La Presse Bisontine 140 - Février 2013

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

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N° 140

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr

FÉVRIER 2013

TRAMWAY : 6 MOIS D’AVANCE, MAIS À QUEL PRIX ?

LES ENTREPRISES METTENT LES BOUCHÉES DOUBLES, D’AUTRES FRONTS DE TRAVAUX OUVERTS EN 2013… I , ’ E

L’ÉVÉNEMENT en p. 6 et 7

Crédit photo J.C. Sexe -Ville de Besançon

LE DOSSIER p. 19 à 23 LOGEMENT SOCIAL : LA LENTE DÉRIVE Le parc social à Besançon est plutôt bien entretenu. Seu- lement, les réhabilitations et des reconstructions laissent à la marge quelques ghettos où sont logés les plus fragiles.

FINANCES

p. 25

La chambre des comptes égratigne l’Agglo

Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 - redaction@groupe-publipresse.com

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 140 - Février 2013

Mireille Péquignot fait appel de la décision du tribunal

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”.

Bâclé François Hollande est pris à son propre piège. Parmi ses soixante proposi- tions de candidats, il y a celles qui paraissaient correspondre à une cer- taine idée du redressement écono- mique de la France, en tout cas qui devaient contribuer à mettre fin à des dérives qui ont participé largement à la crise financière de ces dernières années. Il s’agit de la fameuse pro- messe de séparer les banques de dépôt et les banques d’investissement. Moins de neuf mois après son élec- tion, le nouveau président est sur le point d’enterrer cette grande idée sous le poids de lobbies bancaires surpuissants. Dans le même temps, et alors que la France croule sous le poids du chômage, il fait aujourd’hui de la réforme du mariage une priori- té absolue. Il est pris à son propre piège parce qu’il est coincé par la plu- part des promesses qu’il a dû tenir pour contenter toutes les ailes de son parti et toutes les communautés de ce pays. Parmi elles, les homosexuels. Le débat qui divise actuellement la France est une sorte de cache-misè- re d’un pays qui a perdu son cap et oublié le sens des priorités. Qu’on soit favorable ou non au mariage pour les couples homosexuels - de part et d’autre il existe des arguments rece- vables - on n’a pas le droit, quand on tient les rênes du pays, de program- mer une telle réforme sociétale au simple prétexte d’une idéologie, quand tant d’autres priorités dressées dans ces fameuses soixante promesses res- teront à l’état d’embryon. Ce sujet majeur dont la plupart de ses parti- sans n’ont d’ailleurs pas mesuré toutes les conséquences à long terme méri- tait autre chose qu’un simple débat parlementaire. Certes les grandes réformes comme l’abolition de la pei- ne de mort, l’autorisation de l’I.V.G. ou le vote des femmes ont été adop- tées par les parlementaires, sans recourir à un référendum. Mais à chaque fois, elles ont été mûries de longue date, précédées d’un large débat, soumises à discussion et sur- tout bien préparées. Ce qui n’est pas le cas de ce projet sur le mariage homosexuel. Car derrière le mariage, d’autres perspectives s’ouvrent. Les réfractaires pensent qu’on ouvre là la boîte de Pandore et les partisans de la réforme savent eux aussi que le débat est bâclé pour cause d’électoralisme primaire. Jean-François Hauser Éditorial

Les Marnières : chantier planté

C oup dur. Embourbé depuis 2008, le projet de la Z.A.C. des Mar- nières est définitive- ment planté depuis que la Ségé- cé, lʼaménageur, ait fait part de son retrait dans ce projet. Les élus annonçaient pourtant la création de 33 000 m 2 de sur- faces de vente nouvelle sur la zone qui doit accueillir aussi le terminus Est du tramway bison- tin. Selon le calendrier prévi- sionnel, tout devait être termi- né en 2013. Ce ne sera pas le cas. La C.A.G.B. (au moment où nous écrivions ces lignes) nʼavait pas souhaité commen-

ter ce départ de lʼaménageur. Seul Jean-Pierre Martin, élu en charge de lʼéconomie, a confir- mé le retrait de cette société. Dans le numéro 135 de La Pres- se Bisontine, il y a quatre mois seulement, la Ségécé expliquait pourtant que “le dossier avan- çait et que chantier pourrait être livré en 2015.” Visiblement, les inextricables blocages, notam- ment du côté de Carrefour où plusieurs commerçants copro- priétaires de la galerie com- merciale sʼopposent toujours à lʼextension de lʼenseigne, ont eu raison de ce projet. Rappe- lons que les commerçants nʼont

pu se mettre dʼaccord alors que lʼunanimité est requise dans ce dossier. Lʼenjeu affiché par cette zone des Marnières était de rééquili- brer les trois pôles commerciaux de lʼagglomération par le ren- forcement de lʼattractivité com- merciale de lʼEst. Pour lʼinstant, avec “seulement” 27 000 m 2 de surface commerciale, Chale- zeule fait office de Petit Poucet par rapport aux deux autres, Valentin et ses 64 000 m 2 et sur- tout Châteaufarine qui affiche désormais près de 100 000 m 2 de surface commerciale.

Mireille Péquignot estime que la notion même de liberté d’expression est en jeu.

L a conseillère municipa- le dʼopposition (Nou- veau Centre) a décidé de faire appel de la décision du tribunal correctionnel qui lʼa condamnée mi-décembre à payer 5 000 euros dʼamende et à un euro de dommages et intérêts. En plus, elle a à supporter les 2 000 euros de frais de justice. Sa faute ? Avoir tenu des propos au mai- re de Besançon Jean-Louis Fousseret, quʼil nʼa pas accep- tés. Le sujet de la polémique est le tramou plutôt lamaquet- te grandeur nature dʼune rame exposée près du Centre Saint- Pierre. Elle a été offerte à lʼAgglo par le constructeur C.A.F. Le geste a stupéfait Mireille Péquignot qui sʼest opposée “fortement à un cadeau de 400 000 euros

accepté par Jean-Louis Fous- seret.” Le maire et président de lʼAgglo nʼa pas toléré que la conseillère municipale puis- se ainsi le suspecter de cor- ruption. Il a donc déposé plain- te pour diffamation. Mireille Péquignot ne renie pas ses propos. Elle les assume mais se défend en expliquant que la notion de corruption relè- ve de lʼinterprétation de ce quʼelle a pu dire. Dès lors, la décision du tri- bunal lʼaffecte. “Dans cet- te affaire, on nʼa pas ces- sé de gonfler les choses pour mʼécraser. Je suis muselée et je trouve cela terrible. Au-delà de mon cas personnel, cʼest la liberté dʼexpression qui est en jeu” prévient-elle. Affaire à suivre en appel.

