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Contrairement à une idée reçue, l’alcool n’est pas photosensibi­ lisant, mais il dessèche la peau. Le soleil ayant aussi un effet desséchant, mieux vaut éviter de s’asperger le corps de parfum avant d’aller bronzer.

Institute for Fragrance Materials (RIFM), sous la supervision d’un groupe d’experts indépendants (Fragrance Safety Panel, comprenant des scientifiques de renommée internationale), les IFRA Standards fixent les règles d’utilisation de certains ingrédients de parfum, cela peut aller de l’interdiction à la restriction, voire à des critères de purification », explique un porte-parole de l’organisation. Ces IFRA Standards sont reconnus dans le monde entier et servent de référent pour faire évoluer la réglementation. Avant d’être mis sur le marché, les parfums reçoivent ainsi une certification IFRA, attestant que les formules sont conformes avec les standards recommandés. Le parfumeur indépendant, Pierre Guillaume, rappelle aussi « qu’un flacon de parfum renferme de 10 à 15 % de parfum pur et que chaque pschitt ne délivre qu’entre 70 et 100 microlitres de liquide. C’est

très peu. » Il suffit cependant parfois d’une infime quantité de produit pour que la peau réagisse. Alors peut-on se parfumer sans risque au soleil ? LA PHOTO- SENSIBILISATION, UN MAUVAIS SOUVENIR ? Il fut une époque où s’asperger de parfum avant de sortir profiter du soleil n’était, il est vrai, pas la meilleure des idées. Vous vous souvenez peut-être des crèmes solaires Bergasol et de leur parfum addictif d’été ? Cette fragrance culte était blindée d’extrait de bergamote, dont l’un des composés, le bergaptène, s’est révélé photosensibilisant. En clair, il provoquait des taches pigmentaires. Il a été également reconnu phototoxique et a donc été interdit dans les produits solaires. D’autres essences contiennent également des molécules photosensibilisantes de la famille des furocoumarines.

« On les trouve essentiellement dans les hespéridés, mandarine, citron, bigarade, orange amère, explique Véronique Nyberg, directrice de la création en parfumerie fine chez Mane. Depuis déjà plusieurs années, pour s’aligner sur les directives de l’IFRA, tous les fabricants de matières premières ont éliminé ces molécules de tous les extraits en contenant. Les parfums n’en contiennent plus. » Grâce à des procédés de fractionnement moléculaire, les chimistes sont capables d’ôter un seul composant d’une essence naturelle. Aujourd’hui, les essences de citron, bergamote ou mandarine, utilisées par les parfumeurs, sont “nettoyées” de toute trace de molécules photosensibilisantes. « Les marques ont retravaillé leurs parfums pour que cela passe inaperçu », ajoute Véronique Nyberg. L’absence d’une molécule dans une matière première peut, en effet, en modifier la senteur.

BRUNO JUMINER / TRUNK ARCHIVE / PHOTOSENSO

84 SANTÉ MAGAZINE I juillet 2019

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