Journal C'est à Dire 149 - Novembre 2009

L E P O R T R A I T

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Le chantre du vin vivant Il a l’amour du vin chevillé au corps. Thierry Mesnier-Pierroutet en parle avec la fougue du pas- sionné. Il est à la tête du magasin “Terra Vinéa”, implanté depuis cinq ans à Morteau. Morteau

C e soir-là, c’est beaujolais nou- veau. L’homme s’active, tour- ne, virevolte, entre la cave et le magasin. Il veut que ce ren- dez-vous des bons vivants soit réussi, comme tout le reste dans son maga- sin de la rue de la Gare. Cet endroit, c’est “Terra Vinéa”, un antre entière- ment dédié au bon vin, franc, sincère, “du vin vivant” comme il le présente. L’homme, c’est Thierry Mesnier-Pier- routet. S’il n’était pas originaire du Haut-Doubs, on pourrait le croire ita- lien. Il parle autant avec son cœur qu’avec ses mains. Son sujet de prédi- lection, il le connaît sur le bout des doigts. Pour cet homme de 46 ans, la passion du vin puise ses racines dans l’histoi- re familiale. “À l’époque, mon grand-père qui était cheminot, allait en Bourgogne tous les ans en train depuis Morteau pour choisir le vin pour Noël. Ses enfants, dont mon père, ont continué à entrete-

Sa fille Julie, 21 ans, s’occupe du bar à vin. La relève est déjà assurée.

lement dans le vin, Thierry Mesnier- Pierroutet a fait plusieurs métiers : menuisier, conseiller financier dans une banque, directeur de supermarché, autant d’expériences qui lui ont don- né les bases de la rigueur. Mais dans sa tête trottait toujours l’idée de faire du vin son métier.

guedoc qui est arrivé premier.” Thierry Mesnier-Pierroutet estime que “c’est du snobisme d’acheter un vin selon son étiquette. Moi, ce que je vends, c’est un jus, pas une étiquette. L’esprit natu- re, c’est faire un vin qui soit bon mais accessible à tout le monde. Je n’aime pas l’élitisme” affirme le caviste-sommelier qui met à un point d’honneur à sélec- tionner ses fournisseurs selon des cri- tères d’authenticité et de respect de la terre. “TerraVinéa” a ouvert ses portes à Mor- teau en 2005, avant de s’installer il y a tout juste un an dans ses spacieux locaux de la rue de la Gare, où le cavis- te a également aménagé un bar à vin. Mais à 46 ans, le passionné n’est pas encore arrivé au bout de ses rêves. “Ce qui me titille, c’est d’acheter une vigne pour faire mon propre vin.” Histoire de boucler la boucle et de sceller définiti- vement l’histoire d’amour qui l’unit au vin et à la terre qui lui donne nais- sance.

C’est au fil de ces immersions dans le monde de la vigne que l’amoureux du vin approfondit ses connaissances et apprend à distinguer les vins qu’il appel- le “techniques” des vins “natu- re” , faits dans le respect de la biodynamie, sans apports phy-

nir ces habitudes. C’était à celui qui ramenait le meilleur pro- duit. J’ai baigné là-dedans depuis tout gamin” reconnaît le caviste mortuacien. Mais lui a voulu aller encore plus loin dans la connaissance du vin et la façon dont on le fabrique. “À 15

“C’est du snobisme

d’acheter un vin selon son étiquette.”

tosanitaires. C’est de ces derniers qu’il a fait sa grande spécialité. “Ces vins vivants faits dans le respect de la natu- re, la biodiversité des sols.” Le spécia- liste estime que les soi-disant grands vins sont largement surestimés. Il rap- porte l’anecdote d’une dégustation à l’aveugle qui avait mis en concurren- ce un Mouton-Rotschild à 400 euros avec un vin du Languedoc à 25 euros la bouteille. “À l’unanimité, c’est le lan-

ou 16 ans, j’ai commencé à m’intéresser au vignoble. Un peu plus tard, avec ma future femme, on ne choisissait pas nos vacances par hasard. Je lui disais : “Tu choisis le lieu de vacances que tu veux, pourvu qu’il y ait un vignoble.” Et j’en profitais pour faire des visites de caves. Comme ça, on a parcouru toutes les régions de France, et d’autres régions viticoles à l’étranger.” Pourtant, avant de se lancer intégra-

Thierry Mesnier-Pierroutet estime que “ces temps de crise nous apportent une prise de conscience : il faut peut-être acheter moins, mais acheter de la qualité.”

J.-F.H.

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