Journal C'est à dire 238 - Décembre 2017

L E P O R T R A I T

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Horlogerie

Dominique Renaud mène la révolution avec ses outils d’horloger Après avoir réinventé les grandes complications avec Giulio Papi à la fin des années 1980, l’horloger Dominique Renaud s’attaque aujourd’hui au balancier spiral. Son innovation autour d’un nouveau cœur de montre a été présentée cette fin novembre à l’Espace Muraille à Genève.

L’horloger Dominique Renaud cherche à innover et rompt avec les fondamentaux de l’horlogerie mécanique (copyright Dominique Renaud S.A. - Gianni

C’ est dans une galerie d’art contemporain qu’a été présenté son projet, sur lequel il travaille depuis plus de trois ans et qui a déjà fait naître la D.R. 01 : un concept watch à 1 million de francs suisses. Un lieu adéquat pour un “chef- d’œuvre” comme certains n’hé- sitent pas à la qualifier. Il faut dire que cette montre produi- te en douze exemplaires (twel- ve first) abrite un ensemble d’in- novations plus vues depuis des siècles dans l’industrie horlo- gère. À commencer par ce méca- nisme inédit développé par Dominique Renaud, appelé “résonateur à couteau”. Ou l’échappement dit “à coups per- dus”. Mais il ne s’agit bien là que d’un support, “une première étape à un projet de recherche plus large. Le but étant d’ouvrir de

nouvelles voies inexplorées” , com- me l’explique son associé, Luig- gino Torrigiani (lui-même co- créateur de Solar Impulse). “Nous avons pu déjà valider les principes qui démontrent le fonc- tionnement du système, mais il y a encore beaucoup de travail de mise au point à faire” , recon- naît Dominique Renaud. “N’oublions pas qu’il a fallu plu- sieurs siècles pour arri- ver à l’échappement à ancre tel qu’on le connaît actuellement avec des investissements finan- ciers très importants…” Pour repousser les lignes actuelles de l’industrie horlo- gère, l’horloger d’origine bison- tine a choisi le cadre d’une start- up à son nom. “Il n’était pas pen- sable de mener nos recherches sous la contrainte et la pression d’investisseurs. Il est plus diffi-

cile pour une entreprise tradi- tionnelle établie d’aller vers l’in- novation de rupture.” L’horlo- ger parle évidemment d’expé- rience. Le besoin d’indépendance pour innover librement lui étant apparu rapidement, avec la créa- tion de sa propre manufactu- re avec Giulio Papi en 1986 (dont

Comporota & Stéphane Mocan).

Bio express l Né le 9 août 1959, à Besançon l Marié, deux filles, il vit dans la région de Lausanne l Co-fondateur de Renaud & Papi S.A. en 1986 avec Giulio Papi (aujourd’hui Audemars-Piguet Renaud & Papi) et de Renaud Papi Claret S.A. en 1989 (aujourd’hui Manufacture Claret) l Père de la réinvention de la répétition minute l Nombreuses réalisations pour I.W.C., Audemars-Piguet, Jaeger- LeCoultre ou Franck Muller

vite cette envie “de modifier cer- taines choses, d’inventer des outils” sans rester focaliser sur certains schémas et connais- sances apprises dans l’horloge- rie. “Comme je ne suis pas ingé- nieur mais horloger, j’ai une façon naturelle d’inventer les choses et d’oser faire autrement” , résume-t-il. De ses années passées dans la capitale comtoise, l’horloger gar- de aujourd’hui “de très bons sou- venirs.” Il se dit également “ouvert à travailler avec les groupes horlogers et les marques pour développer ses projets en cours, y compris à Besançon et dans le Doubs.” n S.G.

un travail à poursuivre.” L’horlogerie ne semble en fait ne jamais l’avoir quitté, jusqu’à être même inscrite dans ces gènes. Il est en effet issu d’une grande lignée d’horlogers. “Ma maman était régleuse, elle a tra- vaillé chez Jaeger-LeCoultre et Vacheron-Constantin. Mon papa était également horloger. Ils se sont rencontrés chez Vacheron- Constantin à Genève.” Son père travaillera ensuite à Besançon au C.E.T.E.H.O.R. comme chef de service de normalisation. Ce qui amènera naturellement Dominique Renaud à suivre l’école d’horlogerie bisontine “avec les professeurs Verdi et Taillard, qui m’ont beaucoup appris.” Il y découvrira assez

on connaît aujourd’hui la renommée), puis au moment de la quitter en 2000 avec la vente de l’ensemble de ses parts à Audemars- Piguet.

“Je sentais qu’il y avait quelque chose à faire.”

Jusqu’en 2012-2013 et avant cette nouvelle collaboration, sa retraite dans le Sud de la Fran- ce n’est pas restée infructueu- se. “J’avais gardé mon atelier. Je réalisais des pièces sur man- dats et j’accumulais les croquis, les idées” , explique Dominique Renaud. “Je sentais qu’il y avait quelque chose à faire, que j’avais

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