La Presse Bisontine 72 - Décembre 2006

42 REPORTAGE

Récit Solène Davesne

Lors de la dernière élection présidentielle, en 2002, au soir du premier tour, Jean-Marie Le Pen était arrivé en tête dans plus d’une dizaine de communes de l’agglomération bisontine, loin devant Jacques Chirac. C’est dans les villages les plus éloignés de Besançon qu’il a réalisé ses meilleurs scores. Cinq ans après et à quelques mois de la prochaine échéance, qu’en est-il de ce vote Front National ? Reportage parfois effarant… MON VILLAGE VOTE LE PEN

A utour de la bouteille d’Arbois, ils sont quatre copains, cyclistes du dimanche. Quand on les lance sur la politique, ça se met à discuter ferme. Trois sont de gauche - modérée ou extrême - “On est des ouvriers. Depuis toujours, je suis à gauche. Mes parents l’étaient déjà” , affirme l’un d’eux. À l’autre bout de la table, le dernier, Gilbert, est pour Jean-Marie Le Pen et ne s’en cache pas. “J’ai retourné ma veste. Avant j’étais pour la droite, dans ma famille on était toujours pour la droite. Mais maintenant, moi, c’est le Front National” , affirme-t-il clairement. En 2002, il a voté F.N., en 2007, il votera à nouveau F.N. Sans état d’âme. “Mais je sais que Le Pen, il ne pourra plus être président. Il est trop vieux. S’il avait dû l’être, ça aurait été la fois dernière, il a laissé passer sa chance” , dit-il. Les cheveux blancs et l’allure débon- naire, Gilbert a choisi l’extrême droite par “ras- le-bol.” Des politiques, il dit que “ce sont tous des faux jetons.” Autour de la table, tout en restant de gauche, certains reconnaissent aussi que “Le Pen, parfois, il a de bonnes idées.” “Avant, dans le village, on était deux pour Le Pen” , poursuit

Gilbert, “maintenant on est peut-être 20 mais il y en a des faux.” Comprenez, qui se sont dégonflés au second tour en 2002. Byans-sur-Doubs avait alors pourtant été une des rares communes à voir le score du candidat du Front National augmen- ter entre les deux tours. 26,9 % au second tour, contre 23,6 % au premier. Bien au-dessus de la moyenne départementale de 18,2 %. Le vote Front National. Lors de l’élection prési- dentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen n’avait pas réalisé sonmeilleur score, loin de là, dans le Doubs. Mais le résultat cache des disparités. Fortes. À Besançon et dans les communes les plus proches de la capitale comtoise, le Front National avait réalisé ses moins bons scores. Plus on s’en éloigne, plus Jean-Marie Le Pen gagne de voix. Cinq ans après la dernière élection présidentielle, à quelques mois de la prochaine, nous sommes allés faire un tour dans quelques-uns de ces villages, à la péri- phérie de l’agglomération bisontine. Osselle. 288 électeurs inscrits. Il y a cinq ans, ici, c’est Jean-Marie Le Pen qui était arrivé en tête avec 22 % des voix devant Jacques Chirac.

L’autre candidat de l’extrême droite, BrunoMégret, avait récolté 8,9 %, soit 19 voix. “Les gens vou- laient carrément tout bousculer, tout révolution- ner. Ils sont remontés. La droite n’a rien fait pour eux, la gauche n’a rien fait pour eux non plus. On n’est pas pauvre, on n’est pas riche, on n’a le droit

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