Le tracé du tram passe par Fort-Benoît (notre photo) et s’interrompt aux Marnières. Malheureusement, la zone commerciale ne sera pas réhabilitée comme les Bisontins pouvaient l’espérer.

Le conseil municipal accueille Jean-Noël Fleury

dans sa délégation. “J’aurai une action dédiée à Planoise” dit-il. Le temps dont il dispose est court puis- qu’il ne reste que quinze mois avant les prochaines élections munici- pales. Jean-Noël Fleury le sait mais il a bien l’intention de planter les jalons pour la suite. Il ne vient pas là pour faire de la figuration et espère faire partie de la prochaine liste de Jean- Louis Fousseret qui a déjà annon- cé qu’il briguerait un troisième man- dat. Il en faisait partie lors des élections de 2008. Mais, placé trop loin sur la liste, Jean-Noël Fleury n’avait pas été élu.

J ean-Noël Fleury fera son entrée au conseil municipal de Besan- çon le 21 janvier à la place d’Éric Alauzet qui a démissionné de sa fonction après avoir été élu dépu- té de la deuxième circonscription. “Je rentre en tant que conseiller municipal délégué au commerce de proximité aux côtés de Jacques Mariot. Je suis prêt à prendre mes fonctions” annonce Jean-Noël Fleu- ry. Il rejoint la majorité sous le bla- son de la société civile. Âgé de 40 ans, cet habitant de Pla- noise est connu pour ses prises de position en faveur de ce quartier qu’il considère comme “une ville dans la ville.” Il en connaît les pro- blématiques. Sans plus attendre, le nouvel élu va donc mettre à profit son mandat pour tenter de “faire bouger les choses sur le terrain”

est éditée par “Publipresse Médias”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction :

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Jean-Noël Fleury sera conseiller délégué au commerce.

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L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 140 - Février 2013

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ORNANS

Jean-François Longeot “Jacques Grosperrin est

l’homme de la situation”

L a Presse Bisontine : Le 28 décembre, la délibération datant du 26 sep- tembre instituant la taxe sur la consommation finale d’électricité au coefficient maximum a été annulée. Résultat, on ne change rien. Les 130 communes du Doubs de moins de 2 000 habitants qui appli- quaient la taxe continueront à le faire et les autres attendront. En tant que président du Syded, vous n’avez pas le sentiment que le débat qui a eu lieu ces dernières semaines autour de cette taxe a fait beaucoup de bruit pour rien ? Jean-François Longeot : Tout le débat est caduc et ça commence fran- chement à être agaçant. Je me suis fait démolir pour mes prises de position par certaines personnes. Je ne veux plus à voir à prendre de décisions sur ce sujet. L.P.B. : Des membres du Syded vous soupçonnaient de manœuvrer dans ce dossier de manière à vous attirer la sympathie des élus en vue des prochaines sénatoriales. Que leur répondez-vous ? J.-F.L. : Si j’avais travaillé par intérêt personnel dans cette his- toire, j’aurais proposé que la taxe soit reversée en intégralité aux communes afin de contenter les élus qui votent aux sénatoriales. Or, ce n’est pas ce que je dis puisque mon intention était au contraire de ne pas reverser en totalité la taxe aux communes mais d’en provisionner une part pour le Syded. L.P.B. : Dans le cadre d’une loi sur le non-cumul des mandats, vous auriez donc à faire un choix entre vos futures fonctions ? J.-F.L. : Si je suis élu sénateur et président du Conseil général du Doubs, je ferai ce choix. À l’évidence, je privilégierai le mandat de président du Conseil général, et je resterai conseiller municipal à Ornans. Par ailleurs, si je ne devais être que sénateur, je conser- verais un mandat de conseiller municipal. J’abandonnerais celui de maire. L.P.B. : Vous êtes donc favorable à une loi sur le non-cumul ? J.-F.L. : Ce n’est pas du cumul des mandats qu’il faut discuter, mais du cumul des mandats d’exécutif. Un député ou un séna- teur peut à mon sens cumuler sa fonction avec celle de conseiller municipal “de base”. Si nos parlementaires avaient un mandat local dans une commune, ils voteraient sans doute moins d’âneries. À mon sens, il ne faut pas légiférer sur le non-cumul. Cela doit être une affaire de conscience personnelle. Je me demande com- ment un élu qui cumule des mandats exécutifs peut passer d’une session budgétaire sur la loi de finance de l’État à un problème rencontré par un maire dans une petite commune. nom, l’élu U.M.P. porte un regard critique sur la réforme des collectivités territoriales et ne cache pas ses ambitions politiques. Maire d’Ornans et conseiller général du canton du même

Jean-François Longeot : “J’ai toujours été très attentif au tissu industriel.”

