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Selon un sondage Ifop, 87 % des Français y sont favorables. Du côté des généralistes, les avis sont partagés. Certains y vont de bon cœur, et prônent ces communes où il fait bon vivre. D’autres estiment que cette obligation ne fera qu’aggraver la situation. Ana Boyrie FAUT-IL OBLIGER LES JEUNES MÉDECINS À S’Y INSTALLER ? DÉSERTS MÉDICAUX

NOS EXPERTS

Dr Edmond Matthéossian médecin généraliste

A Sainte-Feyre, l’année 2019 ne pouvait pas mieux commencer. Un médecin “arrive en ville”. Pendant un an, ce village de 2 500 âmes, installé sur les bords de la Creuse, a été privé de généraliste. « Ils m’attendaient comme le messie », ironise le Dr Edmond Matthéossian, arrivé de Salon-de-Provence, où il exerçait depuis 1997. Jusqu’au jour où son fils – professeur des écoles – a décidé de prendre le large. « Il cherchait un département réputé pour sa tranquillité. Était-ce le destin ? Toujours est-il qu’il est tombé sur une annonce de la ville de Sainte-Feyre qui recherchait un médecin. » Curieux, le médecin y passe quatre jours. Le voilà conquis. Tant par le charme de la commune, que l’accueil des habitants. « Le cabinet avait été racheté et aménagé par la commune qui souhaitait également nous aider à trouver un lieu de vie, poursuit-il. Cela m’a beaucoup touché. Dès lors, j’ai décidé de m’installer. »

Pieter Prats porte-parole de l’ISNAR-IMG, syndicat

Chaque jour, il accueille 20, 25, parfois 30 patients âgés de 3 mois à 90 ans. « Dans ce genre de petite commune, le service médical est passionnant, estime-t-il avant de souligner : les habitants sont plus des demandeurs de soins que des consommateurs. » 8 000 généralistes en moins d’ici 2025 À 500 km de Sainte-Feyre, à Saulnot en Haute-Saône, le Dr Patrick Laine fait le même constat. Proche de la retraite, ce médecin de campagne, installé depuis 37 ans, cherche depuis trois ans un volontaire pour reprendre son cabinet. En vain.

La situation du Dr Laine est loin d’être une exception. Entre 2010 et 2018, la France a vu disparaître 7 000 médecins. Pire encore, les enquêtes annoncent 8 000 généralistes de moins d’ici 2025. Outre l’âge avancé des médecins, cette désertification montre du doigt les jeunes médecins refusant de s’installer dans ces zones dites “sous- denses”, craignant l’isolement professionnel, l’éloignement avec les spécialistes ainsi que la fragilisation de leur équilibre familial. Ce n’est pas tout. Selon le Dr Laine, « le problème est aussi une défection du secteur libéral, auquel les jeunes médecins préfèrent

des internes de médecine générale

Pr Jean Sibilia président de la Conférence des doyens des facultés de médecine

BURGER / PHANIE

IL ÉTAIT UNE FOIS… LES DÉSERTS MÉDICAUX

g 2004 Apparition du terme “zone déficitaire” ou “fragile”.

g 2010 Le gouvernement décide d’augmenter le nombre d’étudiants en médecine.

g 2012 Création de l’indicateur local APL (Accessibilité potentielle localisée) pour mesurer l’adéquation entre l’offre et la demande de soins.

10 SANTÉ MAGAZINE I juillet 2019

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