La Presse Bisontine 72 - Décembre 2006

DOSSIER

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BILAN Des soucis d’organisation Musiques de rues : ce qu’il faut revoir Pour sa première édition, le festival des musiques de rues a attiré 70 000 personnes dans les rues bisontines. Mais il a laissé un sentiment mitigé, à cause de problèmes d’organisation.

Moins de sites dans Besançon

Instempfestifs”. Les gens avaient des attentes. Là, ce n’était pas spectaculaire, ce n’était pas le but, non plus” , juge la compa- gnie du coin, qui a participé au défilé. Le problème est surtout venu des ratés de l’organisation, entre les fanfares défilant trop vite

ressant. Mais on veut mainte- nant être pris au sérieux” , affir- me Philippe Vuillemin. L’asso- ciation réclame notamment une place plus importante pour le métissage des genres. “C’était très acoustique, mais lamusique techno sur un char, c’est aussi de la musique de rue.” Les coulisses plus festives que le défilé ! Chaude ambiance place d’Arènes. C’est là que se pré- paraient les fanfares avant d’être appelées à défiler. Les musi- ciens se déguisaient, chauffaient les instruments, vus d’en haut cela prenait l’allure d’une joyeu- se cacophonie colorée. Ça riait, ça chantait, ça dansait, ça jouait aux quatre coins du site. Les coulisses étaient finalement plus festives que le défilé en lui-même à travers les rues de Besançon. À peine sortis de la place d’Arènes, les groupes semblaient comme muselés, retenant l’éner- gie qu’ils avaient déployé quelques minutes avant pour rentrer dans le rang d’un défi- lé somme toute conventionnel et perçu comme tel par les spec- tateurs massés le long du par- cours. C’est un couac dans l’or-

s’attendaient à quelque chose d’autre.” De grossières erreurs de timing qui ont fait retomber l’ambiance comme un soufflé. “Je croyais que tout allait finir en apothéose sur la place de la Révolution. Il y avait un tel regroupement de public. On est resté un peu sur sa faim” , note un artiste qui a participé au fes- tival mais suivait la parade dans le public. La vidéo réalisée à l’issue du festival a fait bondir Philippe Vuillemin. “On voit notre char défiler mais par contre, la musique a été coupée” , s’étonne le responsable de l’A.S.E.P. de Besançon, qui réunissait plu- sieurs associations bisontines notamment dans le domaine de la musique amplifiée et techno. Pour cette première édition, l’A.S.E.P. regrette de ne pas s’être sentie “tout à fait inté- grée” au festival. “Au fil des réunions, les budgets qu’on devait nous accorder ont été remis en cause jusqu’à ce qu’il ne reste plus grand-chose. On a partici- pé quandmême parce que le pro- jet du festival est vraiment inté- A.S.E.P. : être pris au sérieux

L a Presse Bisontine : Comment avez-vous ressenti cette pre- mière édition du festival musiques de rues ? François-Xavier Ruan : Ce festival a été un électrochoc pour cette ville. On ne vient pas de la région, et en arrivant, on voulait secouer le cocotier, que cela bouge. Pascal Esseau : Il y a eu une ambiance, que ce soit au niveau des artistes, du public, des per- sonnels. Il s’est passé quelque chose à Besançon. Des gens ont vraiment été émus. On a réussi notre pari. L’objet était de déga- ger un état d’esprit, planter les cadres d’intervention, mettre les quatre piquets du terrain de jeu. On a montré les différents champs artistiques qu’on vou- lait aborder. On a rempli notre contrat. La bonne surprise est ce qui a posé problème : il y a eu plus de public que ce qu’on atten- dait. L.P.B. : 70 000 personnes sur tout le week-end dont 40 000 le dimanche après-midi. Le samedi soir, un spec- tacle a été annulé pour des raisons de sécurité. La manifestation était gra- tuite, l’affluence était prévisible pour- tant ? F.-X.R. : On nous a tellement répé- té à Besançon que notre idée était super, mais que cela nemar- “Entre le parc Micaud, le squa- re Saint-Amour, Castan, les Prés-de-Vaux… Il y avait beau- coup de lieux. Certains étaient très, voire trop remplis et les gens étaient frustrés, il y en a d’autres où il n’y avait person- ne” , analyse Michel Roignot, l’adjoint en charge de la cultu- re, qui aimerait “retravailler cela, peut-être pour avoir un peu moins de lieux de spectacle” et recentrer le festival dans la Boucle. Autre ajustement que l’élu juge nécessaire, mettre des “spec- tacles dans la rue.” “Il n’y avait pas suffisamment de choses que l’on pouvait suivre dans leur déambulation. Il faut aussi qu’on travaille sur ce point” , juge-t-il. En effet, on n’en attend pas moins d’un festival… de rue. Grande parade à revoir Le grand point d’interrogation de cette première édition. Pré- sentée comme le point d’orgue du festival, la parade a concen- tré les frustrations. “Ce n’est pas simple de passer après un festival de théâtre de rue “Les INTERVIEW

