La Presse Bisontine 83 - Décembre 2007

LIVRE

La Presse Bisontine n°83 - Décembre 2007

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Histoire de la prostitution Sur les traces des filles de joie L’historienne des mentalités Brigitte Rochelandet retrace dans son livre l’évolution de la prostitution et de sa perception du Moyen-Âge au XX ème siècle, entre tolérance et répression. La Presse Bisontine : L’État a souvent oscillé entre tolérance et interdic- tion de la prostitution. Pourquoi ? Brigitte Rochelandet : La religion est un élément essentiel dans l’image de la prostitution. Or selon les Évangiles, Jésus ne jet- te pas la pierre à Marie-Madeleine, la prostituée. C’est un signe que l’Église doit prendre en considération, même si en même temps cela la gêne. Pendant le Moyen-Âge, l’Église va inciter à la tolérance. Elle juge aussi que la prostitution a un rôle utile à jouer. C’est elle qui va inciter Saint-Louis à ouvrir les bourdeaux, les bordels de l’époque. Avec la réforme, tout va changer, les bourdeaux fermés. On veut contrôler les popu- lations, la peur de la syphilis joue aussi. Au XIX ème , les mai- sons closes sont rouvertes. Mais ce n’est plus par tolérance mais pour cacher ces femmes. L.P.B. : Comment s’organise la prostitution à Besançon ? B.R. : Les premiers témoignages dans les archives datent du XIV ème siècle. Besançon avait son bourdeau, la “grant maison”, près de la promenade Granvelle au Moyen-Âge. C’était en plein centre-ville, la municipalité s’occupait du lieu. Les filles restaient des prostituées mais étaient intégrées à la cité, elles étaient enterrées au cimetière comme les autres, devaient par- ticiper à la lutte contre les incendies… Lorsque le bourdeau ferme au XVI ème siècle, la prostitution se déplace vers les trot- toirs, les tavernes… En 1850, lors de la réouverture des mai-

ÉPEUGNEY - 1 000 VISITEURS

Un marché de Noël qui rime avec patrimoine Organisée les 1 er et 2 décembre, cette manifestation fait désormais partie de la tradition festive locale. Un rendez-vous où chacun trouve son bonheur.

MARCHÉ garde du patrimoine d’Épeugney peut se prévaloir d’une certaine antériorité en la matière. “On était probablement par- mi les premiers à en proposer sur le sec- teur” , évoque Isabelle Cuynet, la prési- dente. L’événement d’Épeugney se singularise par son éclatement. En effet, il occupe six salles différentes dont une bonne par- tie sont dans l’école communale. Liée à l’absence d’une grande salle communa- le, cette dispersion semble plutôt appré- ciée par un public toujours aussi nom- breux. “On arrive facilement à attirer 1 000 personnes sur le week-end.” Petite innovation cette année, l’école qui À l’approche des fêtes, les marchés de Noël poussent comme des cham- pignons. L’association de Sauve-

organisait jusqu’à pré- sent son propre marché de Noël s’associe avec l’association. Les objets fabriqués par les éco- liers seront donc ven- dus sur place par la même occasion. Comme d’habitude, une vingtaine d’exposants seront présents. Des artisans venus duDoubs et du Jura qui propose- ront toutes sortes d’objets, de décorations sans oublier les réjouis- sances gastronomiques. Vins, foie gras, escar- gots, salaisons, fromages,

Le Marché de Noël d’Épeugney attire des visiteurs de toute la Franche-Comté.

Le Père Noël attendu vers 16 heures.

sons closes, elles s’organisent autour de la rue Battant. Elles sont tenues à l’écart du centre-ville et sur un axe de passage vers les casernes. L.P.B. : Combien sont-elles à cette époque ? B.R. : Entre 7 et 8 maisons closes existent sui- vant les années, avec de 5 à 10 filles dans cha- cune. On sait par les recensements qui elles sont. Besançon est une ville de garnison, l’activité marchait très bien. En avril 1946, lors de la fermeture définitive des maisons closes en France, il en restait une dizaine à Besançon. Propos recueillis par S.D.

le menu est copieux. “On s’efforce de dépas- ser une logique purement commerciale en mettant l’accent sur l’animation à desti- nation des enfants.” Un volet ludique qui englobe un concours de dessins, un ate- lier maquillage, de la pêche à la ligne et bien sûr la visite du Père Noël attendu vers 16 heures samedi et dimanche. “Ce marché de Noël a un double objectif. Il apporte un peu d’animation dans le vil- lage, permet aux habitants de se retrou- ver. Les bénéfices sont utilisés dans la res- tauration du patrimoine local comme ce fut par exemple le cas avec les vitraux de

l’église. Cette année, on s’emploie à res- taurer une salle de convivialité baptisée la Sorbonne. Le principe est simple. L’association finance les matériaux et les travaux sont réalisés par une trentaine de bénévoles. On espère inaugurer ce local après notre seconde grande manifesta- tion, une exposition artistique program- mée au printemps.” Le Marché de Noël d’Épeugney, c’est aus- si des balades en calèches, une tombola, du vin chaud, des gaufres, des marrons. Bref, un avant-goût d’un Noël réussi. Entrée libre.

En 1946, il en restait une dizaine à Besançon.

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