Journal C'est à dire 238 - Décembre 2017

D O S S I E R

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Morteau

Mademoiselle Capucine traverse les modes Emmanuelle Anguenot-Riè-

E mmanuelle Anguenot- Rième est un peu aty- pique dans le paysage commercial mortuacien. D’abord, elle ne communique quasiment jamais dans les journaux, elle n’a pas non plus de site Inter- net pas plus que de page Face- book. Sa pub à elle, “c’est jus- te le bouche-à-oreille” dit-elle. Le message passe, de cliente en cliente, et ça fait plus de 30 ans que ça dure… dans les années quatre-vingt- dix et c’était fait connaître, à l’époque, par les retentissants défilés de mode qu’elle met- tait sur pied. Après avoir mul- tiplié les expériences commer- ciales sous d’autres cieux (sta- tions des Alpes, Corse…), elle est revenue poser ses valises à Morteau en 2013. Son pas-de- porte historique ayant été libé- ré, elle en a profité pour y expo- me ne se verrait pour rien au monde quitter le centre- ville pour s’installer en zone. En 30 ans, elle a vu évoluer les habitudes de consom- mation, mais reste ancrée à ses convictions. Car avant d’ouvrir sa bou- tique Mademoiselle Capu- cine Grande rue fin 2013, elle a déjà tenu une bou- tique, au même endroit,

ser ses créa tions… de bijoux. “Je créais des bijoux et comme je faisais les marchés de Noël, je me suis dit que c’était la bon- ne occasion d’exposer mes bijoux dans la boutique. Au bout d’un mois et demi, j’avais tout ven- du. J’ai fermé la boutique mais tout le monde m’incitait à la rou- vrir. Ce que j’ai fait pour la Saint-Valentin en février 2014.” Petit à petit, aux bijoux sont venues s’adjoindre d’autres créa- tions “que faisaient des copines : sacs, chapeaux, etc. Puis je me suis remise à faire du prêt-à- porter, mon premier métier. Depuis, je n’ai pas arrêté et les affaires marchent bien, je suis en hausse régulière” dit-elle. Son

Ce positionnement repose aus- si sur une offre de produits dif- férente des autres boutiques. C’est ainsi qu’elle a su fidéliser des clientes non seulement du Val de Morteau, mais aussi de Suisse, de Pontarlier et du sec- teur de Valdahon. Son activi- té, il n’y a qu’au centre-ville qu’elle pourrait la concevoir. “Être en zone, ça ne m’intéresse pas du tout. Chacun son cré- neau. On a l’impression aujour- d’hui que les zones sont toutes les mêmes en France. Cette ima- ge ne me correspond pas.” Et si les affaires sont meilleures en zone qu’en ville ? “Je ne suis pas du genre à dire que le centre- ville ne va pas bien. Il faut arrê- ter de pleurnicher. Même si je sais que certains commerces souf- frent, je ne veux pas me lamen- ter. Depuis que la zone s’est éten- due comme ça, je vois beaucoup plus de Suisses en ville. On a tous besoin les uns des autres.” La seule différence selon elle, c’est sans doute le samedi qu’el- le se fait sentir. “Ce jour-là, on sent bien que les gens sont plus en zone qu’en ville” tempère la commerçante qui fait donc plus d’affaires dans le courant de la semaine que le samedi. Une ten- dance que partagent bon nombre de ses collègues de la Grande rue à Morteau. n

Emmanuelle Anguenot-Rième a ouvert Mademoiselle Capucine il y a quatre ans.

secret : l’entretien d’un excellent relationnel avec ses clientes, dont beaucoup étaient déjà des fidèles de la bou- tique Capucine, pre- mière version. Ce posi-

Morteau K.L. Store, success story Le magasin de confection pour enfants et ados ouvert par le couple Bamri l’an dernier a trouvé sa clientèle. Claire et Karim ont su se démarquer par rapport à la concurrence.

“On a tous besoin les

de se démarquer : “Nous ouvrons du lundi au samedi en non-stop, y compris dans le temps de midi. Nous sommes plusieurs com- merçants de la rue à nous être mis à ces horaires et ça marche. C’est aussi un moyen de mar- quer notre différence par rap- port à la zone” soulignent les commerçants. Après un an d’ouverture, le pre- mier bilan est plutôt encoura- geant. Le magasin K.L. Store est désormais le 5 ème de Fran- ce en termes de volume d’acti- vité pour la marque Name it. “On ne regrette pas notre choix, disent-ils. On pourrait sans dou- te se faire un double salaire si on était en zone, mais ça, on s’en

uns des autres.”

tionnement à contre-courant de la tendance “tout communica- tion” lui va plutôt bien. “La notion de service est également primordiale. Il m’arrive parfois de réparer des bijoux fantaisie qui ne viennent même pas de chez moi ! Quand mes clientes viennent ici, c’est pour se détendre. Venir ici pour elles, c’est une petite bouffée d’oxy- gène” dit-elle.

“I l a ça dans le sang… Le commerce, c’est son truc, et il aurait été malheureux s’il n’avait pas été un jour son propre patron” raconte en souriant Clai- re Bamri en parlant de son mari Karim. Ce fils de commerçant mortuacien a réalisé son pre- mier rêve en ouvrant avec son épouse il y a un peu plus d’un an l’enseigne K.L. Store, au milieu de la Grande rue à Mor- teau. Spécialisé dans les vête- ments pour enfants et ados, notamment dépositaire de la marque Name it, K.L. Store a rapidement trouvé ses marques, dans un créneau moyen de gam- me qui n’existait quasiment pas sur Morteau. “Il y a d’autres boutiques, mais soit vraiment haut de gamme, soit en zone. Karim et moi ne nous serions vus pour rien au monde nous installer en zone” ajoute Claire. C’est après être “tombés amou- reux du groupe danois Best sel- ler qui distribue notamment

la marque Name it” que les deux jeunes trentenaires se sont déci- dés à ouvrir leur boutique ins- tallée en lieu et place d’un ancien cabinet comptable. Ils ont ouvert à Morteau le deuxième maga- sin 100 % Name it de France. Claire a donc quitté son emploi d’aide-soignante pour rejoindre son mari et concrétiser leur pro-

jet professionnel. Ils ne le regrettent pas, mal- gré une conjoncture évi- demment compliquée. Si le concept a rapide- ment trouvé sa clientè- le, c’est encore une fois parce que Claire et

fiche. L’important, c’est de faire ce qu’on aime et en plus, on a réussi à fidéliser nos clients.” L’uti- lisation généreuse des réseaux sociaux (Face- book et Instagram notamment) contribue

Le 5 ème magasin

Name it de France en volumes.

aussi à étendre leur notoriété. Forts de ce premier succès, Clai- re et Karim Bamri réfléchissent déjà à exporter leur concept ailleurs. Ici à Morteau dans un autre pas-de-porte, et éven- tuellement ailleurs. Pourquoi pas près de la frontière luxem- bourgeoise en Lorraine, d’où est originaire Claire. n J.-F.H.

Karim ont su donner un ton dif- férent à leur boutique. Ici, pen- dant que les parents flânent entre les rayons, les enfants s’amusent sur l’aire de jeux spé- cifiquement créée pour eux, avec des jeux éducatifs inspirés de l’univers Montessori. Un peu plus loin, un percolateur à café et un bar à sirops sont à la dis- position des clients. Autre moyen

Claire et Karim Bamri ont ouvert K.L. Store en août 2016. Ils réfléchissent à dupliquer le concept ailleurs.

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