Journal C'est à Dire 140 - Janvier 2009

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L E P O R T R A I T

Morteau Un artisan “so frenchy” au pays des Yankees Xavier Roussel-Galle n’a jamais vraiment douté de ce qu’il ferait de ses dix doigts. Com- pagnon du Devoir dans le métier de plâtrier-staffeur depuis 1997, il se déplace aujour- d’hui partout dans le monde sur des chantiers somptueux.

D ix-huit ans après ses premiers pas dans le métier, Xavier Roussel- Galle s’étonne encore de “ce qu’il est possible de faire à partir d’un sac de plâtre et d’un peu d’eau. Il n’y a pas de limites” , si ce n’est celles fixées par l’imagination de celui qui trem- pe ses mains dans cette pâte pour lui donner corps. Ce trentenaire est artisan et il le revendique avec enthousias- me. D’ailleurs, pourquoi aurait- il à rougir d’exercer une pro- fession manuelle qui le conduit aujourd’hui à travailler sur des chantiers aux quatre coins du monde ? Aucune. À la question “que faites-vous dans la vie ?”, pour quelle raison serait-il com- plexé en répondant avec aplomb “je suis plâtrier-staffeur-stuca- teur.” Comprenez, ce garçon est un artisan d’art. Alors que le plâtrier traditionnel est le pivot du second œuvre puisqu’il dis- tribue par exemple les cloisons dans une maison et enduit les plafonds, lui est capable de créer des moulures sur mesure pour rénover un décor Louis XV ou au contraire apporter sa touche de savoir-faire à un escalier moderne aux lignes épurées. Xavier Roussel-Galle est un de ces techniciens habiles qui n’a jamais vraiment douté de ce qu’il ferait de ses dix doigts alors qu’il était encore à l’école Jeanne- d’Arc à Morteau. À l’écouter, sa passion pour son job est tena-

ce. Il y a sans doute là-dessous un brin de cuisine familiale puisque son père, Pierre, était lui-même artisan plâtrier. Cet- te culture ne lui était donc pas inconnue. Cependant, c’est au contact des Compagnons du Devoir à Stras- bourg qu’il va affiner ses connais- sances et ses compétences. Il rejoint en 1990 cette “commu- nauté” masculine mais qui se féminise, avant d’être adopté (c’est ainsi que l’on désigne les apprentis Compagnons) par ses pairs en 1992. Ils lui remettent alors la canne et les couleurs de sieurs années à travers la Fran- ce et l’Europe. “À partir du moment où je me suis engagé en tant qu’aspirant, je n’ai jamais voulu arrêter.” Il sera reconnu Compagnon cinq ans plus tard après avoir cheminé de ville en ville, d’entreprise en entre- prise, toujours accueilli par un plâtrier-staffeur de la commu- nauté animé par la seule envie de pérenniser son savoir-faire en le transmettant. “À chaque fois qu’on change de société, on change de technique et on remet les compteurs à zéro. J’ai pro- gressé ainsi régulièrement dans ce métier de tour de mains qui s’apprend sur le terrain. La richesse, c’est précisément de tou- l’aspirant, des attri- buts qui vont le gui- der tout au long cet- te quête initiatique qui va durer plu-

particulier dont il a rénové l’escalier. Mais le comble jusqu’à présent fut ce voyage en 2002 à New-York, à Long Island préci- sément, où S.O.E. l’a envoyé avec trois autres staffeurs. Pendant huit mois, ils se sont installés sur le sol américain pour inter- venir dans une villa de… 13 000 m 2 . “Nous avons fait cinq rosaces dans la même pièce dont la plus grande mesure 3,20 m de diamètre. Au total, nous sommes restés huit mois dans trois pièces” se souvient-il avec plaisir. Un séjour aux petits oignons. D’autant que sur ces chantiers de précision, les clients ne négligent pas les profes- sionnels, au contraire, ils accor- dent la plupart du temps une attention particulière aux arti- sans. “Ce sont des gens qui ado- rent le savoir-faire français. Le staff est propre à notre pays. Ces clients aiment dire que ce sont des Français qui sont venus fai- re le chantier. Ces personnes qui pourtant manipulent des mil- lions reconnaissent l’artisan et son travail.” L’année dernière, il a passé trois semaines dans une salle de bain à Palm Bea- ch. En 2001, il s’est envolé à Tel Aviv, il a travaillé pendant un an dans la résidence française du président de Chelsea, pres- tigieux club de foot anglais. Récemment, il était à Londres pour un magasin de métier de bouche. Au total, il s’est déplacé pour le

