Liver Bergerac Terre de passions

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Les Justices Château

Défendre une identité

Sous un mois d’août accablant, Jean-François Fruttero évoque l’identité du vignoble et l’avenir de la flière.

cultive ses vignes en agriculture raisonnée : « Je ne suis pas bio. Franchement non. L’agriculture raisonnée, pour moi, c’est un vrai choix. Je ne porte aucun jugement sur ceux qui préfèrent le bio. Moi, je ne peux pas travailler autrement. » Et d’ajouter : « J’aime passion- nément ce que je fais. Cependant, il m’est arrivé de me dire que j’aurais pu faire une carrière d’ofcier dans la gendarmerie. J’y ai fait mon service militaire, cela ne m’aurait pas déplu. Bien sûr, ce que je fais est très diférent…» ÉLARGIR LES FRONTIÈRES À 43 ans, le vigneron, président de la Fédération des vins de Bergerac et Duras, veut miser sur l’avenir de la flière et évoque la transmission : «Cest une valeur fondamentale. Nous nous positionnons sur une culture pérenne, il ne faut pas se tromper. Dans notre métier, lorsqu’on fait des choix, on les fait pour vingt ou trente ans. On les fait évidemment pour les générations futures. Même si notre vignoble a été fortement restructuré, nous avons encore du travail. Nous devons adapter de plus en plus nos produits aux nouvelles demandes. » Et si le regard de Jean-François Fruttero se projette si loin, c’est pour mieux engager les projets. Il souhaite efectivement des rapprochements entre les interpro- fessions, mais à certaines conditions : « Le vignoble de Bergerac doit conserver son identité. Nous devons nous poser les bonnes questions. Si nous voulons être audibles, exister, les fusions sont essentielles. Avec Duras, la proximité était naturelle. Pour Marmande, la porte est ouverte… En revanche, nous devons impérativement nous ouvrir à l’étranger. »

J ean-François Fruttero avait juste 25 ans lorsqu’il a décidé de prendre les commandes du vignoble de ses parents. Il a fait des choix cruciaux immédiatement: «Mon père était adhérent à la cave coopérative de Sigoulès et vendait son vin en vrac. Il m’est apparu capital de me retirer de la cave. Mon idée était d’aller jusqu’au bout de mon produit.» Sans faire table rase du passé, le vigneron pose les jalons d’un nouveau fonctionnement. «Je me suis lancé. Fini le 100% vrac. Il a fallu créer une gamme de vins. Et il fallait qu’elle soit de toutes les couleurs; rouge, blanc et rosé», se souvient-il. Un seul salarié et des emplois saisonniers le secondent dans sa tâche. Son épouse a fait le choix de ne pas travailler sur la propriété : « Je suis fls unique et suis toujours proche de mes parents qui sont encore très actifs. Ils m’aident beaucoup. Je ne sais pas encore si mes flles auront envie de travailler avec moi. À 9 ans et 5 ans, c’est encore un peu tôt…» À l’instar de la majorité de ses confrères, Jean-François Fruttero

Jean-Pierre et Jean-François Fruttero

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