Journal C'est à dire 238 - Décembre 2017

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

Économie frontalière : de l’eldorado à la prospérité ? Rencontre C’est sur ce thème que la chambre de commerce et d’industrie (C.C.I.) du Doubs rassemblait élus et chefs d’entreprise du Haut-Doubs le 27 novembre dernier au Russey dans le cadre du dispositif de suivi des effets suisses. Beaucoup de questions se posent quant à l’évolution d’une situation excep- tionnelle que tous espèrent voir se pérenniser.

vètes fait également débat com- me également les emplois en tension d’un côté et de l’autre de la frontière. “Pour ces métiers pour lesquels le recrutement est difficile en Suisse, on peut alors parler de ce côté de la fron- tière de surtension” note Lau- rent Sage. Investissements mas- sifs de certains industriels dans le domaine pharmaceutique notamment, différences entre les secteurs de Pontarlier et Morteau, le second étant beau- coup plus dépendant du mar- ché de l’horlogerie, stratégie des entreprises quant aux montres connectées… Les sujets ne man- quent pas pour alimenter la réflexion sur l’avenir de la zone frontalière car comme l’explique le spécialiste en analyse éco- nomique, “par définition, un eldorado atteint ses propres limites.” Une étude du cabinet Deloitte auprès de cadres de l’horloge- rie suisse, mi-2017, fait état de leur optimisme quant à l’ave- nir (voir notre édition précé- dente) avec là encore quelques bémols à surveiller : “On y par- le clairement de surcapacité, ce qui signifie à la fois qu’on pro- duit beaucoup et donc que les stocks de montres demeurent importants. En filigrane, ce sont donc aus- si les effectifs trop importants qui sont évoqués” note Laurent Sage qui souligne un autre point du rapport : la difficulté du choix de commercialisation des pro- duits, fussent-ils de luxe : “C’est la différence entre ce que l’on appelle le sell-in et le sell-out qui fait qu’aujourd’hui, l’in- dustrie horlogère s’interroge sur la façon d’arriver jusqu’au client final. Faut-il des boutiques et

D irecteur des études économiques et terri- toriales à la C.C.I., Laurent Sage a d’em- blée mis le doigt sur les nom- breuses informations qui cir- culent et sont parfois contra- dictoires. “Globalement, l’en- vironnement économique est favorable” , appuyant son pro- pos avec les déclarations du

grand patron de Swatch Nick Hayek qui croit à “un redé- marrage massif de l’industrie horlogère.” Un enthousiasme à prendre avec précaution selon le spécialiste qui constate dans le même temps que “deux fois moins d’exposants sont atten- dus à Bâle l’an prochain.” Ces indicateurs nourrissent la réflexion comme d’autres élé-

ments qui ont fait l’actualité ces derniers mois : “Le salaire mini- mal à 3 500 francs suisses dans le canton de Neuchâtel a défrayé la chronique. Il faut savoir que si ça paraît très élevé ici, mais vivre en Suisse avec cette som- me n’est pas du tout évident.” La notion de préférence natio- nale à l’embauche désormais possible chez nos voisins hel-

SAMEDI 17 FEVRIER ESPACE POURNY PONTARLIER

Points de vente habituels 2IÀFH GX WRXULVPH ( /HFOHUF )QDF

consommation moindre dans les commerces locaux et pour ceux- ci une baisse relative de chiffre d’affaires. Un paramètre qui a son importance sur l’emploi et ce, des deux côtés de la fron- tière. La C.C.I. veille donc à ces mul- tiples paramètres d’évolution, sans pour autant sortir une bou- le de cristal permettant de pré- voir l’avenir mais appelant élus et entrepreneurs à prendre en compte tous ces éléments “pour faire en sorte que le scénario le plus favorable se produise.” n

un réseau propre ? Privilégier d’autres moyens moins coûteux ? Toujours est-il qu’étonnamment aujourd’hui, c’est une question qui rend flou les chiffres réels des ventes effectuées par les dif- férentes marques.” Évidemment, l’avenir de la zone frontalière ne pouvait être évo- qué sans parler du franc suis- se (C.H.F.) : “Aujourd’hui, 1 euro vaut 1,16 C.H.F. contre 1,06 en mai dernier.” Moins de pouvoir d’achat, donc pour les fronta- liers ou les clients suisses et, par voie de conséquence, une

Élus et entrepreneurs ont écouté attentivement Laurent Sage le 27 novembre au Russey et apporté leurs réflexions au débat.

Livre

Vous pensiez connaître le Doubs franco-suisse… Un guide de randonnée propose quatre balades thématiques entre Les Brenets et Saint-Ursanne en passant par Goumois et Soubey. Paysage, histoire, eau, industries, faune, flore, à découvrir.

L’ initiative, venue de Suisse, débouche sur un résultat remar- quable qui met en valeur cette vallée du Doubs longue de 68 km si belle mais encore méconnue à certains endroits. À l’initiative de l’Ins- titut suisse de spéléologie et de karstologie (I.S.S.K.A.), un gui-

de de 4 randonnées thématiques du Doubs est publié. Il est dis- ponible depuis fin novembre (en français et en allemand) aussi bien France qu’en Suisse voi- sine, preuve que cette rivière, bien que frontière naturelle, pos- sède une histoire et un avenir communs. “Au Fil du Doubs” propose plu-

sieurs itinéraires d’excursions, allant des Brenets à Saint- Ursanne, en passant par Gou- mois et Soubey. Pour RémyWen- ger, qui a coordonné le projet, il était important de proposer plus qu’un simple guide de rando : en effet, le livret ne se contente pas de présenter les chemins balisés. Il propose des excursions via des thématiques : “On a sou- haité faire un guide complet, qui aborde aussi bien les aspects his- toriques des lieux, que la fau- ne et la flore voire la question de la qualité de l’eau” explique-t- il. Ainsi, chaque double page de l’ouvrage aborde un thème dif- férent : on passe du lac des Bre- nets au crapaud accoucheur… mais on en apprend aussi davan- tage sur les anciennes verreries du Doubs, où sur la grotte aux Pêcheurs qui abritait des ours le long du lac des Brenets. Des vestiges montrant que le site a été occupé par l’Homme dès le Mésolithique moyen (environ 8 000 avant J.-C.) ont été décou-

À la découverte de grottes (ici la Toffière) avec des explications historiques (photos IS..S.K.A.).

verts dans cette grotte alors que la grotte de la Toffière (en Suis- se), a entre 1814 et 1842, été uti-

passé. Des anecdotes sont nar- rées comme celle du personna- ge de Némorin des Loutres, habi-

considérés comme nuisibles et dont la chasse était rétribuée dès 1888 par la Suisse. Ce gui- de est - aussi - à destination des scolaires. Des écoles de La Chaux-de-Fonds ont déjà passé commande Le guide “Au fil du Doubs” (8 euros) est disponible en fran- çais et en allemand dans les librairies et les kiosques de la région. Plus d’informations sur www.isska.ch n E.Ch.

lisée comme de relais lors des visites au Saut du Doubs du Roi de Prusse, ce dont témoi- gnent diverses ins- criptions sur le fron- ton.

tant insolite et sauva- ge des gorges dans la région du Pissoux. Némorin des loutres (1850-1933) était “un original n’allant plus à la messe et qui se per-

68 km en 4 étapes thématiques.

Lieu de pêche, de randonnée, de canoë, la vallée était dotée de sites industriels. Une excursion propose de découvrir ce riche

met de voter autrement…” Il s’est rendu célèbre - à sa façon - en chassant les loutres, qui étaient à cette époque des animaux

Des endroits insolites du Doubs.

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