La Presse Bisontine 83 - Décembre 2007

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n°83 - Décembre 2007

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UNE PROSTITUTION EN MUTATION À BESANÇON

Parking Battant, gare Viotte, avenue Édouard Droz, pont de la République, les prostituées sont nombreuses à occuper le trottoir bisontin. Les habitants le constatent, le déplorent parfois, et pour beaucoup le phénomène s’accentue dans la capitale régionale. Or, les services de police de Besançon ne constatent pas d’augmentation notoire de la prostitution à Besançon malgré le démantè- lement ces dernières années de réseaux de pays de l’Est. En revanche, ce qui change sans doute, c’est le profil des prostituées. Les “professionnelles” françaises qui occu- paient la place, indépendantes, échappant à l’emprise d’un proxénète sont moins présentent. Les filles qui tapi- nent sur le trottoir local sont désormais originaires d’Europe de l’Est ou d’Afrique. Les réseaux mafieux ne sont jamais très loin. Une quarantaine de filles Prostitution : les étrangères occupent le trottoir En dehors de quelques affaires importantes, les services de police bisontins estiment que la prostitution reste stable dans la capitale régionale. En proportion, il y a de plus en plus de filles étrangères. ÉTAT DES LIEUX

E n juin, la police judiciaire de Besançon a démantelé un réseau international de proxé- nétisme. Dix personnes ont été interpellées conjointement à Bor- deaux, Bruxelles et dans la capita- le régionale franc-comtoise. L’affaire concernait trois jeunes Albanaises âgées de 22 à 24 ans, qui s’adonnaient à cette pratique sur le trottoir bison- tin. Les investigations qui avaient débuté un an plus tôt, ont révélé que les filles envoyaient de l’argent à des hommes (100 000 euros selon l’enquête) avec lesquelles elles entre- tenaient des rapports. En 2001, tou- jours à Besançon, c’est un réseau bulgare de prostitution et de proxé- nétisme qui avait été démantelé par le S.R.P.J. (service de recherche de la police judiciaire) mettant en cau- se une dizaine de personnes.

Parkings, abribus, trottoirs, chaque prostituée occupe un

Deux affaires importantes donc. Pour autant, les services de police ne tirent pas la sonnette d’alarme sur l’évolution de la prostitution à Besan- çon. “C’est une prostitution d’une vil- le de province de 100 000 habitants” tempère la sécurité publique. Rien de comparable selon les autorités à ce qui se passe dans des villes com- me Grenoble “réputée pour sa pros- titution.” Besançon afficherait donc une rela- tive tranquillité à ce sujet depuis quelques mois. “Il y a eu c’est vrai des réseaux démantelés. À l’époque, nous avions constaté des pics de prostitu- tion avec des règlements de compte, des conquêtes de territoire. Des réac- tions qui mettaient en évidence un système de proxénétisme. Actuelle- ment, nous n’avons pas ces remon- tées-là du terrain” poursuit le servi-

espace précis.

ce de la sécuri- té publique qui a enregistré une rixe entre deux prostituées en un an, qui se disputaient un abribus. Avec sa quarantaine de prostituées, Besan- çon n’est donc pas une plaque tour- nante du sexe comparé à Strasbourg, Lyon, ou Paris. “Nous n’avons véri- tablement pas de développement mas- sif.”

pendant plusieurs années. Cette som- me d’argent,certaines filles la gagnent en une nuit ! Les filles de l’Est, c’est différent, “comme cette jeune Bulga- re enceinte de sept mois qui était sur le trottoir.” Elles ont rarement le choix. Elles appartiennent à un réseau, et subissent la contrainte d’un proxé- nète. Pas de vagues donc à Besançon. “S’il y avait vraiment un phénomène de prostitution important dans cette vil- le, nous dégagerions les effectifs pour le contrôler” concluent les services de police qui restent en veille sur ce dossier. Si sur le trottoir la situation appa- raît comme stable, d’autres modes de prostitution se développent : sur Internet et en studio (location d’un appartement par une fille pour se prostituer), “ce phénomène est très dur à quantifier.” T.C.

Renan qui accompagne les prosti- tuées et les aide à s’en sortir. “Les locales” justement, ce sont les pros- tituées bisontines, indépendantes qui en général ne sont pas sous l’influence d’un proxénète. “Ce sont des profes- sionnelles. Il y avait même une mère de famille,mariée, qui vivait en dehors

de Besançon. Ces filles-là en général quittent le trottoir vers minuit,car après elles estiment que la clien- tèle n’est plus la même” ajoute-t-elle. La plupart de ces “professionnelles” n’auraient pas envie de s’en sortir, “pour gagner 900 euros par mois, ça ne vaut pas la peine disent-elles” raconte la bénévole qui a côtoyé lemilieu

Les filles viennent d’Afrique noire ou des régions d’Europe de l’Est comme l’Albanie. “Les locales sont demoins enmoins nombreuses, au contraire des filles étrangères” com- plète une ancien- ne bénévole du mouvement du Nid, une associa- tiondomiciliée rue

“Quelque chose de très dur à quantifier.”

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