aux Français, il faut en faire à tous les niveaux. Cette réforme des collectivités territoriales est nécessaire mais elle ne sera effi- cace que si on passe de 100 Départements à zéro et de 22 à 15 Régions. L.P.B. : De l’extérieur, la région d’Ornans paraît enclavée. Pourtant vous avez deux grandes entreprises, Guillin et Alstom, qui ne parlent pas de délocali- sation et tant mieux. D’où vient cet attachement à Ornans ? J.-F.L. : Mon premier souci est de préserver ce territoire. Le second est à travers la communauté de communes du pays d’Ornans, de pouvoir travailler sur deux axes. L’axe économique sur le pla- teau de Tarcenay et l’axe touristique sur la Vallée de la Loue. Notre force est que nous parvenons à lier l’économie, l’industrie et la beauté des paysages qui ne sont pas mités. J’ai toujours été très attentif au tissu industriel. Ornans compte 4 200 habitants et 2 200 emplois. Mais je reconnais que si des entrepreneurs com- me Guillin n’étaient pas nés dans la vallée de la Loue, ils seraient sans doute mieux à deux pas d’une autoroute. À ce titre, je suis navré de voir que le Conseil général n’est pas capable de construi- re des axes routiers aussi importants que la R.D. 1 qui relie la nouvelle gare T.G.V. L.P.B. : Vous n’êtes pas tendre avec la majorité en place. Pour autant vous devez à Claude Jeannerot le nouveau musée Courbet d’Ornans. C’est un point positif non ? J.-F.L. : Je reconnais que Claude Jeannerot a su valoriser Cour- bet. Localement on ressent l’impact. Je ne peux en dire que du bien. Entre 90 000 et 100 000 entrées, c’est du développement. J’ajoute qu’à Ornans, pour redresser le commerce, nous avons mis en place une politique de métiers d’art qui fonctionne. Propos recueillis par T.C.

te. Le prochain candidat devra avoir une ambi- tion économique pour cette ville. Moi je suis effa- ré que l’on soit en train de réaliser un audit sur l’hôpital Saint-Jacques, comme si on avait appris il y a trois jours que cet ensemble immobilier de cœur de ville était à vendre. L.P.B. : En tant que conseiller général du canton d’Ornans, êtes-vous toujours favorable à la réforme des collectivi- tés territoriales que le président Hollande a remaniée. Par exemple, on ne parle plus de la suppression des Départe- ments, et les conseillers territoriaux disparaissent ? J.-F.L. : Oui, cette réforme doit passer. Mais celle qui se dessine est une fumisterie. On laisse en

L.P.B. : Le président du Conseil général Claude Jeannerot (P.S.) cumule des mandats exécutifs. Que lui dites-vous ? J.-F.L. : Il a de la chance d’avoir au Conseil général d’excellents services. C’est pour cela que ça fonc- tionne. Mais à cumuler des mandats exécutifs, l’élu fini par être partout et nulle part. L.P.B. : A Besançon, la droite pense qu’en 2014 elle a des chances de gagner les municipales. Qu’en pense le maire d’Ornans ? Avez-vous un candidat pour la droite ? J.-F.L. : Pour gagner la ville de Besançon, il faut une équipe. Pour ma part, j’ai été élu maire d’Ornans car des gens m’ont soutenu, accompagné et m’ont fait élire. Selonmoi, Jacques Grosperrin est l’homme de la situation pour Besançon. Il le deviendra tota- lement s’il a derrière lui une vraie équipe capable de dynamiser la liste. Cette ville de Besançon a besoin d’un vrai leader qui arrête de faire de l’électoralisme et qui prenne les choses en main sur les infrastructures et le développement éco- nomique. L.P.B. : La ville de Besançon manquerait-elle de dynamis- me ? J.-F.L. : “Besançon la belle endormie”, cela ne me fait pas rire. Nous ne pouvons pas avoir un terri- toire dynamique sans une capitale régionale for-

“Passer de 100 Départements à zéro et de 22 à 15 Régions.”

“On crée tous les jours dans ce pays des “machins.”

place les Régions et les Départements en nous promettant que les compétences de chacun seront clarifiées. En attendant, dans le Doubs on va passer de 35 à 36 conseillers généraux, 18 hommes et autant de femmes, suite à un redécoupage des cantons. Quel- le économie ! Toutes les compétences fortes iront à la Région, et nous, nous serons 36 à gérer des questions sociales. Je déplore que la réforme initiée par Nicolas Sarkozy ait été vidée de sa substance. Si en Franche-Comté les quatre Départements avaient été regroupés avec la Région nous allions faire de vraies économies et pas seulement en nombre d’élus. Il n’y avait plus lieu d’avoir quatre agences économiques ou quatre comités dépar- tementaux du tourisme. C’est tout de même extraordinaire, on crée tous les jours dans ce pays des “machins” mais on est inca- pable d’en supprimer. Mieux, avec ce mille-feuille, on a trouvé le moyen de diluer les responsabilités et nous n’avançons pas. Mon- ter un dossier économique par exemple prend un temps fou. Dans le contexte actuel, lorsqu’on est capable de demander des efforts

BESANÇON

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SOCIÉTÉ

Montée de l’extrême droite ? Comment une cellule néonazie franc-comtoise commerce impunément sur Internet Un réseau local de vente de tee-shirts, pin’s, casquettes, représentant des symboles du nazisme, est actif sur Internet. Existe-t-il une montée du nazisme, quelques semaines après l’interdiction d’une réunion dans un hôtel bisontin ?

Un site avec des références franc-comtoises vend des objets en référence au troisième Reich.

U n concert néo-nazi annulé en mai 2009 à Épeugney grâce à la vigilance d’un confrè- re journaliste, une bagarre filmée au mois d’avril dernier où l’on voit six hommes vêtus de la traditionnelle tenue de skinheads tabassant un autre à l’entrée du pont Denfert-Roche- reau à Besançon. Puis, une autre bagarre filmée devant le Pub de l’Étoile à Besançon via un télé- phone portable met en scène un La vidéo d'une bagarre au niveau du pont Denfert- Rochereau a été supprimée de You Tube où elle avait été postée.

