surfers branchés.

P aysages d’Asie montrant des rizières, des buffles, des villages de pêcheurs, des enfants curieux et rayon- nants, des bateaux en bois colorés : en visualisant les vidéos de Jean-Marc Phan Van, on com- prend vite pourquoi il a craqué pour ce pays qu’il a découvert en 1998 lors d’un séjour touristique. “À l’époque, la Birmanie était encore très fermée mais j’ai eu un vrai coup de cœur surtout en ne me rendant au lac Inle qui est situé dans les montagnes au centre de la Birmanie. Pour moi, c’est l’un des plus beaux endroits du monde. J’ai toujours eu en tête de revenir” , explique cet ingé- nieur conseil installé à son compte, spécialisé dans les réseaux mobiles. Donc pas du tout un surfer profes- sionnel. Ni un aventurier façonMike Horn. Ce qui ne l’empêche pas d’ap-

j’ai opté pour le paddle qui s’avère plus confortable et agréable à pra- tiquer que le surf quand on prend de l’âge” , poursuit celui qui s’essaie donc sur le lac de Côme et au lac Saint-Point. Conquis. Du Haut-Doubs où il revient passer tous les étés avec son épouse et sa fille dans un pied à terre à Saint- Gorgon-Main, il embarque finale- ment son paddle gonflable dans ses bagages. De retour en Birmanie, il pratique d’abord le paddle en mer avant d’apprendre l’existence du mascaret qui remonte la rivière Sit- tang à l’époque des grandes marées. Nouveau projet en vue qui n’est pas pour lui déplaire. Fidèle à sa façon de vivre et de tra- vailler aussi, l’ingénieur aborde ce défi en étudiant tous les paramè- tres : configuration du terrain pour trouver un lieu de départ et d’abor- dage, analyse des méandres pour calculer la meilleure trajectoire. “C’est vrai qu’il y a là tous les ingré- dients pour me plaire. On est livré à soi-même. Il y a un piment d’aven- ture.” Et toujours des impondérables. Pour l’avoir appris à ses dépens, mieux vaut prendre le mascaret assez tôt dans l’après-midi, il passe entre 14 heures et 18 heures, aux risques de rentrer en pleine nuit. Surtout si l’on casse sa pagaie. “Quand il n’y a pas de problèmes, je reste quatre minutes sur le mas- caret. Cela représente une distance d’1 km. Je pense qu’on pourrait rester beaucoup plus longtemps mais en se plaçant différemment dans la rivière. C’est mon prochain défi” , sourit Jean-Marc Phan Van qui a déjà surfé une dizaine de fois ce

précier depuis tou- jours les sports de glisse. À Pontarlier où il a grandi loin des rouleaux, le fris- son du fun s’entre- tient en dévalant les pentes ennei- gées skis au pied. Plus tard, pre- mières sensations dans les vagues avec un vrai surf. Beaucoup plus tard lui prend l’en- vie de s’y remettre. “Il y a deux ans, je voulais trouver une planche de surf et finalement

Le Haut-Doubs où il revient passer tous les étés.

Jean-Marc Phan Van a peaufiné sa technique du paddle sur la plage de Ngwe Saung en Birmanie.

Bio express Jean-Marc Phan

Tout change

e

mascaret assez impressionnant pour attirer des surfers d’un peu par- tout. Après sa jeunesse dans le Haut- Doubs, il suit un cursus assez bril- lant : classe prépa à Lyon, école Cen- trale à Paris puis une année d’études aux États-Unis. “Au bout d’un an dans la vie active, je me suis mis à mon compte enme spécialisant dans les réseaux mobiles. C’est un travail d’ingénieur conseil auprès des opé- rateurs du monde entier” , explique celui qui a vite compris le potentiel

de cette nouvelle technologie. Sous réserve d’avoir toujours un temps d’avance. Il participera ainsi au lan- cement du premier appel d’offres mobile pour la 3G. En 2005, avec quatre associés il crée une entreprise de Télécom en Mol- davie. “J’ai revendu mes parts en 2008 quand l’affaire a atteint sa vitesse de croisière.” D’origine viet- namienne du côté de son père, Jean- Marc a vécu une partie de sa vie au Vietnam avant de s’installer en Bir- manie. “Il y a cinq ans, un ami bir-

man m’a signalé qu’il y avait des opportunités à saisir dans le déve- loppement des réseaux mobiles en Birmanie. On a fondé une société en formant des jeunes ingénieurs birmans et finalement, on a décro- ché des marchés publics.” Très entreprenant, Jean-Marc PhanVan amême initié la création d’une boulangerie française en Bir- manie. “C’est devenumon troisième pays de cœur après la France et le Vietnam.” F.C.

Van est originaire de Pontarlier 55 ans Marié, une fille Ingénieur conseil réseaux mobiles Passions : ski, paddle, vidéo

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