La Presse Bisontine 103 - Octobre 2009

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 103 - Octobre 2009

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COMMERCE La dépollution du site Passages Pasteur :

les fouilles plombent le dossier

N ous en sommes en 2009. En théorie, d’ici la fin de cette année, la FNAC et les 14 000 m 2 de surface commerciale pré- vue dans le nouveau centre commer- cial “Passages Pasteur” auraient dû ouvrir leurs portes en grande pompe. Seulement, de déboires judiciaires en soucis administratifs, le grand chantier accumule les retards. Lancé officiellement en 1998, le dossier mettra donc Les retards s’accumulent pour la grande opération d’aménagement commercial au centre-ville de Besançon. Les lourdeurs administra- tives liées aux fouilles ont encore fait perdre près de deux ans. Les Passages Pasteur n’ouvriront pas avant 2014. Patience.

plus de 15 ans avant d’aboutir. C’est en effet fin 2013 au plus tôt (mais plus vraisemblable- ment en 2014) que le grand centre commercial de cœur de ville ouvri- ra - enfin - ses portes au cha- land. Récemment, les commerçants actuels concernés (Monoprix, Café Louis, opticien Krys) ont reçu le nouveau calendrier pré- visionnel des opérations qui fait état des nouveaux retards accu- sés par le chantier. “On va patien- ter, on n’a pas le choix” constate le directeur de Monoprix dont la surface est actuellement rédui- te à 1 400m 2 (elle sera de 2 800m 2 sur deux niveaux dans la futu-

“On ne baisse pas les bras.”

Les 14 000 m 2 de surface commerciale ouvriront leurs portes en 2014. Avec cinq ans de retard.

re configuration). Le coupable, une nouvelle fois, est le sous-sol bisontin.Mais pas seulement. Les fouilles archéo- logiques qui devaient démarrer en 2005 pour se terminer 18 mois plus tard viennent seulement de commencer. La lourdeur administrative est venue ajouter une couche à ce millefeuille déjà indigeste (voir l’historique en encadré).

“On a subi des péripéties avec les fouilles” avoue Fabienne Bunod, directrice de programmes chez Ségécé (groupe Klépierre), la société chargée d’aménager et de commercialiser le futur centre commercial. Le principal souci à régler est la dépollution du site aux hydrocarbures. Lors d’une première campagne de sondage pour la réalisa- tion du diagnostic archéologique, en juillet 2006,

l’I.N.R.A.P. (Institut national de recherches archéo- logiques préventives) a découvert des traces de pollution, ce qui a entraîné un arrêt des travaux de fouilles que l’institut avait commencé à enga- ger. “L’I.N.R.A.P. n’a plus voulu poursuivre les fouilles au motif que celles-ci pouvaient être dan- gereuses pour la santé des archéologues” justifie la Ségécé. Trois ans plus tard, une solution devrait enfin être trouvée. La Ségécé a pris la décision de “racler” à la pelle mécanique la couche supérieure du site (sur 1,80 m de profondeur tout de même), mais sous le contrôle des archéologues. Récemment, le nouveau service municipal d’archéologie, créé par la ville de Besançon il y a quelques mois, s’est positionné pour prendre la responsabilité de ces fouilles. Seulement, ce ser- vice n’est pas encore complètement habilité à fouiller, il lui manque encore une autorisation du ministère de la Culture ! “Nous avons déposé un dossier de candidature, en collaboration avec l’I.N.R.A.P. Nous espérons être retenus, ce n’est plus qu’une question de jours” avance la ville de Besançon. “On a perdu 18 mois à cause de ces rebondissements d’ordre administratif. Mais on ne baisse pas les bras, on est plus que jamais inves- ti dans ce projet” observe Fabienne Bunod qui reconnaît néanmoins que “c’est un des dossiers les plus compliqués que l’on ait eu à gérer.” Avec ces nouveaux retards, le calendrier prévi- sionnel est donc encore repoussé à la fin de l’année 2013. Les fouilles qui redémarrent à l’automne s’étaleront sur les années 2010 et 2011, les tra- vaux de construction proprement dite ne com- menceront donc pas avant la fin de l’année 2011. À ce jour, les quelques grandes enseignes qui s’étaient positionnées pour intégrer les Passages Pasteur ne se sont pas désistées. La FNAC,“H et M”. et Zara ont confirmé à Ségécé leur intention d’intégrer le centre commercial, “ainsi qu’une grande enseigne de sport du type Go Sport ou Intersport” confie Daniel Brisson, le directeur général adjoint de Ségécé. J.-F.H.

RETOUR EN ARRIÈRE 15 ans de procédure Le chantier de la poisse Contentieux judiciaire, plan de prévention des inondations, pollution du site, fouilles… Le projet “Passages Pasteur” est semé d’embûches. L’opération cœur de ville s’apparente à un parcours du combattant.

En septembre 2006, la cour d’appel de Besan- çon reconnaissait la qualité de propriétaire à la S.E.D.D. et le droit de poursuivre les tra- vaux. De surcroît, les consortsWajsbrot avaient attaqué toutes les délibérations de la ville rela- tives au développement opérationnel du pro- jet. Déboutés par le tribunal administratif de Nancy, ils attendaient que la cour d’appel de Nancy se prononce. Le feuilleton judiciaire s’est arrêté à ce éniè- me rebondissement après l’accord trouvé entre les consorts Wajsbrot et la société Ségécé-Klé- pierre au terme duquel lesWajsbrot sont entrés à hauteur de 15 % dans la société de portage qui a compétence sur tous les locaux commer- ciaux. En contrepartie de leur entrée dans l’opération, ils ont abandonné toute action judi- ciaire. Parallèlement à ces soucis judiciaires, le pro- jet a été freiné par des contraintes d’ordre admi- nistratif. D’une part le fastidieux dossier P.P.R.I. (plan de prévention des risques d’inondation) imposé par la préfecture et d’autre part cette épineuse question des fouilles où les allers et retours incessants entre la ville, la S.E.D.D., la D.R.A.C. et le ministère de la Culture ont pris des mois. Bientôt le bout du tunnel.

E n septembre 1998, la ville de Besançon exerçait son droit de préemption sur les biens immobiliers appartenant à la famil- le Weil, au bas de la Grande rue et aux abords

de la rue Pasteur. Mais les consorts Wajsbrot, acquéreurs évincés par ce droit de préemption, n’en sont pas restés là. Ils ont fait valoir la nul- lité de la vente des biens acquis par la ville.

Le chantier s’apparente encore à une vaste friche. Les premiers engins de fouille com- mencent à s’activer.

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