pendentifs…, ce sont une cen- taine de produits qui sont pro- posés avec une livraison annon- cée sous 48 heures ! Inquiétant. Ce type de vente est illégal. L’article 431-22 du code pénal érige en délit et sanctionne d’une peine de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende le fait de proposer à la vente un unifor- me, un insigne ou un emblème lié au nazisme ou à d’autres auteurs de crimes contre l’humanité. Il propose de dou- bler ces peines lorsque ces faits sont commis par un procédé de communication au public par voie électronique. La Police bison- tine a connaissance de ce site, visiblement pas récent. Elle suit et connaît ses membres et pour- tant…

une croix celtique rouge et blanche, une écharpe “White power” (pouvoir aux blancs) pour 14 euros, lamême écharpe “Skin- head” pour 14 euros. La linge- rie diffuse ce type de slogan “Se repaître de vos peurs”, “Berlin 45, n’oublie jamais” et affiche également le château de Mont- béliard avec le signe S.S. ou enco- re un autre faisant référence aux jeunesses de Mussolini avec la mention “Balilla”, en réfé- rence à un logo d’une célèbre marque de pâtes. C’est une véritable organisation qui parvient à vendre en toute impunité des accessoires direc- tement inspirés de l’œuvre de Hitler.Vêtements pour hommes et femmes, épaulettes, drapeaux, boucles de ceinture, porte-clés, autocollants, des casquettes et

Besançon était prévue fin décembre. Démasquée, elle a finalement été annulée. Ce groupe, on le retrouve bizar- rement s’afficher sur Internet sous le nom de “Sédition Séqua- ne”, terme faisant référence à l’histoire franc-comtoise. Pour

droite s’est affichée dans la rubrique faits-divers, mise au jour par un collectif antifascis- te qui traque les “nazillons”. Une activité “néo-nazie” inquié- tante d’autant qu’une réunion dans un hôtel de Valentin à

groupe arborant des tee-shirts siglés d’un logo ressemblant fort à celui du Front Comtois et des initiales en lettres gothiques W.S., correspondant du groupe “Werwolf Séquania”. En quelques mois, l’extrême

ne pas en faire de la publicité, nous ne divul- guerons pas l’adresse web de cette page. Il faut tout de même savoir que des tee-shirts arbo- rant des croix celtiques sont en vente. Pour 12 euros, on trou- ve également un drapeau avec

7 500 euros d’amende et 6 mois de prison.

L’ÉVÉNEMENT

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SIX MOIS D’AVANCE POUR LE TRAMWAY LE BEAU COUP DE COM’ DE FOUSSERET

Le tramway de l’agglomération bisontine sera mis en service l’année prochaine en décembre. Une bonne nouvelle et plus enco- re pour ceux que les travaux gênent ou dont l’activité commerciale a été mise en péril. Pour réduire à ce point les délais initialement prévus, les élus de la C.A.G.B. ont sommé les entreprises participant au chantier - près de 120 marchés ont été signés - d’accélérer la cadence. Ce changement de cap aura-t-il un prix sur la note finale, toujours évaluée à 228 millions d’euros (valeur 2008), soit 256 millions en fin des travaux ? Et au-delà de la satisfaction de voir s’achever le “chan- tier du siècle” avec six mois d’avance, quel impact aura-t-il eu sur l’activité locale ?

CHANTIER

La première rame le 6 juin Un tramway sous le sapin de Noël en Ce n’est pas en juin 2015 mais bien en

décembre 2014 que le tramway bisontin transpor- tera ses premiers voyageurs. L’agglo a tout fait pour inciter les entreprises à accélérer. Les grandes étapes à venir Février 2013 : Replantation des 150 premiers arbres sur la partie Ouest du tracé. Mars 2013 : Travaux de pose de voies sur les 14,5 km, y compris aux Marnières. Avril 2013 : Achèvement des travaux de renforcement du quai Veil-Picard et de lʼencorbellement au-dessus du Doubs. Mai 2013 : Achèvement des travaux aux Hauts-du-Chazal, de la route de Franois au C.H.U. Minjoz. Juin 2013 : Arrivée de la première rame au centre de maintenance. Fin juin 2013 : Réouverture du nouveau pont Battant aux piétons. Octobre 2013 : Circulation en essai de la première rame sur la partie Ouest du tracé (jusquʼà la Grette). Décembre 2013 : Achèvement des travaux au centre-ville y compris place de la Révolution et secteur Cusenier. Janvier 2014 : Circulation de la rame en essai jusquʼà la gare Viotte et achèvement des travaux du centre de maintenance. Mars 2014 : Fin des replantations, de la pose des 14,5 km de rails et mise sous tension de lʼensemble de la ligne. Avril-octobre 2014 : Rames de tramway en essai sur la totalité de la ligne. Octobre-décembre 2014 : Marche à blanc avant ouverture commerciale de la ligne.

Jean-Louis Fousseret a le sourire : une bonne nouvelle pour démarrer 2013.

L es Bisontins bien informés s’en doutaient. Les plus taquins affir- meront que le coup était savam- ment préparé. Car ce n’est pas d’un coup de baguette magique que le chantier du tramway peut être avancé de six mois. L’information distillée le 8 janvier est faite pour remonter le moral de tout le monde. Savoir que le calendrier est avancé de six mois, ça ne pourra que redorer l’image du chantier auprès de certains riverains et de nom- breux commerçants qui vivent les tra- vaux comme un chemin de croix. Et, cerise sur le gâteau, ce nouveau calen- drier prévoit une fin totale des travaux en… mars 2014, le mois des élections

que je n’ai pas remarqué que ça posait quelques problèmes de déplacements… C’est pour cette raison qu’on a deman- dé aux entreprises de densifier et d’ac- célérer les travaux pour minimiser les gênes” ajoute le président de l’agglo- mération tout en estimant que malgré les difficultés, “on a toujours pu accé- der au centre-ville. C’est se tirer une rafale de balles dans le pied que de dire que la ville n’était plus accessible.” Si l’ensemble des travaux de construc- tion de la plate-forme du tram ne seront terminés que d’ici un an, en mars 2014, la première rame construite par C.A.F. arrivera à Besançon le 6 juin prochain. Et les premiers essais grandeur natu-

municipales. Le maire aurait voulu le faire exprès qu’il n’y serait pas parve- nu… “Nous pouvons affirmer aujourd’hui que nous aurons six mois d’avance sur le

planning initial. La mise en service de la première ligne de tramway aura lieu en décembre 2014” annonce avec une joie non dissimulée Jean-Louis Fousseret. Et cela, “sans étrangler les entreprises. On a constaté que ces tra- vaux entraînaient des nui- sances importantes, je ne peux d’ailleurs pas dire

“Une rafale de balles dans le pied.”