François- Xavier Ruan et Pascal Esseau, les deux organisateurs. “Il s’est passé quelque chose à Besançon”,se félicitent-ils.

et les erreurs de parcours. “C’était trop long, avec trop de trous. Il faut qu’on trouve quelque chose d’autre pour cette grande parade” , recon-

Difficile pour le spectateur de trouver de la cohérence.

ganisation de la grande para- de du dimanche, annoncée com- me un temps fort de cette pre- mière édition du festival des musiques de rue. La diversité des troupes tant dans leur habillement que dans lamusique qu’elles diffusaient était pro- bablement inadaptée à ce gen- re de corso qui ne donnait pas suffisamment à voir. C’était bien difficile pour les spectateurs de trouver de la cohérence entre des passionnés de tuning qui avançaient portes et coffre ouverts et les corne- muses d’un bagad . Par moments, les badauds figés sur le trottoir semblaient aussi

décontenancés que les fanfares, ne sachant pas quelle conte- nance adopter face à la situa- tion. Par ailleurs, le temps - étonnamment long - qui sépa- rait chaque musique en a ajou- té à la confusion. Confuse également la fin du défilé. On pouvait s’attendre à ce que les groupes animent la place de la Révolution, où s’éta- laient les terrasses des cafés, qu’ils allaient davantage à la rencontre du public. Au lieu de cela on les a fait monter sur une scène pour jouer. Convention- nel l’événement, peut-être trop.

naît Michel Roignot, qui aime- rait s’inspirer du défilé qui clôt la biennale de la danse, à Lyon. “J’aimerais qu’on puisse retrou- ver cet esprit-là.” Place de la Révolution, le char de l’A.S.E.P. est ainsi passé sans s’arrêter et sans faire la déam- bulation. “Les régisseurs nous ont demandé d’avancer. On a fait une traversée en règle de la place alors qu’elle était pleine de monde” , explique Philippe Vuillemin, un des responsables de l’A.S.E.P. Le final prévu par les musiciens a en fin de comp- te été fait un peu plus loin. “Mais des gens nous l’ont reproché. Ils

T.C.

mais c’est de l’ordre du détail. La réaction des organisateurs “Il faut six ans pour asseoir une manifestation culturelle” Les deux organisateurs du festival de musiques de rues, François-Xavier Ruan et Pascal Esseau, se disent satisfaits de cette première édition. Impressions.

L.P.B. : Comment préparez-vous la prochaine édition ? F.-X.R. : D’ici la fin novembre, nous allons faire une réunion avec nos partenaires.

“Nous avons reçu pleins de projets pour 2007.”

L.P.B. : Certains reprochent aussi les lieux très éclatés, ce qui fait que cer- tains n’étaient pas très fréquentés… F.-X.R. : Je ne suis pas d’accord. Il y a eu des flux populaires entre les lieux. On a fait le plein à la symphoniemécanique, aux Prés- de-Vaux, les installations sonores ont accueilli près de 2 000 per- sonnes à la Gare d’Eau.

cherait jamais…Lorsqu’on a pro- posé notre projet, on nous avait demandé nos prévisions d’af- fluence. On s’est basé sur ce que réalisaient les Instempfestifs, qui étaient aussi une manifes- tation gratuite, à lamême pério- de, c’est-à-dire 20 000 personnes. Lorsque la police nous a annon-

cé qu’il y avait 40 000 personnes dans les rues au moment de la grande parade, on était les pre- miers à être étonnés. L.P.B. : Il y a eu des couacs. Notam- ment la grande parade, le dimanche après-midi… F.-X.R. : Pour la grande parade,

les 300 musiciens de l’union des fanfares de France n’ont pas com- pris les consignes et ont défilé au pas de charge. Du coup, il y a eu une cassure avec le reste du défilé des autres fanfares. Du coup, c’est vrai, pour les specta- teurs, il y a eu un trou dans le défilé. Il y a eu des problèmes,

Nous avons une grande liberté d’action. À l’issue de cette édi- tion, nous avons reçu pleins de projets pour 2007, de groupes qui veulent reconduire l’expé-

Répartition du budget consacré au spectacle vivant (5,4 millions d’euros) L’économie de la culture à Besançon Budget de la culture : 20 millions d’euros (10 % du budget total)

27 %

Subventions au festival international de musique : 193 000 euros Soutiens aux associations culturelles : 347 000 euros Subventions aux scènes nationales : 1,88 million d’euros Subventions à Opéra Théâtre (hors frais de structures) : 700 000 euros Orchestre municipal : 850 000 euros Festival des musiques de rues : 130 000 euros (+ 100 000 euros de communication)

19 %

25 %

27 %

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