jours apprendre au contact des autres” dit-il. Xavier Roussel-Galle avoue avoir “mouillé la chemise sans regret” pendant toutes ces années. Mais l’effort n’a pas entamé sa déter- mination. Pendant neuf ans, il s’est laissé aiguiller par les Com- pagnons du Devoir avant de s’établir à Paris où il a rejoint en 2000 l’entreprise S.O.E. Stuc & Staff. Sur un effectif de 70 personnes, cette enseigne comp- te 6 compagnons. Cette société est sollicitée pour des chantiers techniques où le recours à des spécialistes du de décorateurs ou d’architectes eux-mêmes missionnés par une clientèle fortunée et exigean- te. Le Mortuacien découvre ce mon- de du beau, du luxe, du raffi- nement et de la démesure. Le budget souvent important des porteurs de projet lui donne cet- te chance de pouvoir entrer dans le détail de son métier. Ses expé- riences uniques sont nourries de la culture du style, de la for- me et de l’architecture. “Pour des chantiers d’État, j’ai travaillé notamment dans l’escalier de Matignon et au Sénat.” Dans la vieille ville de Genève avec 13 autres collaborateurs, il a pas- sé 7 mois dans un ancien hôtel plâtre est nécessaire. Elle travaille sur des marchés publics et pri- vés, souvent de luxe, en répondant à l’appel

“J’ai travaillé dans l’escalier de Matignon.”

Xavier Roussel-Galle n’a pas l’intention d’arrêter de voyager pour son job.

compte de S.O.E. dans une dizai- ne de pays. Il lui arrive par- fois de partir trois ou quatre jours à New-York “pour des retouches chez des particuliers.” La plupart du temps, il s’agit d’intérieurs somptueux derriè- re lesquels il y a souvent un déco- rateur extravagant qui peut tout exiger des artisans. Faire, défai- re, refaire est presque dans les

mœurs de l’artisanat de luxe. La facture finale importe peu, l’essentiel est de respecter les délais de réalisation et de s’astreindre à une qualité de tra- vail irréprochable. “Si tu ne mets pas tes tripes dans ce métier, tu ne le fais pas” confie Xavier Roussel-Galle. Alors, va Com- pagnon, encore longtemps ! T.C.

Les soldes

aux Jardins Comtois

Toute l’équipe des Jardins Comtois vous remercie de votre confiance et vous présente ses Meilleurs Vœux pour 2009 !

Ouverture du bistrot à vin le jeudi 5 février 2009 à partir de 17h 6 à 8 sortes de vins au verre seront proposés chaque semaine ou, au choix, à la bouteille, soit 250 références . En semaine : Possibilité d'accueillir des groupes, sur réservation (associations, entreprises...) Par ailleurs, des soirées à thème seront prévues durant lesquelles un petit menu sera proposé avec les vins. Ouverture du bistrot à vin : Mardi - jeudi 10h-12h / 14h-20h Vendredi - samedi 10h-12h / 14h-22h30

SOLDES Du 07 janvier au 14 février 2009

Rue des Prés Mouchets 25500 LES FINS Tél. : 03 81 67 46 64

Jardin • Décoration • Fleuristerie • Plantes d’extérieur • Pépinière • Accessoires et alimentation animaux

Lundi de 14 h à 19 h Mardi au vendredi de 9 h à 12 h et de 14 h à 19 h Samedi de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h 30 Dimanche matin de 10 h à 12 h 30

OUVERT 7 / 7 JOURS

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