Liver Bergerac Terre de passions

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Coquelicot Domaine

L’adversité vaincue

«

O n peut aimer sa pro- priété et ne pas être sédentaire. Grégoire Rousseau a passé un mois et demi au Népal l’hiver der - nier. Loin de tout, sac au dos. Loin des vignes ? «On trouve des vins partout dans le monde, assure le vigneron globe-trotter. Il y a tellement de vins à découvrir, comment peut-on boire toujours le même ? » Son goût pour les destinations lointaines n’empêche pas Grégoire de revenir et porter soin à son vignoble, « son troisième enfant. » Rien d’étonnant quand on sait qu’il a créé lui-même son domaine et l’a baptisé d’un nom qui ne s’oublie pas : Coquelicot. Auvergnat d’origine, sans lien avec le milieu agricole, Grégoire a bourlingué avant de s’orienter vers un BTS viti-œno. Il efectue des stages en Bourgogne. Dans le Médoc, il est salarié pendant 4 ans. Un jour il passe par le Périgord et la lumière « fabuleuse » le ravit. « Je À la fois voyageur et vigneron, Grégoire Rousseau trouve son énergie dans la biodynamie, et son plaisir dans ses vins 100 % naturels.

me suis dit que ce serait le rêve d’habiter là. » Il y revient, rencontre un vigneron qui lui cède ses vignes. Lui veut faire son vin. Il crée son chai de toutes pièces à Montpeyroux, avec sa compagne. Hélas, la propriété est bientôt cernée de terrains constructibles. Le couple vend la maison et s’installe à Carsac-de-Gurson.

Je traversais le Périgord, la lumière était fabuleuse, je me suis dit que ce serait le rêve d’habiter là. »

UN SECOND SOUFFLE AVEC LA BIODYNAMIE

Avec ses 9 ha de vignes en bio, implantées presque entièrement en cépages rouges, le domaine Coquelicot ne commercialise qu’en bouteilles, avec de belles réfé- rences. En 2013, le jeune couple a stabilisé son exploi- tation. Mais la grêle détruit en une heure ce qu’ils ont mis des années à construire. Toute la récolte est perdue. Les conséquences seront lourdes. Grégoire a du mal à en parler sans émotion. Le sentiment d’être en accord avec soi-même, de faire des vins 100 % naturels et d’avoir trouvé un équilibre en passant en biodynamie, lui ont permis de passer ce cap difcile. Grégoire pousse les choses à l’extrême, il refuse le collage, le levurage…Cela lui vaut des sueurs froides, mais c’est pour la bonne cause. «C’est la vie, il faut prendre des risques mais cela vaut le coup. » Beaucoup de rigueur et un bon équipement de chai lui permettent d’être confant à la veille de sa 9 e année de vinifcation. Il a retrouvé le sourire. Il vient de créer un vin pétillant à partir de sémillons, une exception à ses rouges : une cuvée appelée « Sac de billes », en souvenir de ces grêlons qui ont bien failli détruire son rêve.

Grégoire Rousseau, vigneron à Carsac-de-Gurson

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