Le nouveau pont Battant sera accessible aux piétons fin juin prochain (photo J.C. Sexe – Ville de Besançon).

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COÛT

CONSÉQUENCES

252 millions

Combien d’emplois ?

Les dégâts collatéraux pas encore chiffrés L’union des commerçants a sollicité la C.C.I. et Pôle Emploi afin de connaître l’ampleur des destructions d’emplois au centre-ville, liés notamment au chantier du tram.

10 % moins cher au final ? L’anticipation du calendrier pourrait avoir une autre conséquence positive : la réduction du coût des travaux grâce un indice d’actualisation des prix inférieur.

L e coût du tramway est et restera affir- ment les services de l’agglo, de 228 mil- lions d’euros (valeur 2008) quand a été commandé le tram. Ce qui équivaut avec l’indice d’actualisation des prix dans les tra- vaux publics et de l’inflation, à 248 millions en valeur 2012, et si on anticipe à 2015, date initiale de fin de chantier, à 256 millions d’eu- ros. À ce jour, 98 % des marchés sont conclus avec les entreprises. Sur les marchés déjà signés, les prix sont inférieurs “d’environ 10 % pour

et nous actionnerons certains prêts plus tôt. Au final, nous arriverons peut-être à 252 millions car il faut aussi prévoir les imprévus inhérents à tout chantier public de cette envergure” pré- dit M. Baulieu. Le tramway ne devrait donc pas dérailler. N’en déplaise à ceux qui, à l’ima- ge de Philippe Gonon du MoDem, continuent à affirmer que le tramway bisontin dépasse- ra la barre des 350 millions d’euros au final. Sauf extrême mauvaise surprise, ils seront démentis.

L a commission d’indem- nisation du tramway devrait verser au total quelque 400 000 euros aux commerçants touchés par le chantier du tram.Mince conso- lation pourtant car certains ne se sont déjàpas relevés des deux années de chantier déjà écou- lées. Même si le tramn’est pas la seu- le cause des difficultés actuelles du commerce de centre-ville (la crise est passée par là, comme les nouvelles habitudes de consommation),le chantier a été unaccélérateur de déprime pour certains. Pour connaître le réel impact en termes d’emploi, l’Union des commerçants de Besançon (dont les relations se sont quelque peu réchauffées avec la Ville) vient de réclamer à la Chambre de commerce et d’industrie duDoubs et aux ser- vices de Pôle Emploi, une étu-

nonpas directement par le chan- tier du trammais par la lenteur excessive de l’aménagement du secteur Pasteur, mais sympto- matique d’un centre-ville à la peine. D’autres commerçants, dans la Grande rue notamment, qui n’ont pas mis la clé sous la por- te, se sont résolus à licencier du personnel et réduire leurs effec- tifs. D’autres enfin, comme ce restaurant de l’avenue Carnot, ont tout bonnement quitté Besançonpour s’installerailleurs. Ceux-làne souhaitent pas témoi- gner, ils font ledos rondenatten- dant la fin du chantier, et de la crise. “181 commerces sont situés sur le parcours du tram” selon la C.C.I. duDoubs qui est en train de faire un pointage du nombre de “rescapés”, chiffre qu’elle devrait pouvoir communiquer d’ici une quinzaine de jours.

de “pour savoir combiende com- merces ont disparu depuis le démarrage du chantier et com- bien de C.D.D. et de C.D.I. ont été supprimés dans le commer- ce.” Les exemples de fermetures sont légion selon les commer- çants bisontins : “Tendances et

l’instant” à l’enveloppe prévue selon Gabriel Baulieu, le responsable des finances à l’agglo, du fait que les entreprises ont répondu à des prix moins élevés que le cahier des charges. L’anticipation de la fin du chantier pourrait donc avoir comme consé- quence de grignoter encore quelques millions par rapport à l’enveloppe prévue. “Le coefficient d’actualisa- tion des marchés publics sera un peu moins élevé du fait même que le chantier ne s’étalera pas sur 2015,

accessoires” à l’angle de la rue des Granges et de la rue de la République,les chocolats De Neuville” qui cherchent à vendre mais ne trouvent pas, la sand- wicherie voisi- ne qui a fermé, sans parler de

98 % des marchés sont conclus.

“Savoir combien de commerces ont disparu.”

Le chantier moins cher que prévu ?

2014

la rôtisserie située vers le pont Battant et sans même évoquer le Café Louis, touché lui aussi

re du tramway pourront se dérouler dès la fin de cette année, entre les Hauts-du-Chazal et la Grette, “puis dès janvier 2014 jusqu’à la gare.” Les premiers essais complets auront lieu dès avril 2014 jusqu’au terminus de Chalezeule. “44 % des voies sont déjà posées sur le secteur Infra 1, entre le centre de maintenance et Chamars” , précise Jean-Luc Poissenot, directeur régional de Colas Franche-Comté, une des entreprises qui intervient sur le chantier. “Pour atteindre les objectifs fixés par le maître d’ouvrage et livrer le chantier avec six mois d’avance, nous mettrons beaucoup plus de moyens sur le chantier du tram cette année qu’en 2012. Pour nous, 2013 sera l’année du plein-emploi, mais aussi celle des dif- ficultés car le chantier mobilisera beau- coup de monde” indique Frédéric Bon- nefoy, le P.D.G. du groupe éponyme basé à Saône, intervenant sur la par- tie Infra 2 du chantier, entre le pont Canot et Chalezeule. “Nous avions construit un planning volontairement prudent avec les risques liés aux fouilles, aux réseaux. Aujourd’hui, ces risques sont en grande partie couverts, les marges n’ont plus lieu d’être mainte- nues” ajoute Pierre Tissier, du groupe Égis dont une des filiales pose les rails. Dès décembre prochain, tous les rails seront posés sur les 7 premiers kilo- mètres, des Hauts-du-Chazal à Cha- mars. Sur l’autre partie, Infra 2, entre Chamars et Chalezeule (7,5 km), “les travaux qui ont démarré en avril 2012 seront complètement terminés en mars 2014” assure Yousri Dachraoui, directeur d’agence chez Eurovia. L’autre bonne nouvelle annoncée par Jean-Louis Fousseret en ce début d’an- née, c’est le coût final du tram. “Il sera en deçà du coût annoncé, pour l’ins- tant entre – 5 et – 10 % du coût ini- tial” sourit Jean-Louis Fousseret pour tenter de convaincre ceux qui annon- cent toujours des dérapages financiers. Un tram plus rapidement exécuté et moins cher que prévu, voilà de solides arguments à l’approche des échéances électorales de 2014. J.-F.H.

