La Presse Bisontine 103 - Octobre 2009

La Presse Bisontine n° 103 - Octobre 2009

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La candidate sans chichi Simplicité, proximité, écoute, pédagogie… C’est ainsi que la présidente de Région compte mener campagne. CAMPAGNE Son cabinet renforcé

“M arie-Guite ne fait pas partie de ces gens qui vous tapent dans le dos ou vous fait la bise quand elle ne vous connaît pas. C’est de la retenue, du respect vis-à- vis de ses interlocuteurs” dit d’elle Jacques Moniotte, un de ses fidèles, qui devrait jouer le rôle de directeur de campagne. À travers ce soutien,Marie-Gui- te Dufay souhaite certainement faire passer l’image d’une fem- me de terrain, de terroir, proche et sans chichi. Cette femme aux origines cantaliennes, née dans un pays rude et authentique, a donné à son demi-mandat de présidente,ce caractère-là,simple et franc. Loin de la distance froi-

a renforcé son cabinet de deux nouvelles recrues, dont Jacques Nodin, ancien S.G.A.R. (secré- taire général aux affaires régio- nales), un commis de l’État à la retraite qui connaît sur le bout des doigts les rouages de l’administration. “Il n’y a aucun lien avec la campagne. Je l’ai engagé il y a plusieurs mois déjà pour ses compétences dans le domaine de la formation et de l’emploi” assure M me Dufay. De son côté, l’U.M.P. attend jan- vier pour lancer la cavalerie lour- de. En attendant,le parti de droi- te vient de relancer une grande campagne d’adhésion de nou- veaux militants. J.-F.H.

de et du faste qui transparais- saient de son défunt prédéces- seur. Sur la forme, elle est donc en totale opposition avec Ray- mond Forni.Marie-Guite Dufay mise sans doute beaucoup sur ce sens des vraies valeurs. “Ce n’est pas une posture assure Jacques Moniotte. Sonmanque apparent de chaleur qu’on lui reproche par- fois, ce n’est que du respect. Elle porte des valeurs dont on a grand besoin aujourd’hui.” “Ma cam- pagne, je la ferai en défendant ce qui m’est cher, un bilan plus qu’honorable et des idées pour cette région” glisse la présidente sortante. En coulisses, depuis quelques mois, elle affûte ses armes. Elle

Son directeur de campagne sera Jacques Moniotte, maire de Foucherans et son ancien suppléant aux législatives de 2007.

ANECDOTE

CRITIQUES

Ils sont déjà

La droite

en campagne…

commence

à flinguer

O n ne sait encore rien des intentions de Jean-François Humbert, qui reste, jusqu’à preuve du contraire, le chef de file de l’opposition régionale. Se rangera-t-il sagement, sera-t-il le candidat surprise à sa propre succes- sion ? Il reste, comme souvent, encore évasif à ce sujet, se réfugiant derrière “la loi électorale qui n’est pas encore com- plètement claire sur les futurs mandats” et “l’envie qui sera la mienne le moment venu” … Pas de scoop à attendre du sénateur… Seule information, il reste toujours aussi disposé à mettre le doigt où ça fait mal et lance les hostilités sur le terrain du bilan. “Marie-Guite Dufay n’a pas du tout changé au plan des orientations politiques données par Raymond Forni. On est toujours dans le registre de l’augmentation de la pression fiscale. La gauche a récupéré 40 millions d’euros de recettes fiscales supplémentaires par an. Pour en faire quoi ?” se demande M. Humbert. Il brandit les chiffres sur un autre thème, celui des lycées, pour étayer son propos : “En 2003, le budget éducation était de 79 millions d’euros, sur 303 mil- lions de budget global. En 2009, il est toujours aux alentours de 78 millions, mais un budget global de 473 millions !” Moyens de l’institution en hausse, pression fiscale, résultats économiques insuffisants… La gestion Marie-Guite Dufay est déjà la cible de la droite régionale.

