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santé Mise au point

Aujourd'hui, les traitements contre le sida doivent être pris à vie.

PEUT-ON GUÉRIR DU

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Lors de la conférence mondiale sur le sida à Seattle, le 5 mars dernier, un deuxième cas de rémission, baptisé le “patient de Londres”, a été révélé. A la suite d’une greffe de moelle osseuse, le virus aurait totalement disparu chez lui, comme chez Timothy Ray Brown. L’heure de la guérison aurait-elle sonné ? Ana Boyrie

Pr Françoise Barré-Sinoussi prix Nobel de médecine, présidente de Sidaction

B erlin, 1995. Timothy Ray Brown vient de s’y installer pour y étudier l’allemand. Il a 29 ans. À son arrivée, cet Américain est hébergé chez un ami. Rapidement les choses se gâtent. Une forte fièvre oblige le jeune homme à rester couché pendant une semaine. Celui que l’on surnommera “le patient de Berlin”, apprend alors la nouvelle : il est séropositif. « Je me souviens qu’un de mes amis avait déclaré : “Il ne nous reste que deux ans à vivre”, confie-t-il au journal scientifique Pathogens and Immunity . Ça a été un choc énorme. » Au total, Timothy Brown s’est vu annoncer sa mort

à deux reprises. Car en 2006, on l’informe d’une leucémie. C’est alors qu’un certain Dr Gero Hütter, hématologue à l'hôpital universitaire de la Charité de Berlin, a l’idée de chercher parmi les donneurs de moelle osseuse, une personne ayant des cellules immunitaires mutantes, résistantes au VIH. En 2007, Timothy reçoit deux greffes de moelle osseuse. « Après la première greffe, je suis retourné à la salle de sport, raconte-t-il. Et j’ai remarqué que je gagnais de la masse musculaire et que mon apparence s’améliorait. » Non seulement sa leucémie est vaincue mais au bout de 600 jours, son taux d’anticorps baisse d’un tel niveau qu’il

témoigne de la disparition du virus. Le 24 juillet 2012, le “patient de Berlin” n’est plus. Lors de la 19 e conférence internationale sur le sida, Timothy prend le micro, et fait une annonce, que peu de gens croyaient entendre un jour : « Je suis la preuve vivante que l’on peut guérir du sida. » UN GÈNE “MUTANT” RÉSISTANT Douze ans plus tard, l’histoire se répète. Le 5 mars dernier, la revue britannique Nature revient à la charge. Une étude mentionne un “patient de Londres” chez qui il est impossible de retrouver la moindre trace de virus.

Ravindra Gupta chercheur à l’université de Cambridge, Angleterre

Dr Thierry Prazuck chef du service des maladies infectieuses et tropicales, CHR d'Orléans

XTREKX / GETTYIMAGES

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SANTÉ MAGAZINE I juillet 2019

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