La Presse Pontissalienne 153 - Juillet 2012

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 153 - Juillet 2012

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POLITIQUE

Cinquième circonscription “Je vais me mettre au travail sans attendre” Élue députée de la cinquième circonscription du Doubs, Annie Genevard fait son entrée à l’Assemblée Nationale. Une expérience nouvelle pour le maire de Morteau qui revient sur les grands dossiers qu’elle va défendre.

Saint-Gorgon, la Main et la Vrine, le contour- nement de Pontarlier, et la descente des Tavins qui aurait dû être aménagée il y a longtemps puisqu’il y a eu les crédits pour le faire. Ils nous ont été enlevés suite à un désaccord sur le tracé. Pour le contournement de Pontarlier, ma prio- rité est de débloquer les 2 millions d’euros prévus dans le P.D.M.I. (programme de moder- nisation des itinéraires routiers). Sans les études, nous ne pour- rons pas avancer. La deuxième étape sera de peser pour que soit ins- crit au prochain P.D.M.I. le contourne- ment de Pontarlier. L.P.P. :Sans cet axe de com- munication, faut-il craindre que le Haut-Doubs finisse par être dangereusement enclavé ?

députés qui avaient suivi la mission parlementaire sur les régions trans- frontalières afin d’aller plus loin dans cette réflexion. L.P.P. : Outre la question des déplacements, l’autre sujet qui préoccupe les travailleurs frontaliers est l’assurance-maladie. En 2014, ils ne pourront plus choisir librement leur mode d’assurance. Comment comptez-vous inter- venir sur ce dossier ? A.G. : C’est un dossier sur lequel je vais travailler. Il y a encore deux collectifs budgétaires qui vont nous permettre, soit d’essayer de repousser encore l’échéance, soit d’obtenir, ce que je sou- haite, que les travailleurs frontaliers puissent décider définitivement du choix de leur assurance-maladie. J’ai entendu l’urgence de ce dossier. Il fau- dra batailler ferme en partenariat avec les associations de frontaliers pour obte- nir le droit d’option qui existe dans d’autres pays européens. L.P.P. : Ne redoutez-vous pas que votre action soit limitée par cette idée très parisienne selon laquelle les difficultés d’un territoire fronta- lier ne nécessitent pas qu’on s’y intéresse urgemment ? A.G. : Il faut en effet que les décideurs viennent voir sur le terrain la réalité de ce que l’on vit. C’est indispensable que ceux qui prennent des décisions les éclairent par l’expérience du ter- rain. Nous devons en finir avec cette image d’un Haut-Doubs “eldorado”. L.P.P. : Ne redoutez pas également que vos marges de manœuvre soient contraintes éga- lement par le fait de siéger dans l’opposition à l’Assemblée Nationale ? A.G. : Le député a toujours une latitu- de pour agir quel que soit son bord. Je l’espère, sinon ce serait gênant pour la démocratie. Le député d’opposition doit pouvoir faire entendre sa voix avec la même attention que celui qui se trou- ve dans la majorité. L.P.P. : Comptez-vous associer Patrick Genre à votre action de députée et de quelle maniè- re ? A.G. : De façon générale, je vais tra- vailler avec tous les élus de tout le ter- ritoire. Pontarlier a une situation par- ticulière. De la même façon que j’ai conduit cette campagne en étroite col- laboration avec Patrick Genre, je conti- nuerai mon mandat de député sur les bases de cette collaboration car je connais l’homme et son engagement. L.P.P. : En tant que vice-présidente de l’U.M.P. du Doubs, qu’allez-vous faire vis-à-vis des élus “dissidents” qui ont soutenu Nathalie Bertin lors des législatives ? A.G. : D’abord, malgré cette campagne au cours de laquelle j’ai vécu la dissi- dence, les attaques, je ne suis pas d’un naturel revanchard. Je regarde devant. La victoire est nette et sans appel. Je ne dis pas que tout est oublié. Mais ce qui compte, c’est demain. Je ne suis pas dans le règlement de comptes. En revanche, je ne sais pas ce que fera l’U.M.P. Pour l’instant, ce qui domine, c’est le bonheur de l’élection et le bon- heur de me mettre au travail. Propos recueillis par T.C.

L a Presse Pontissalienne : Comment s’est passée votre “rentrée” à l’Assemblée Nationale le 18 juin ? Annie Genevard : Ce fut une journée réser- vée aux formalités, un moment où le député reçoit en quelque sorte son “paquetage”. On m’a remis une mal- lette qui contient entre autres une écharpe tricolore, “le baromètre” qui est l’insigne porté dans les cérémonies publiques (N.D.L.R. : il tire son nom de sa forme), et un exemplaire de la Consti- tution. Lors de cette demi-journée, j’ai pris également connaissance des lieux : l’hémicycle, la bibliothèque, la salle des Quatre Colonnes, les différentes admi- nistrations de l’assemblée. C’est très impressionnant. L.P.P. : Il est probable qu’une loi sur le non- cumul des mandats soit votée d’ici la fin de l’année. Elle ne devrait pas avoir d’effet rétro- actif, mais s’appliquer à partir de 2014. D’ici là, allez-vous conserver votre mandat de mai- re ? A.G. : J’ai décidé de garder mon man- dat de maire pour deux raisons. La pre- mière est que c’est un engagement que j’ai pris auprès des Mortuaciens et que je veux honorer. La seconde est que je suis convaincue que lorsqu’on exerce un mandat local on est au contact des réalités de terrain, de la vie quotidienne des gens. Je comprends aussi les diffi-