RÉACTION

TROIS QUESTIONS À… Pascal Gudefin : “ Les entreprises vont renforcer les moyens mis en œuvre”

“I l n’y a pas plus de pression que sur les autres chantiers. Nous devons terminer dans les délais que nous tiendrons. En ce qui nous concerne, notre lot sera achevé en 2014. L’année qui s’annon- ce est très importante puisqu’on va ren- forcer nos effectifs sur le chantier du tramway comme cela était prévu au L’entreprise Bonnefoy de Saône travaille sur le chantier du tram. Frédéric Bonnefoy confirme que le calendrier sera tenu. “Nous tiendrons les délais”

Le coordinateur du chantier tram pour l’agglo explique la prouesse de

la pose des lignes aériennes de contact, on leur a demandé d’installer leurs équipements avant même que la pose des voies soit terminée. Tous ces tableaux posés bout à bout et mis en musique font gagner six mois. L.P.B. Les fronts de chantier vont-ils se mul- tiplier encore ? P.G. : Oui. Actuellement, nous avons deux fronts de pose des rails sur le lot Infra 1 et deux autres sur le lot Infra 2. À partir du premier semestre, on va passer à six fronts, un de plus sur chaque lot.C’est comme ça aussi qu’on pourra gagner le temps annoncé. Propos recueillis par J.-F.H.

de circulation en juin dernier, ce qui vous a valu des critiques, mais ainsi onpeut faire les travaux du tramavant le chantier qui vient de démarrer devant la gare, qui était censé démar-

rer plus tôt. Plutôt que de passer après, on est passé avant. Nous avons aussi demandé àTransdev d’anticiper la formation des futurs conducteurs du tram et d’avancer le calen- drier des essais.Même chose pour les entre- prises qui réaliseront les carrefours à feux et

gagner six mois sur le calendrier.

“Anticiper la formation des futurs conduc- teurs.”

L a Presse Bisontine : Comment expli- quer que du jour au lendemain, on gagne six mois ? Pascal Gudefin : Comme l’ont dit les entreprises, la plupart d’entre elles vont mettre beaucoup plus demoyens humains et logistiques qu’en 2012. Pour un coût qui reste le même au final pour le maître d’ouvrage. On a incité les entreprises à mettre à pro- fit tous les gains réalisés ces derniers mois (donc ce n’est pas du jour au len- demain), ce qui fait autant demarges non consommées car nous n’avons pas eu de mauvaises surprises. Sur Infra 1,cela s’est traduit par une vraie accé- lération du chantier depuis le mois de juin dernier et sur Infra 2, c’est à partir de ce mois de janvier que les entreprises vont renforcer lesmoyens mis en œuvre. L.P.B. : C’est donc bien l’agglo qui a pous- sé pour que les choses avancent plus vite ? P.G. : Nous avons aussi fait en sorte de mettre à disposition des sites plus vite que prévu initialement. Par exemple, celui de la gare.On a fermé deux voies

planning. Jean-Louis Fousseret peut être serein, car les prix sont entre 5 et 10 % en dessous des estimations. Néanmoins, on ne connaît pas préci- sément à ce jour le mon- tant final de la facture. Il est trop tôt pour dire où nous allons atterrir. Les comptes seront faits

“L’après- tram nous inquiète.”

à la fin du chantier. Ce qui nous inquiè- te aujourd’hui, ce n’est pas le tram mais ce qui se passera après. 2014 nous fait peur. Ce sera une année d’élection et le tram sera en cours d’achèvement. On ne croit guère que des gros chan- tiers d’État comme l’aménagement de la R.N. 57 entre École-Valentin et Deve- cey, sortiront des cartons alors qu’ils sont extrêmement importants pour l’Ag- glo. Il faut que les donneurs d’ordre prennent le relais et engagent des chan- tiers, sinon l’après-tram risque d’être terrible pour la profession.”

Pascal Gudefin, le M. Tram à Besançon.

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 140 - Février 2013

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SÉCURITÉ Le débat relancé Les correspondants de nuit sont-ils efficaces ? L es correspondants de nuit sont repérables grâ- ce à leur manteau jau- ne. Parcourant les quar-

Le service de médiation sociale nocturne auprès des Bisontins est remis en question par un élu d’opposition alors que la majorité le défend bec et ongles. Il en coûte 950 000 euros à la collectivité, soit 9 euros par habitant et par an. Éléments de réponse.

950 000 euros qui a évolué au fil des années avec des horaires d’hiver et d’été, une prolonga- tion du service à Battant et au centre-ville le jeudi soir jusqu’à 2 heures hors vacances scolaires, et une extension des périmètres d’intervention à Saint-Claude. En charge de ce dossier, Fred Allemann, adjoint à la préven- tion et à la tranquillité ne com- prend pas cette remise en ques- tion “alors que tous les élus ont approuvé ce service en commis- sion, soit quelques jours avant le conseil municipal.” Coup politique ou vrai débat ? Appréciés sur le terrain, les C.D.N. (correspondants de nuit) ne sont pas là pour faire de la délation ni pour faire la police. “Environ 1 000 appels par an sont réceptionnés. 86 % de ceux- ci provoquent une intervention directe. Le taux d’intervention dans le quart d’heure qui suit est de 84 %” , rapporte l’élu. Dans le contrat, les correspondants doivent passer dans 36 % des rues et ce, dans plusieurs sens.

se a connu une recrudescence des faits (+ 16 %), pendant qu’Orchamps connaissait une forte baisse du fait de la bais- se de population (- 44 %), Bat- tant (+ 25 %), La Grette (- 24 %). Formés aux premiers soins, ces “médiateurs” ont également un rôle social. Besançon y tient. “23 personnes qui sont en dif- ficulté sont rencontrées dont 7 nouvelles visites de courtoisie. Au total, 118 visites à domici- le ont été réalisées” se satisfait l’élu. Avec un coût qui frise le million d’euros - dont une partie prise en charge par les bailleurs sociaux -, les C.D.N. remplis- sent leur mission. Sur le ter- rain, les Bisontins ont appris à reconnaître les blousons jaunes… synonymes parfois de rayon de soleil dans la nuit. À l’inverse, de nombreux Bison- tins ignorent leur existence. Leurs voisins seraient-ils des anges ?