ANALYSE

Son principal adversaire

L’anti-joyandisme primaire ne paiera pas “L e vrai adversaire, c’est Alain Joyandet. Il a une façon d’être, de penser, d’agir qui rappelle furieusement cel- le du président de la République. Il paraît cloné sur Sarkozy. Je ne voudrais pas que la Franche-Comté ait à sa tête un Sarkozy local. Alain Joyandet ne doit pas devenir pré- sident de cette Région.” Ce commentaire n’est évidemment pas signé de Marie-Guite Dufay, elle émane de Pierre Mos- covici qui, à l’image de la plupart des soutiens de la prési- dente de Région, a décidé de faire d’Alain Joyandet le prin- cipal sujet de la future campagne. Et les élus P.S. jurassiens de s’offusquer que le secrétaire d’État soit venu inaugurer un salon à Lons-le-Saunier, n’attendant même pas la prési- dente de région pour couper le ruban. Et Jean-Louis Fousseret de s’émouvoir d’avoir reçu un cour- rier d’invitation émanant du secrétaire d’État pour la der- nière Foire comtoise, “une manifestation que j’organise en tant que président de la S.E.M. Micropolis. le comble !” s’indigne le maire de Besançon. Seule la présidente de Région ne prononcera pas une seule fois le nom de son futur adversaire. Peut-être a-t-elle com- pris la leçon nationale que l’anti-sarkozysme primaire n’a jamais servi les intérêts de la gauche. Alors pour la Franche- Comté, ce sera sans doute la même chose avec l’anti-joyan- disme primaire… Les atouts d’Alain Joyandet - Son aura nationale. - Sa présence sur le terrain franc-comtois. - Sa nature de “bête” de la politique”. - Lʼimpression dʼunité de la droite. - Son ambition. Les faiblesses d’Alain Joyandet - Sa volonté de cumul des fonctions. - Sa médiatisation. - Son opportunisme (lʼaffaire du B.R.C.). - Son ambition.

Marie-Guite Dufay visitait l’entreprise Péquignet dans le quasi-anonymat, quatre jours seulement après le passage remarqué d’Alain Joyandet.

La droite dégaine sur l’augmentation des dépenses de l’institution : “753 000 euros pour le magazine “Franche-Comté Mag”, 140 000 pour la seule mise à jour du site Internet de la Région, 160 000 euros juste pour des réunions de l’Agenda 21. À ce tarif- là, on sait où partent les impôts des Francs- Comtois. On oublie l’intérêt général. À ce titre- là, Marie-Guite Dufay est dans la droite ligne de Raymond Forni” commente Nathalie Ber- tin, conseillère régionale U.M.P. M. Humbert enchaîne au rayon “économie” : “Les emplois- tremplin n’ont pas prouvé leur pertinence. Chacun d’eux coûte à la collectivité 45 000 euros sur 3 ans. De notre côté, nous avions fait 10 000 contrats régionaux emploi-formation, qui avaient coûté chacun 9 000 euros à la collectivité. On voit la différence !” Ces premières attaques de la bataille des régionales, bien entendu, elle les réfute en bloc. “De telles accusations sont des men- songes !” La présidente de Région promet d’y répondre dès la prochaine séance publique du Conseil régional, le 30 octobre. J.-F.H.

L e 4 juillet dernier, à Mor- teau, dans le Haut-Doubs. Alain Joyandet est en visi- te dans l’entreprise Péquignet, il annonce que l’État débloque- ra une enveloppe de 3 millions d’euros pour soutenir le déve- loppement de cette firme hor- logère (voir le dénouement rocambolesque de l’affaire en page 34). Une fois de plus, les caméras et les photographes sont là. Le coup médiatique est réussi, les militants U.M.P. du Haut-Doubs ravis et la conseillè- re régionale maire de Morteau Annie Genevard aux anges. Quatre jours plus tard, le cabi- net de la présidente de Région informe la presse que Marie- Guite Dufay, en visite dans le Haut-Doubs sur le thème de l’économie,visitera…l’entreprise

Péquignet. Pas de caméra, un seul photographe (celui de La Presse Bisontine) et la franche impression que la présidente socialiste cherchait à “rattra- per le coup” et occuper le ter- rain. Trop tard. La visite de la présidente est passée quasiment inaperçue. Si la campagne des régionales ne débute officielle- ment que quelques semaines avant le scrutin, il y a bien long- temps que les deux principaux prétendants se livrent concur- rence. À une distance parfois un peu trop proche pour être jugée totalement sincère. Pour se démarquer totalement de ses adversaires, M me Dufay devra sans doute acquérir une autre qualité : le sens de l’anticipation. J.-F.H.

“De telles accusations sont des men- songes !”

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