La Presse Bisontine 72 - Décembre 2006

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Byans-sur- Doubs : 327

inscrits. En 2002,

Jean-Marie Le Pen avait fait 23,6 % au premier tour, Jacques Chirac 17 %.

Osselle : 288 votants.

Le candidat du Front National a recueilli 22 % des suffrages le 21 avril 2002, contre 16,8 % pour Jacques Chirac.

à rien” , reconnaît Marc. Avec sa femme, fonctionnaires tous les deux, ils habitent le village depuis 22 ans et ont toujours voté communiste. Ils continueront, mais se disent désabusés par la politique. Et comprennent, “même si jamais je ne voterai extrême droite” , affirme Marc, “qu’un petit village comme le nôtre en vienne à voter pour Le Pen, alors qu’on est privilégié par rapport à la ville, cela montre qu’il y a un problème.” Un peu plus loin, Alain, la quarantaine, est en train de passer la tondeuse. Sans emploi, il vit de petits boulots au noir, habite avec ses parents. Sa préoccupation, c’est “l’emploi.” La dernière fois, il a voté Le Pen au premier tour, “pour fâcher tout le monde, réveiller les hommes politiques.” Cette fois-ci, il en est sûr, ce sera Nicolas Sar- kozy. “Parce qu’il propose pas mal de choses pour les Français. Je suis pour lui, pour qu’il nous donne du travail” , dit-il. Pour qui va-t-elle voter l’année prochaine ? La question met Claude mal à l’aise. Pour l’instant, elle ne sait pas, affirme-t-elle. La dernière fois, elle aussi faisait partie de ceux qui avaient choi- si Jean-Marie Le Pen par ras-le-bol. Elle a voté pour lui, même si elle ne voulait pas le voir

gagner. “Ce n’est pas pour dire qu’il faut que Jean-Marie Le Pen soit président. Mais je veux que cela change” , dit-elle. Parmi les “choses qui doivent changer” , figure l’impunité des politiques, selon elle. “Fabius peut se pavaner maintenant, alors qu’il y a eu le scandale du sang contami- né. Moi je n’ai qu’à rouler 10 km/h au-dessus des limitations de vitesse pour être arrêtée” , s’em- porte-t-elle. Dans le village, reconnaît-elle, “ça a beaucoup voté Le Pen.” L’immigration, la violence, touchent pourtant peu la commune. Mais il y a ce sentiment d’être à la campagne les laissés-pour-compte, les oubliés de la société, dit encore Claude. “On a l’impres- sion d’être un peu laissé de côté par rapport aux grandes villes. On n’a même pas l’A.D.S.L., ici” , dit-elle. Elle avait voté Front National pour fai- re électrochoc, “mais tout n’a pas vraiment chan- gé” , constate-t-elle. Alors elle aborde la nouvel- le élection présidentielle encore un peu plus désabusée. Chaudefontaine. Le petit village - 172 inscrits sur les listes électorales - est lové en bordure de forêt, à quelques kilomètres de l’autoroute. Un village calme de l’Est bisontin, traversé par la

Thoraise : 176 inscrits. 21 %

pour Jean-Marie Le Pen, devant un autre candidat d’extrême droite,

Bruno Mégret avec 12,6 %.

route nationale vers la Haute-Saône, à l’écart des grands axes de communication. Ici, on a voté à près de 30 % pour Jean-Marie Le Pen. 29,3 % exactement, lors du deuxième tour. Au milieu du village, Claude et Gisèle s’affai- rent près de leur tracteur - une antiquité - à vider un grand sac de pommes de terre. Ils sont retraités, anciens agriculteurs, tous les deux. Les politiques, disent-ils en cœur, ils sont “tous nuls” , “des guignols.” La dernière fois, Gisèle avait voté Le Pen au premier tour, pour 2007, elle ne sait pas encore. Pourquoi le Front Natio- nal ? La réponse fuse. “Parce que je trouve qu’il y a trop d’étrangers” , répond-elle simplement. La crainte vient aussi de la ville, pourtant loin- taine. Le village est à près d’une vingtaine de kilomètres de Besançon, mais depuis que celui- ci fait partie de l’agglomération du Grand Besan- çon, “c’est eux qui nous commandent.” La peur de la ville. Prochainement, la C.A.G.B. a juste- ment prévu de tracer un parcours V.T.T., qui doit passer sur la commune de Chaudefontaine, “ici à la campagne.” “ça va ramener du passage, des jeunes” , affirme Gisèle, en hochant la tête avec désapprobation. Institutrice, Céline, la trentaine à peine, ne vote- ra pas. Elle n’est pas non plus inscrite sur les listes électorales. Par militantisme. “Ça ne sert à rien de voter, les politiques ne sont pas repré- sentatifs. On a l’impression que quelle que soit la personne, dès qu’elle est au pouvoir, elle devient

corrompue” , affirme-t-elle tout à trac. Encore un peu plus loin, une autre habitante en plein jardinage affirme qu’elle n’ira plus voter du tout. “Tous pareils. Faut sans arrêt payer, payer” , dit-elle en fustigeant “ceux qui ne font rien, qui sont assistés.” À l’écart de la grande route, Roger, 80 ans pas- sés et Sabine, d’une bonne trentaine d’années sa cadette, discutent tranquillement devant chez eux. Pour 2007, Roger a déjà son opinion, qu’il livre sans hésiter. Ce sera entre “Le Pen ou De Gaulle.” Personne d’autre. Comme De Gaulle ne se présente pas, ce sera donc Le Pen. La faute à ces “gens de couleur trop nombreux, on n’est plus chez nous. Pas la peine d’aller en vacances au Maroc” , avance le vieil homme d’une voix for- te. “Il y a trop de violence aussi, dans les grandes villes” , affirme-t-il. “Tu dis cela parce que tu vois les images du J.T. C’est ce que montre la télévi- sion” , le corrige sa voisine. “Beaucoup ont voté Le Pen ici. Pourtant, au village, il n’y a qu’un seul étranger, d’origine libanaise, qui travaille certainement plus que beaucoup de Français.” Mais Roger reste sur son choix. “Le Pen, c’est le seul à défendre les valeurs.”

Chaudefontaine : Gisèle et Claude ne croient plus à la politique. “Ce sont tous des nuls, des guignols.”

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