“Sur le terrain, il passe tous les deux jours dans 51 % des rues.” Autant dire qu’ils remplissent leur mission mais encore une fois, ces analyses subjectives sont délicates à interpréter. Pour Fred Allemann, la baisse des faits est un élément du bon fonc- tionnement sur les 6 167 loge- ments “surveillés”. En 2008, 914 faits étaient relevés pour 925 l’année suivante, 741 en 2010, 802 en 2011 et638en 2012. La plupart des appels et inter- vention concernent des pro- blèmes de voisinage (59 %), des rassemblements (6 %), des

tiers et les rues de Besançon, 18 personnes gèrent les pro- blèmes de nuisance, tapages nocturnes, et parfois les résol- vent. C’est à boulet rouge que Jean Rosselot (U.M.P.) a tiré sur les manteaux jaunes, service fonctionnant 365 jours par an. Selon l’élu d’opposition en lis- te pour la candidature aux muni- cipales de 2014, “ce service est trop cher au regard de son effi- cacité” , dit-il avant d’affirmer que Dijon l’a stoppé pour la simple et bonne raison qu’il ne donnait pas satisfaction. Ren- seignement pris auprès du Grand Dijon, les correspondants de nuit sont toujours en place chez notre voisin… que nous imitons, ou recopions, depuis 2007. La majorité, irritée, a réagi en défendant son service. Elle a voté pour son renouvellement pour un montant de

troubles sur la voie publique (6 %), des per- sonnes en détres- se (9 %), des dys- fonctionnements techniques (1 %). Les appels se concentrent le samedi soir (18 %), le mercre- di (15 %) et le jeu- di (14 %). Planoi-

Recrudes- cence à Planoise et Battant.

Les correspondants de nuit interviennent en centre-ville et dans les quartiers (photo J.C. Sexe - Ville de Besançon).

E.Ch.

TRAVAUX

Le pont bientôt prêt à accueillir le tram La nouvelle figure de Battant Vendredi 16 décembre, les six premiers éléments du nouveau pont Battant ont été posés à vitesse grand V. Début juin, il sera ouvert à la circulation des piétons. L a statue du marquis Jouffroy- d’Abbans a supervisé la scène, de loin, comme l’ont fait des dizaines d’autres Bisontinsmas-

toire que Jean-Louis Fousseret puis- se le couper. Finalement, le président d’agglomération venu superviser le bon déroulement du chantier de l’année n’a pu ciseler le ruban et inaugurer la structure assemblée par l’entreprise Bouygues, faute de temps dans son agenda. “Il y a plus grave. Je préfère voir que tout avance plus vite que pré- vu et sans danger” s’est réjoui le mai- re devant le pont naissant. La rapidité d’exécution a surpris.Débu- tée à 6 h 30 du matin vendredi 17 décembre, la pose par une grue de 700 tonnes s’est déroulée sans ani- croche sauf pour le cinquième élément qu’il fallut raboter à certains endroits. Plus large que l’ancien pont (de 17 à

24 mètres), cette structure permettra au tram de transiter du centre-ville au quai Veil-Picard. Six éléments ont été assemblés. Début avril, la pose des douze derniers éléments (en direction de la Boucle) sera tout aussi specta- culaire grâce à la grue de 700 tonnes qui avancera sur la première partie du pont pour souder les derniers élé- ments. Le nouveau pont sera ouvert à la cir- culation des piétons après le collage des rails, en juin. Le choix de ce type de pont en morceaux aura permis d’économiser 5 millions d’euros (7 mil- lions d’euros au lieu de 12 millions).

sées derrière les balustrades de sécu- rité. Vendredi 16 décembre, de nom-

breux badauds ont assisté à unmoment“historique” : la pose du nouveau pont Battant, futur lieu de pas- sage du tramway. Le chantier fut millimé- tré en tous points. Les concepteurs du pont Bat- tant ont poussé le détail jusqu’à la confection d’un immense ruban rouge sur l’une des structures, his-

Large de 24 mètres.

Une grue de 700 tonnes pour soulever des éléments allant de 36 à 104 tonnes.

A 12 heures, le cinquième élé- ment est posé. Trop

large, il est légèrement raboté.

Jean-Louis Fousseret assiste au déroulement des opérations.

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 140 - Février 2013

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SOCIÉTÉ

La gestation pour autrui Les “pour” et les “contre” affûtent leurs arguments Le projet d’ouvrir le mariage aux couples homosexuels sera discuté d’ici la fin du mois au Parlement. Dans le Grand Besan- çon, il y aussi les pour et les contre. Quels sont leurs arguments ?

