La Presse Bisontine 118 - Février 2011

BESANÇON 12

La Presse Bisontine n° 118 - Février 2011

ÉTAT

La valse des préfets

L’un part,

l’autre arrive Les camions de déménagement du préfet Meddah étaient à peine sortis de la cour d’honneur de la préfecture à Besançon que ceux de Christian Decharrière arrivaient. Deux hommes, deux styles, une valse à deux temps.

L undi 20 décembre dernier, fait rare, c’est à la pres- se que le préfet “sortant” Nacer Meddah avait tenu à rendre hommage.Visiblement ému, larmes aux yeux, mais tou- jours digne, il tenait à cemoment de quasi-intimité. “Je vous appré- cie, c’est aussi simple que cela. J’ai tenu à vous le dire avant de prendre la route.” Sobre, simple. Malgré cette décision brutale de le débarquer après sept mois seulement de présence en Franche-Comté, le préfet Med- dah a assuré partir “plutôt serein. Serein parce que je sais que je suis privilégié, que j’ai toujours un emploi. Serein parce que j’ai déjà eu le privilège d’occuper trois postes de préfet.” Il ne fal- lait pas attendre de Nacer Med- dah qu’il s’épanche que son pas- sage-éclair en Franche-Comté

et sur sa mutation intervenue juste après le remaniement ministériel. “J’ai eu une mère- courage qui a élevé seule ses enfants. Cela n’a jamais été dans mon éducation de me plaindre” a poursuivi celui qui a été pupil- le de la Nation. “Si j’ai de la

déception, c’est plus pour les Francs-Comtois que je quitte. Ils étaient en droit d’en attendre davantage du représentant de l’État.” Nacer Meddah s’est refusé à toute lecture politique de son départ. Comme un mili- taire, il est conscient d’être

Nacer Meddah s’en est allé. Christian Decharrière est arrivé le lendemain. La continuité de l’État dit-on.

“Le métier de préfet me va bien.”

susceptible de quitter son pos- te “à tout moment.” Quelques minutes plus tard seu- lement, il quittait définitive- ment les salons dorés de la pré- fecture de Besançon pour retrouver d’autres lambris,moins exposés, à la cour des comptes à Paris. “Le métier de préfet me va bien, il faudrait peut-être que je le refasse” a-t-il glissé dans un dernier sourire. Le lendemain 21 décembre, la

presse régionale était à nouveau présente dans les locaux pré- fectoraux pour une première rencontre avec le successeur de Nacer Meddah, Christian Decharrière.Autre homme, autre style. Travailleur - “Je consacre la majeure partie de mon temps au travail” -, enclin à s’occuper en priorité des questions de sécu- rité - “les sécurités” précise-t-il, Christian Decharrière a promis de faire de la communication

un de ses axes de travail. “Nous devons communiquer mieux et plus.” Refusant lui aussi de com- menter le départ précipité de son prédécesseur, il estime jus- te que “ça fait partie de la règle du jeu. Cette règle existe depuis Napoléon. Nous sommes nom- més à la discrétion du gouver- nement depuis 200 ans.” La val- se des préfets semble pourtant devoir s’accélérer depuis plu- sieurs mois : plus de vingt dépar-

tements ou régions ont changé de représentant de l’État en à peine six mois. La dernière petite nuance de style entre les deux préfets ? Christian Decharrière n’a pas laissé spontanément son numé- ro de portable aux journalistes présents, ce qu’avait fait sans sourciller Nacer Meddah le jour de son arrivée à Besançon… J.-F.H.

EN BREF

ÉCONOMIE 67 salariés Le siège régional de R.F.F. déménagerait à Dijon C’est ce qu’annonce sûre d’elle la fédération des usagers des transports par la voix de son président régional François Jeannin. De son côté, le directeur de R.F.F. ne confirme… ni ne dément formellement.