cultés des autres maires. En étant à la fois maire et député, quand on vote des lois, on en mesure la portée dans nos communes. L.P.P. : Pour toutes ces raisons, vous n’êtes donc pas favorable à une loi sur le non-cumul des mandats, une question qui fait d’ailleurs débat à l’U.M.P. ? A.G. : Pour ma part, je suis favorable à la limitation du cumul des mandats, pas plus de deux mandats. Au-delà, ce n’est pas sérieux, on ne peut pas faire du bon travail. Je ne suis pas favorable à cet empêchement de cumul, que je

A.G. : Je serai à Paris deux voire deux jours et demi par semaine pendant les sessions parlementaires. Le reste du temps sera réparti sur la circonscrip- tion en fonction des contingences et des sollicitations. Je veillerai à être présente à Morteau et à Pontarlier. Nous avons, avec Patrick Genre des grands chantiers devant nous. Je vais me mettre au travail sans attendre. L.P.P. : Parmi les grands chantiers, il y a l’aménagement de la R.N 57 qui comprend le contournement de Pontarlier. En faites-vous un dossier prioritaire ? A.G. : L’aménagement de la R.N. 57 est un dossier sur la table depuis des décen- nies. Le recul du temps nous montre que s’il avait suffi d’un claquement de doigts pour le résoudre, il aurait déjà abouti. Cependant, ce n’est pas parce qu’il est compliqué qu’il ne faut pas y travailler. Je m’y emploierai avec une détermination sans faille d’autant que je constate que partout ailleurs il y a des chantiers routiers et autoroutiers. À mon sens, ce décalage illustre le fait que, trop souvent, la ruralité est la lais- sée-pour-compte du développement. Mon rôle sera de lutter contre cette éti- quette pour montrer son grand poten- tiel, y compris économique. Il y a trois aspects sur le dossier R.N. 57 : les créneaux de dépassement entre

“Je ne suis pas dans le règlement de comptes.”

combattrai, d’une fonc- tion nationale à une fonction locale. Cette loi éloignerait le dépu- té des réalités du ter- rain. Ce n’est pas un hasard si beaucoup de députés sont maires. En revanche, je vais démissionner de mon mandat de conseillère régionale à la fin du mois. L.P.P. : Comment allez-vous répartir votre temps entre Paris, Morteau et plus glo- balement le reste de la cir- conscription ?

“En finir avec l’image du Haut-Doubs “eldorado.”

A.G. : La différence avec le passé, est que jamais cet aménagement n’a fait à ce point défaut. Nous avons atteint une limite. Le trafic est saturé. L’autre enjeu est que lorsqu’on regarde les amé- nagements que nos voisins suisses réa- lisent, si nous n’agissons pas à notre tour, nous allons arriver dans le Haut- Doubs dans une forme d'entonnoir.Au- delà de la question de la qualité de vie des habitants du secteur, le manque de fluidité des axes de communication, qu’il s’agisse de la route et du ferro- viaire, aura pour conséquence d’isoler le massif jurassien au profit des régions genevoise et bâloise. L.P.P. : L’autre axe routier qui permettrait de désenclaver le Haut-Doubs est la route des Microtechniques. Quelle est votre position sur ce dossier qui relève de la compétence du Conseil général ? A.G. : D’un côté l’État, de l’autre le Conseil général. Pour ma part, pour ces chan- tiers structurants, je plaide pour une convergence des politiques publiques. Pour débloquer une situation, il faut que tous les acteurs se mettent autour d’une table pour trouver une solution à une problématique identifiée sur le terrain. Nos concitoyens attendent cela et pas une guéguerre entre l’État et le Département. L.P.P. : De part et d’autre de la frontière, des initiatives émergent pour faire éclore un pro- jet de grande région transfrontalière qui épou- serait les frontières de l’Arc jurassien franco- suisse. Qu’en pensez-vous ? A.G. : Je suis dans cette logique-là. Une grande région transfrontalière a de l’avenir. On sait que nos destins avec les Suisses sont liés et qu’ils le seront encore pour longtemps. Les relations avec la Suisse s’intensifient, des ini- tiatives de collaboration émergent, cela va dans le sens de l’histoire. Pour ma part, je vais reprendre contact avec les

Annie Genevard

conservera son mandat de maire de Morteau qu’elle mènera de front avec celui de député U.M.P.

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