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se faire plaisir 12

Le jour où… j’ai ramassédesdéchets Sur la plage abandonnée, plastiques et saletés remplacent progressivement coquillages et crustacés. La solution ? Se retrousser lesmanches et enlever tout ça, en y prenant plaisir et en s’amusant si possible. Par AliceKerguelen R écemment encore, Suzanne aurait ignoré et évité le sachet de chips vide qui traîne sur le sentier. Aujourd’hui, elle se baisse et le glisse dans une

Dix kilos de déchets sont jetés chaque seconde en France. Il faut donc tenter d’assainir les océans, mais aussi lesmon- tagnes – où un seul mégot pollue 500 litres d’eau – et les forêts – où les morceaux de verre blessent les petits ani- maux ! De plus en plus de citoyens se rassemblent pour net- toyer. Les associations en ont fait un jeu, une chasse aux trésors d’un nouveau genre. On pratique la “rando-ramas- sage”, le “bateau-ramassage” ou le “plogging” (contrac- tion du suédois “ploka upp”, ramasser, et de “jogging”). À Amsterdam, des croisières avec l’organisation Plastic Whale proposent de repêcher dans les canaux vieilles bas- kets ou roues de bicyclettes. L’association Un océan de vie distribue des filets bleus et scande le slogan : “Ramasser est un petit geste pour une grande cause”. Un geste pas si anodin : les Marseillais ont ôté 25 tonnes de déchets de leur littoral en 2018. D’autres associations, comme Break Free From Plastic, vont plus loin en inventoriant les “trou- vailles” collectées. Sans surprise, près de lamoitié provient de géants bien connus de l’agroalimentaire… En plus d’une action utile et esthétique, la lutte contre la “poubellisation” de la nature incite à prendre conscience des méfaits de la pollution et à repenser notre mode de vie.

poche de son sac à dos. « Quand on aime la nature et ses habitants, on est obligé de ramasser ce qui l’enlaidit » , dit-elle. Suzanne ne se sent pas coupable, mais responsable de ces déchets qui étouffent la planète. D’après la navigatrice Ellen MacArthur, il y aura par exemple plus de plastique que de poissons dans nos océans en 2050. Malgré la prise de conscience récente, on produit encore 53 kg de plastique par an et par Français, la moitié étant utilisée pour de l’em- ballage jetable. 100milliards de verres, assiettes, cuillères, pots, utilisés quelques minutes, vont stagner ensuite des centaines d’années dans les pelouses, les bas-côtés, les plages et finalement l’océan, qui en absorbe 13millions de tonnes de plastique chaque année. Ce dérivé de la pétrochi- mie se recycle peu (21%en France) et il est renforcé d’addi- tifs chimiques dangereux pour la santé. Un sac jetable ou une tong peuvent étouffer une tortue ou un requin, mais les microparticules invisibles, résultant de dizaines d’années de décomposition, empoisonnent tout aussi sûrement pois- sons et plancton. Et le plastique n’est pas le seul problème.

FRANK AND HELENA / CULTURA / PLAINPICTURE

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