La Presse Bisontine 59 - Octobre 2005

LE GRAND BESANÇON

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T ÉLÉVISION Plusieurs cas signalés

Des pseudo-professionnels de l’installation télé démarchent les clients potentiels. Ils profitent du flou qui règne autour de la télévision numérique terrestre pour vendre des installations à des prix exorbitants. Méfiance. Attention, arnaque à la T.N.T.

L a jeune fille est avenante, plutôt jolie. Une première impression qui met en confiance. Elle passe, de vil- lage en village, avec dans sa mallette, des argumentaires bien huilés. L’objet de sa visite est simple : elle propose toute une batterie de récepteurs destinés à capter la fameu- se T.N.T., la télévision numérique ter- restre qui a débarqué cette année en France. Le problème, c’est que les consommateurs, parfois naïfs, ne savent pas que la T.N.T. ne sera pas disponible dans notre région avant… 2008. Une habitante d’Amagney a failli faire les frais de ces méthodes à la limite de l’honnêteté. “Je me suis laissée embobinée par les explications qui avaient l’air convaincantes, racon- te cette dame. La jeune fille m’a expli- qué qu’en payant un forfait tous les mois pendant deux ans, j’aurais ensui- te accès à toutes les chaînes du satel- lite gratuitement. Un peu naïve, j’ai signé l’engagement.” Son mari a heu- reusement réagi à temps, avant l’ex- piration du délai légal de rétracta- tion de 8 jours. Le prix de la prestation lui a sans doute mis la puce à l’oreille : la facture s’élevait à… 3 000 euros. Cet exemple est loin d’être isolé. Dans le Grand Besançon, comme en ville, des sociétés peu scrupuleuses profi-

tent de l’arrivée de la T.N.T. dans les autres régions françaises pour ten- ter de tromper les consommateurs. “En ce moment, une société similai- re fait du porte-à-porte à Planoise

dions un délai de réflexion, il a rapi- dement piqué la mouche en haussant la voix. Puis il est parti comme il est venu sans rien laisser à bord d’une voiture blanche immatriculée dans

le 21” , explique Isabelle. Sur le contrat sorti aussi vite que rangé, Michel a quand même eu le temps de lire qu’il avait affaire à la société Avenir numé-

pour vendre des contrats Canal +” observe l’en- treprise Ferreira, instal- lateur d’antennes à Besançon. Un autre couple témoigne.

Son mari a heureusement réagi à temps.

rique. La Franche-Comté tout comme les autres régions frontalières à l’Est du pays (Alsace, Vosges, Alpes) sont pour l’instant en dehors de la zone de cou- verture T.N.T. Il faudra patienter au moins jusqu’en 2008 au moins pour recevoir gratuitement les 14 chaînes proposées. Dans l’hypothèse où l’usager se trou- ve sur un territoire desservi et qu’il possède déjà une simple antenne râteau captant les chaînes hertziennes, il lui suffit juste d’acquérir un ter- minal numérique relié au téléviseur par la prise péritel. Le prix desmodèles les plus chers, disponibles dans les commerces spécialisés ou sur le net, ne dépasse pas la somme de 350 euros. On est loin des 3 000 ou 4 000 euros soi-disant nécessaires pour s’équi- per. O J.-F.H.

Michel et Isabelle sont contactés par une télé-prospectrice leur proposant un accès aux nombreuses chaînes de la Télévision Numérique Terrestre. Par curiosité, Michel accepte de rece- voir un commercial de la société. Ren- dez-vous est pris sans tarder par l’opé- ratrice. Trois jours plus tard, le spécialiste arrive au domicile du couple. “Il est tout de suite entré dans le vif du sujet sans décliner son iden- tité, ni le nom de sa société. En insis- tant sur le fait que nous étions par- mi les derniers à ne pas recevoir la T.N.T., il nous a proposé un équipe- ment de réception et une formule d’abonnement à vie, rétro-cessible aux descendants en cas de décès pour une somme de 4 500 euros. Cette offre était assortie de mises à jour et d’une pos- sibilité de prendre un crédit. Il vou- lait absolument que nous signions tout de suite. Comme nous lui deman-

Aucun équipement de réception ne permet pour l’instant de capter la télévision numérique terrestre.

