Journal C'est à Dire 135 - Septembre 2008

D O S S I E R

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Actualité Claude Bourbon : “Délocaliser demande beaucoup d’énergie pour beaucoup de risques” Le directeur du groupe Bourbon coupe court à toutes les rumeurs de démantèlement de Fabi Automobile à Morteau. Il confirme en revanche que la direction technique sera transférée dans la région de Besançon d’ici 12 mois au plus tard.

Slovaquie. C’est de l’ordre de la rumeur et de l’amalgame. On déplace une fois encore des ingénieurs et pas la pro- duction. Même si, c’est vrai, l’été der- nier, pour livrer nos clients dans les délais, nous avons transféré quelques produits de l’usine de Morteau à cel- le de Pelousey. Mais ça s’arrête là. Càd : Et la Slovaquie ? C.B. : C’est un pays qui a fait le pari de l’automobile. Peugeot, Kia et Volks- wagen sont présents là-bas. Les constructeurs ont fait venir des four- nisseurs. On s’aperçoit que nous sommes en Slovaquie dans une pro- blématique qui ressemble à celle que l’on trouve ici sur la bande frontaliè- re. Ce n’est pas le tout de délocaliser, encore faut-il trouver de la main- d’œuvre pour faire fonctionner l’usine. Ce ne sont pas des équilibres faciles. S’il y a des tas d’avantages à s’implanter là-bas, il y a aussi beaucoup d’inconvénients. Notre usine slovaque rencontre les mêmes problèmes qu’ici en terme de main-d’œuvre, sauf que la concurrence n’est pas franco-suisse, mais slovaco-slovaque. Délocaliser à l’Est demande beaucoup d’énergie pour beaucoup de risques. Càd : Que pèse Fabi aujourd’hui dans le groupe Bourbon ? C.B. : Fabi emploie environ 500 per- sonnes sur les 2 300 salariés du grou- pe. Le chiffre d’affaires de cette entre- prise est de 100 millions d’euros, soit environ 40 % du chiffre d’affaires de Bourbon qui est de 280 millions d’euros. Propos recueillis par T.C.

C’ est à dire : Vous envisagez de transférer une partie de l’activité de Fabi dans le Grand Besançon. Pourquoi ? Claude Bourbon : En effet, nous avons l’intention de transférer l’ingénierie dans ce secteur. Le projet est en cours. Le problème est simple pour nous. Quand on fait la cartographie des domi- ciles des collaborateurs des services techniques, cette opération va les rap- procher de leur lieu de travail. En fai-

par la proximité de la Suisse qui aspire la main-d’œuvre qualifiée ? C.B. : Notre concurrent n’est pas la Suisse qui appelle surtout des horlo- gers, même si l’on sait que le dyna- misme de ce pays peut intéresser la main-d’œuvre de l’ingénierie. Pour nous, c’est un problème de fidélisation des ressources techniques. Càd : Le transfert de cette unité se fera quand et concerne combien de personnes ? C.B. : Le transfert se fera dans une échéance de neuf à douze mois et concerne une soixan- taine de personnes. Càd : Cette évolution inquiè- te les salariés de Fabi qui redoutent que le départ du service développement s’accompagne ensui- te d’un démantèlement de la pro- duction ? C.B. Je crois qu’il faut en finir avec cette idée. Dans l’industrie, les centres de développement ne sont pas forcé- ment là où se trouvent les sites de pro-

sant ce choix, on pense non seulement à la main-d’œuvre actuelle mais également aux recrutements futurs. Ce pro- jet s’adresse à une population de cadres et d’ingénieurs, qui en règle générale préfère le milieu urbain et péri-urbain.

“Notre concurrent n’est pas la Suisse.”

Claude Bourbon, P.D.G. du groupe Bourbon.

C’est la raison pour laquelle on sou- haite se rapprocher de Besançon. Nous sommes proches duT.G.V., de l’autoroute et de l’université. Càd : Votre stratégie se justifie donc plutôt par la position géographique d’une ville de Morteau enclavée que

volonté à terme de démanteler le site de Fabi à Morteau, ni en trans- férant la production à Pelousey où vous êtes présent, ni en Slovaquie où vous avez également un site ? C.B. : Il n’y a pas de tel projet dans les cartons, ni pour Pelousey, ni pour la

duction. Les gens ont tendance à lier la direction technique au centre de pro- duction alors que ce sont finalement deux choses différentes qui peuvent exister dans des lieux différents.

Càd : Il n’y aurait donc pas de

Projet Fabi délocaliserait un service à Mamirolle Le service technique de l’entreprise Fabi Automobile à Morteau sera transféré dans les mois à venir sur le territoire du Grand Besançon. C’est Mamirolle qui aurait été retenu.

B ourbon Automobile, équipemen- tier jurassien, projette de trans- férer le service ingénierie de sa filiale mortuacienne Fabi Automobile (500 personnes et 100 millions d’euros de chiffres d’affaires) “dans le Grand Besançon” annonce Claude Bourbon, le patron du groupe. Le transfert devrait se faire dans un délai de 9 à 12 mois. “Le projet est en cours. Il concerne une soixantaine de personnes” poursuit le responsable. Bourbon Automobile est déjà implan- té sur le territoire de la communauté d’agglomération. Cette société possè- de en effet un site à Pelousey. Néan- moins, ce n’est pas sur cette commune que l’équipementier envisagerait de mations, le conseil d’administration de l’entreprise aurait retenu la zone d’activité intercommunale du Noret, à Mamirolle, pour implanter cette unité de recherche. Ni Claude Bourbon, ni le service économique de la commu- nauté d’agglomération du Grand Besan- çon n’ont voulu confirmer le choix de cet emplacement. En revanche, ce qui n’est plus discuté, c’est bien de rapprocher l’ingénierie de la capitale régionale ou plutôt de l’éloigner de la Suisse. Pour la direc- tion de Bourbon Automobile, la gestion de la ressource humaine est au cœur de cette stratégie. “Lorsqu’on fait la cartographie du domicile des personnes qui travaillent dans les services tech- niques, on s’aperçoit que ce projet de transfert dans la région de Besançon va les rapprocher de leur lieu d’habitation. C’est le premier point. Ensuite, poursuit Claude Bourbon , on sait que la main-d’œuvre qualifiée 60 emplois concernés. redéployer son servi- ce technique pour l’instant toujours ins- tallé dans le Haut- Doubs. Selon nos infor-

préfère le milieu urbain. Cette opéra- tion s’adresse à une population de cadres et d’ingénieurs.” La proximité de l’autoroute, du pôle universitaire et du T.G.V. sont des arguments qui pèsent aussi dans la balance.

L’ingénierie de Fabi pourrait s’installer zone du Noret à Mamirolle, au bord de la 2 X 2 voies.

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