Journal C'est à dire 206 - Janvier 2015

L E P O R T R A I T

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Les Fontenelles

Marie paie sa dernière tournée Le bar-tabac “Chez la Marie” est fermé depuis le 31 décembre. Après 37 ans de bons et loyaux et services, la patronne qui n’a jamais pris une semaine de vacances tire sa révé- rence pour une retraite méritée. Les clients, devenus pour la plupart des amis, sont déjà nostalgiques.

L e dernier apéritif anisé, Marie Perrot l’a versémercredi 31 jan- vier, quelques heures avant le passage à 2015. En cette nou- velle année, la commune des Fontenelles perd l’une de ses institutions : le bar-tabac “Chez la Marie”, lieu où l’on taillait un bout de gras autour d’un verre de “Pont”, où l’on se dépannait en cigarettes un dimanchematin.Et les clients ne venaient pas uniquement pour les prix défiant tou- te concurrence : 1 euro le café, 1 euro le verre de blanc, 2 euros le demi. Non, ils étaient là pour retrouver une chaleureuse

reprendre ce lieu. Au départ fromagers, ils achètent la maison pour loger une partie de la famille et gérer le commerce jadis tenu par Madame Brisebard. En 1965, c’est Monique, sœur de Marie, qui poursuit l’aventure jusqu’en 1967. “À cette époque, on servait jusqu’à 50 couverts par jour, surtout aux ouvriers qui travaillent ici, se souvient Marie la cadette. J’aidais alors ma sœur lorsque je sortais de l’usine.” Le virus, elle l’attrape très vite pour ne plus jamais quitter l’établissement après le départ de sa sœur en 1967. Fermé quelques

Marie Perrot, gérante du bar-tabac situé au centre des Fontenelles, prend sa retraite.

Une folle activité qui démarrait à 7 heures pour se terminer à 22 heures, avec paraît-il, l’éternel sourire de “la Marie”. Voilà sans doute pourquoi tant d’habitants des Fontennelles ont vou- lu rendre hommage samedi 20 décembre à la responsable du bar situé au centre du village (à l’angle avec le garage Renault) en lui préparant une fête sur- prise en son honneur au couvent des Fontenelles à laquelle des centaines de personnes ont répondu. La patronne a mesuré sa cote de popularité, intacte. Des clients fidèles et nostalgiques n’ont eux pu s’empêcher d’ouvrir la porte le jour de l’An histoire de souhaiter les meilleurs vœux à “une dame au grand cœur” dit un habitué. Première adjointe du village, membre du comité des fêtes, présidente des anciens, Marie Perrot est un person- nage “ toujours prêt à aider les autres” fait remarquer sa fille Nathalie. Avec

son frère Frédéric, elle a vécu de près l’aventure familiale : “À Noël, alors que le bar-tabac était fermé, il y avait tou- jours quelqu’un pour frapper à la por- te et demander un paquet de cigarettes… Ma mère ne pouvait s’empêcher d’ouvrir” témoigne la fille qui n’en porte toute- fois pas rigueur à sa maman qui lui a transmis le virus du commerce. Marie en sourit : “Cela ne nous dérangeait pas beaucoup d’ouvrir la porte, lâche-t-elle. On rendait service…mais c’est vrai que j’ai manqué beaucoup de repas de familles. Mes enfants me le reprochaient. En 37 ans, je prenais congé uniquement le mercredi. Je n’ai jamais fermé une semaine entière.” Chez les Perrot, la maison sonne désor- mais creux.À 65 ans, Marie-Noëlle (alias la Marie) fait valoir ses droits à la retrai- te. Elle stoppe l’activité avec le senti- ment du devoir accompli : “Il faut savoir s’arrêter, dit-elle. J’ai connu de très bons

moments et je ne regrette rien. J’ai tou- jours eu des clients très sympas et je n’ai connu que peu de débordements.” Quand les esprits s’échauffaient un peu, elle avait sa technique : “Tout éteindre.” Elle profitera de ce temps libre pour peut- être voyager avec sonmari Jean-Marie… Lui aussi s’était pris au jeu du lieu. “Finalement, ça va être dur pour lui car il côtoyait les jeunes” commente l’épouse. Autre raison à cet arrêt : les deux vols commis en novembre 2013 et mars 2014 pour quelques paquets de cigarettes. Un moment éprouvant, même si l’auteur a été interpellé. Si tout s’arrête, Marie garde la licen- ce de débit de boissons : une fois par an, elle accueillera ses “amis” chez elle. Enzo, le petit-fils, pourra alors aider sa “mamie” comme il aimait tant le fai- re… Chez “la Marie”, la porte restera finalement toujours ouverte ! E.Ch.

ambiance. Christelle, la nièce de la patronne, apportait volontiers son aide à la “tata” désormais en retraite : “Cela me faisait plai- sir de l’aider surtout avec cet- te excellente ambiance. Dans ce

mois, le bar est rouvert. L’aventure se poursuit entre vente de tabac et service des apéritifs. “Ici, c’est le Pont’ qui se boit le plus” témoigne la tenancière.

“Il faut savoir s’arrêter”, dit-elle.

Jusqu’en juin 2014, on y mangeait divi- nement bien la fondue ou encore les gras-doubles, la croûte forestière, l’omelette, préparés par la maîtresse de maison inlassablement au four et au moulin dans sa cuisine personnel- le attenante au bar. Auparavant, mariages et baptêmes étaient fêtés ici.

bar, on pouvait encore discuter car on avait supprimé la musique pour que les gens se parlent. Dommage qu’il fer- me : je l’aurais bien repris pour la famil- le, mais c’est trop compliqué” dit-elle. Tout a débuté en 1960 à l’époque où Louis et Jeanne Pagnot, parents de 9 enfants dont Marie, décident de

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