H ISTOIRE Cent ans d’exploration du sel

De 1866 aux années 1960, les ouvriers des salines de Mise- rey ont extrait du sous-sol des tonnes de sel. Avant que l’ex- ploitation ne s’arrête, dans les années 60 par manque de rentabilité. Mais le sel n’est pas totalement tombé dans l’ou- bli. Il continue d’alimenter les thermes bisontins. Miserey à l’heure de la saga de l’or blanc

D es salines, il ne reste que peu de choses. Les murs des anciens magasins, des souve- nirs et surtout un nom, acco- lé à celui de Miserey. Le reste, la gigantesque usine que l’on voit sur certaines cartes pos- tales d’époque, divisant le vil- lage de part en part, a dispa- ru dans un incendie en juin 1967. Les bâtiments étaient

cendie, l’usine est pourtant déjà condamnée et doit fermer deux mois plus tard, au pre- mier septembre. Car si elle a connu ses heures glorieuses au début du siècle, la production du sel a doucement décliné dès l’après-guerre, peu à peu rem- placée par celle, plus rentable, des Salins du Midi et d’autres sites de production plus récents. Le sel a néanmoins marqué l’évolution du village pendant un siècle. L’origine des salines est due à une particularité géologique, la présence d’un banc d’eau salée

construits en bois, pour résis- ter à la corrosion du sel, pas au feu. “Les charpentes brû- laient, les flammes léchaient les vitres et il n’y avait aucun bruit. Des gens pleuraient, c’était une partie de leur vie qui par- tait en fumée” , se souvient Nathalie Estavoyer, passion- née par l’histoire du lieu et enfant à l’époque. Lorsqu’elle est ravagée par l’in-

Pour les ouvriers des sels, la vie sociale s’organise autour de l’usine. Sorties en car le dimanche, salle de théâtre, arbre de Noël pour les enfants, tout est prévu.

paternaliste autour de l’usine, avec les logements des ouvriers, une salle de théâtre, des sor- ties en car dans les années 50. Aujourd’hui, l’usine ne fonc- tionne plus, mais l’eau salée de Miserey continue à être pui- sée. Car elle avait une autre utilité, celle d’alimenter les bains de Besançon, ouvert dès 1891 à laMouillère. Pour conti- nuer à faire fonctionner les bains situés vers la gare, dans le centre de kinésithérapie, les puits de sel de Miserey vien- nent d’être rénovés en juin der- nier par la municipalité de Besançon. O S.D.

Pour les produire, une soixan- taine d’ouvriers s’activent, dans des conditions de travail pénibles, dans la chaleur des fours et l’air gorgé d’humidité. Dans le petit village viticole et prospère de Miserey, l’arrivée de cette classe ouvrière ne va pas sans résistance. “On ne veut alors pas des “étrangers”, qui viennent construire l’usine. La population locale ne se sent plus maître à bord, détrônée par le monde ouvrier” , expliqueNatha- lie Estavoyer. Il y a alors deux villages, celui des Salines et celui du monde agricole, qui se côtoient peu. Du côté des Salines, la vie sociale s’organise de façon

En 1866, un premier puits est creusé. L’eau est pompée, puis acheminée dans de grands

poêles, chauffés jour et nuit. Sous l’effet de l’évaporation de l’eau, le sel peut ensuite être récolté, de plus en plus fin àmesure que la tem- pérature à laquelle il avait été chauffé était élevée. Près de 10 000 tonnes de sel

dans le sous-sol à près de 200 mètres de pro- fondeur. Une eau par- ticulièrement salée, 27 fois plus concen- trée que celle de la mer, 12 fois plus que celles de Salins-les- Bains, dans le Jura. Depuis longtemps, les hommes ont remar-

L’arrivée de cette classe ouvrière ne va pas sans résistance.

sont ainsi extraites chaque année pour la consommation domestique, mais aussi les besoins des fromageries, de la pharmacie.

qué la présence de plantes aux allures d’algues marines mais il faut attendre l’ère industrielle pour que l’exploitation ne com- mence.

Construites en 1866, les Salines de Miserey ont produit près de 10 000 tonnes de sel chaque année pendant un siècle. Avant de fermer définitivement leurs portes suite à un incendie en 1967.

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