La Presse Bisontine 59 - Octobre 2005

14 LE DOSSIER V AIRE - LE -G RAND Château du XVIII ème siècle Un jardin à la française à reconstituer

Le château de Vaire-le-Grand et son jardin à la française a servi pendant des décen- nies de colonie de vacances et de maison de repos. Depuis 1985, il appartient à la famille Montravers qui œuvre pour lui redonner son luxe du siècle des Lumières.

D ans la cour d’entrée, le petit groupe attend le début de la visite. Un des couples connaît déjà les lieux, y est venu il y a six ou sept ans,

été depuis restauré par ses nouveaux propriétaires qui tentent de lui redonner son luxe d’antan. Une tâche immense. “En 10 ans, on a plan- té 2 000 charmilles pour redon- ner de la structure au jardin, des tilleuls ont été remplacés dans le jardin d’hiver. Et on

une petite maquette. Comme tous les week-ends d’été, le château est ouvert à la visi- te. “On le fait parce que ça nous plaisait. Et l’argent des visites pallie un peu aussi les coûts d’entretien, même si c’est presque rien” , explique-t-elle. Depuis 1985, Claude Mon-

“mais on voulait voir un peu l’évolution.” “Les changements, vous allez les remarquer, c’est sûr” , répond Claude Montra- vers, avant de détailler les améliorations du jardin sur

travers est proprié- taire de Vaire-le- Grand et de son jardin à la française qui domine le Doubs. La famille vit au pre- mier étage, le rez-de- chaussée a été amé- nagé et meublé pour

essaye surtout d’en- tretenir le jardin, car tous les jours ça pousse” , énumère-t- elle. Un plan du jar- din de 1809 a été retrouvé, depuis Claude s’échine à lui redonner son aspect

lls tentent de lui

redonner son luxe d’antan.

originel et retrace des allées qui avaient disparu, replace des fontaines. Pour s’occuper de ses 3,5 hectares, un jardi- nier vient aider de temps en temps, la châtelaine s’occupe du reste. Et toute la famille s’investit. Sa fille Virginie, qui a étudié l’histoire de l’art, a entrepris des recherches sur le château. Et c’est elle qui fait les visites, en alternance avec sa mère. O S.D.

le public. “Le château s’en- dormait. On ne voyait plus les jets d’eau, les ifs n’avaient plus aucune forme. Il a fallu aus- si tout refaire dans la maison. On y est allé tout doucement, en restaurant nous-mêmes et selon nos moyens avec le temps” , explique-t-elle. Un temps utilisé comme colo- nie de vacances - comme beau- coup d’autres châteaux et belles demeures - puis com- me maison de repos, Vaire a

Les jardins donnent tout son attrait à Vaire.

Une imposante bâtisse qui domine le Doubs.

J ALLERANGE

Château et jardin du XVIII ème siècle

Il y a une dizaine d’années, Bertrand de Vaulchier et sa sœur ont reçu en héritage d’une amie et lointaine parente, le château de Jallerange et son jardin. Depuis, ils s’emploient à l’entretenir pour continuer à faire vivre son histoire. “On se sent une obligation de continuité”

S i certains lieux ont une âme, Jallerange en fait partie, sans aucun dou- te. Dans le salon atte- nant au jardin, des portraits d’hommes graves en tenue d’apparat décorent les murs. Du regard, Bertrand de Vaul- chier connaît tout d’eux, désigne les uns et les autres, raconte leur vie, leurs succès. Il y a là Claude-Nicolas Seguin

amie et lointaine parente de la famille, les Vaulchier ont hérité des murs et de l’histoi- re du château. Depuis, Ber- trand ainsi que son frère et sa sœur restaurent les bâtiments, entretiennent les jardins. Toutes les toitures ont dû être entièrement refaites en petites tuiles anciennes. “Ça deman- de des investissements en temps et en argent. C’est un choix de vie. On y passe tout notre temps libre, toutes nos vacances. Certes il y a des agré- ments, c’est beau, mais on ne peut toucher à rien” , reprend- il. Mais le trésor de Jallerange, c’est son jardin, sur quatre hectares. Un jardin à la fran- çaise dessine un carré parfait de tons verts et roses, puis la perspective monte le long d’une grande allée jusqu’à un bos- quet d’arbres. De là, la vue embrasse le parc à l’anglaise, sur le côté, planté de grands arbres. Geneviève, sa sœur, arrose et prend soin du carré français. Pour elle, l’amour du jardin est communicatif. “Quand des entreprises vien- nent réaliser des travaux de taille, on sent qu’ils commen- cent à prendre goût au jardin

Vaulchier. Pour occuper toutes les dépendances, il envisage peut-être aussi de créer des chambres d’hôtes. Mais pour- suit-il, “cette demeure, c’est un boulet. Mais c’est aussi pour cela qu’on s’y attache. Avant, je n’étais pas particulièrement

petit à petit, qu’ils posent sur lui un autre regard” , dit-elle. Pour le moment, personne n’habite en permanence le châ- teau. Car il faut moderniser la maison, qui a connu peu d’évolution depuis le XVIII ème siècle, la mettre en conformi-

té aux exigences de confort actuel tout en gardant son authenticité. “Alors on s’ins- talle petit à petit. On ne peut de toute manière pas chauffer comme un appartement ou alors il faudrait gagner au loto” , s’amuse Bertrand de

attaché à ce jardin, je gardais un œil extérieur. Mais quand on est dedans, qu’on y parti- cipe, on le côtoie de façon dif- férente.” Et de son salon, Clau- d e - N i c o l a s S e g u i n d e Jallerange continue à veiller sur ses successeurs. O S.D.

de Jallerange, architecte du jardin et pro- priétaire des lieux, son père. Pendant près de 250 ans, le châ-

Personne n’habite en permanence le château.

teau est resté aux mains de leurs descendants. “Il y a une âme qu’on souhaite conserver. Le fait d’avoir une histoire, que toutes les archives, leurs correspondances soient ici, nous donne une responsabili- té différente. On se sent une obligation de continuité, que la chaîne ne s’arrête pas avec nous” , explique Bertrand de Vaulchier, qui est aussi délé- gué départemental de l’asso- ciation vieilles maisons fran- çaises qui œuvre pour la promotion du patrimoine his- torique. Il y a une dizaine d’années, à la mort de la dernière des- cendante des fondateurs, une

Une demeure du XVIII ème siècle, aux confins du canton d’Audeux.

Les jardins, l’autre richesse de Jallerange.

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