Concert Concert de Buridane, jeune chanteuse de 24 ans qui a déjà quelque peu roulé sa bosse, au côté, par exemple, d’Alain Souchon, aux Bains Douches de Besançon le mercredi 19 janvier. Renseignements au 03 81 41 57 58. Aïeux Sorti aux éditions Cabédita, “Comment nos aïeux appréhendaient la mort” de la Bisontine Brigitte Rochelandet, docteur en histoire de mentalités. Un livre qui permet aussi de réfléchir sur une société qui diabolise ce qui la gêne. Handicap Lundi 17 janvier à 11 h 30, au siège de l’Urapei Franche- Comté au 81, rue de Dole à Besançon, création officielle du Comité d’Entente Régional des Associations de Personnes en situation de Handicap (C.E.R. Handicap). Rens.03 81 51 96 32. Peinture À découvrir les toiles de la peintre Grazyna Tarkowska jusqu’au 18 février dans le hall de l’Hôtel du Département au 7, avenue de la Gare d’Eau à Besançon.

P our une fois, Besançon avait devancé sa voisine dijonnaise quand en 1997 la capitale com- toise avait été choisie pour accueillir la direction régionale Bour- gogne-Franche-Comté de Réseau Ferré de France à la création de l’entreprise en 1997. “Ce choix avait été salué com- me un juste et simple retour des choses après des décennies de transfert d’activités ferroviaires comtoises vers Dijon, Mul- house, Nancy et Lyon” rappelle François Jeannin, le président régional de la F.N.A.U.T. (fédération nationale des asso- ciations d’usagers des transports). C’est ce même François Jeannin qui aujourd’hui affirme que R.F.F. a dans ses cartons le projet de transférer son siège interrégional de Besançon à Dijon. “S’il n’y avait pas anguille sous roche, le directeur de R.F.F. aurait tout de sui- te démenti. Si ce scénario se confirme, c’est tout simplement scandaleux” s’emporte M. Jeannin qui affirme aus- si que “les élus locaux sont forcément au courant” mais “tous cultivent cette dis- crétion qui leur laisse l’illusion de leur pouvoir.” Le directeur régional de R.F.F. Abdel- krim Amoura est visiblement embar- rassé par le sujet : “Je ne saurais pas répondre à ce genre de questions” dit-il, tout en affirmant que R.F.F. a l’intention de se développer sur l’ensemble de ses régions Bourgogne et Franche-Comté.

M.Amoura estime aussi qu’à son niveau, il ne peut “pas maîtriser ce genre d’informations” sous-entendant que tout se décide au siège parisien de R.F.F. Le directeur régional reconnaît tout de même qu’après le 11 décembre prochain et la mise en service de la première tranche de la branche Est du T.G.V., le sort des collaborateurs de R.F.F. ratta- chés à la mission L.G.V. est plus qu’incertain. “Il est clair que si on ne trouve pas le milliard manquant pour terminer la branche Est, l’équipe qui tra- vaille sur la L.G.V. sera dissout” laisse

Abdelkrim Amoura, le directeur régional de R.F.F., estime ne pas pouvoir répondre for- mellement à la question.

entendre M. Amoura en se retranchant derrière le politique. “D’ici 18mois, entre la fin de la branche Est et les discussions autour de la branche Sud, il se passera de nombreux événements. Un seul mou- vement politique et tout peut être remis en cause. Tout cela ne dépend donc pas de nous” ajoute le directeur régional. La suite du programme semble donc dépendre de la mission de finance- ment. Deux médiateurs ont été récemment nom- més par l’État pour essayer de réunir les fonds nécessaires à la ter-

Tout dépendra de la mission de financement.

minaison des travaux de la branche Est, auprès notamment des Régions parte- naires. Ils ont jusqu’à mi-2012 pour par- venir à leurs fins. Chaque année, R.F.F. continue à recru- ter sur le plan national, entre 120 et 150 collaborateurs nouveaux par an.ÀBesan- çon, le siège régional emploie 67 per- sonnes. Si la direction d’opération branche Est est dissoute, ce sont déjà 22 per- sonnes qui disparaissent des effectifs. À son arrivée à Besançon, le siège de R.F.F. était installé dans de modestes

locaux dans l’immeuble le Président. Avec le pilotage de la branche Est de la L.G.V. Rhin-Rhône et l’accroissement de ses effectifs, R.F.F. a investi de nouveaux locaux dans les immeubles flambant neufs de la Mouillère, avant de démé- nager une nouvelle fois il y a quelques mois dans les vastes bureaux à la City, laissés vacants par la Caisse d’Épargne, banque dont le siège avait lui-même été transféré… à Dijon. J.-F.H.

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