La discussion autour du mariage gay doit avoir lieu à la fin du mois de

L a mobilisation contre le projet de loi autori- sant à deux personnes du même sexe de se marier ne faiblit pas. Du Grand Besançon, des bus

partiront en direction de Paris le 13 décembre pour gonfler les rangs de la manifestation des- tinée à marquer les esprits et pourquoi pas, faire plier le gou- vernement sur cette question. lusieurs élus locaux ont confir- mé leur intention de se joindre au défilé parisien. L’Église catho- lique, les diocèses et notamment celui de Besançon par la voix de son archevêque Monseigneur Lacrampe, ainsi que l’enseignement catholique, ont été les premiers à se prononcer contre le projet de loi, avant même que les citoyens com- mencent à prendre la mesure de ce texte qui changera en pro- fondeur le code civil. Pour l’Église et l’enseignement catholique, “toutes les options individuelles n’ont pas à être instituées, au risque d’ébranler des références sociales aussi fondamentales que le mariage, union d’un hom- me et d’une femme, et la famil- le, cellule de base où la respon- sabilité éducative est exercée par un père et une mère.” Une pre- mière manifestation, le 17 novembre dernier, avait atti- ré 100 000 personnes à Paris. ls devraient être trois fois plus nombreux le 13 janvier selon les prévisions des organisateurs. Les pro et les anti-mariage gay se renvoient dos à dos leurs arguments. es anti-réforme cher- chent déjà à “sortir de la cari- cature des opposants au maria- ge pour tous, catalogués comme intégristes, homophobes ou de droite” commente une des oppo- santes. Les premiers arguments de ceux qui critiquent ce projet de loi s’appuient sur le fait que le mariage homosexuel mène- ra forcément à l’adoption. Deuxième souci aux yeux des opposants, la présomption de paternité qui pourrait dispa- raître, ce qui obligerait les pères hétérosexuels mariés à faire une reconnaissance précoce de paternité. ls estiment aussi que le fait de normaliser l’homoparentalité pourrait per- turber les enfants psychologi- quement, quelle que soit d’ailleurs la sexualité de leur parent. “On diluerait les repères “pères” et “mères” au profit de “parent”. La loi viendrait dire aux enfants, deux parents, que ce soit du même sexe ou de sexes opposés, c’est pareil. La loi men- tirait aux enfants” note un pédo- psychiatre. Les craintes des opposants vont plus loin encore en estimant que la procréation médicale- ment assistée (P.M.A.) risque d’ouvrir la voie à la gestation pour autrui (G.P.A.), via les mères porteuses, pour les couples d’hommes. “Va-t-on laisser des filles de 18 ans fauchées porter un enfant pendant neuf mois pour un couple homosexuel ?” se demande une élue pourtant cataloguée à gauche. La plupart des opposants au mariage pour

tous prônent, pour trancher le débat, l’instauration d’une union civi- le qui prévoirait les mêmes droits patrimoniaux que le mariage. Tous ces argu- ments se confron- tent à la position des pro-mariage gay qui soutien- nent tout simple- ment le respect du principe d’égalité. Selon eux, les argu- ments avancés contre le maria- ge homosexuel véhiculent les mêmes peurs et les mêmes préju- gés que ceux uti- lisés aux États- Unis pour interdire le mariage interra- cial avant que la

janvier au Parlement.

RÉACTION

Barbara Romagnan “Un enfant adopté par un couple d’homosexuels sera désiré” La jeune députée socialiste de Besançon fait partie de ceux qui soutiennent pleinement le projet. Au nom de l’égalité totale.

“Aucun argument juridique pour interdire.”

L Presse Bisontine :Êtes-vous pour ou contre ce projet,et pour quelles raisons précises ? Barbara Romagnan : Je suis pour. Je sou- tiens ce projet pour deux raisons essen- tielles. Concernant le mariage pour tous, il me semble que vouloir institutionna- liser son amour, son lien d’attachement doit être accessible à tous, indépen- damment de ses préférences amoureuses et de son orientation sexuelle. Les couples homosexuels doivent, comme les autres couples, pouvoir faire le choix de se marier ou non. C’est l’égalité que doit garantir notre République. Ce projet est également des plus néces- saires au regard de la possibilité pour les couples homoparentaux d’adopter. En effet, on estime aujourd’hui que plus de 100 000 enfants vivent dans un cadre homoparental, mais seul l’un de leurs deux parents exerce l’autorité parenta- le sans qu’aucun droit ni devoir ne soit reconnu au deuxième parent. Il est impor- tant que ces familles soient reconnues par la société, d’abord pour ces enfants. L.P.B. : Que répondez-vous à ceux qui s’érigent contre cette réforme (et qui réfutent qu’on les taxe d’homophobie) ? B.R. : Être contre ne signifie pas pour autant être homophobe, même si on peut regretter et condamner les propos outran- ciers parfois tenus. Quelle que soit la position que l’on défend, il me paraît essentiel de respecter celle des autres

et de se garder de tout anathème. Ces questions interrogent chacun sur sa conception personnelle de la famille et de la vie en société. L.P.B. : Comme l’affirment nombre de pédo- psychiatres, n’y a-t-il pas un vrai risque de per- te de repères des futurs enfants si la P.M.A. voi- re la G.P.A. découlent ensuite de cette réforme ? B.R. : Il serait inexact de dire que les pédopsychiatres sont contre l’homoparentalité. Au contraire, ils sont partagés à ce sujet, et de nombreux sont pour. De même, il est essentiel de bien distinguer la P.M.A. de la G.P.A., cette dernière nécessitant l’utilisation voire l’exploitation du corps d’autrui, et en l’occurrence le corps de femmes. Le couple parental homosexuel, la P.M.A. (tech- nique déjà utilisée pour les couples hété-

L’essentiel, selon moi, est effectivement d’expliquer sereinement les choses aux enfants. Par ailleurs, je ne peux m’empêcher de penser qu’un enfant adopté par un couple d’homosexuels sera véritablement dési- ré par ses deux parents, qui auront depuis le début construit à deux ce pro- jet d’avoir un enfant. L.P.B. : N’est-ce pas une réforme précipitée qui méritait un vrai et large débat de société ? B.R. : Cette réforme justifie en effet un grand débat, il a d’ailleurs lieu depuis plusieurs semaines à l’Assemblée natio- nale et dans la société. Je tiens tout de même à rappeler que cette proposition est portée depuis de nombreuses années par les parlementaires socialistes et les associations défendant les droits L.G.B.T., et que par conséquent le débat n’est pas nouveau en France et se tient depuis longtemps. J’ajoute que la France n’est pas précurseur en la matière, puisque de nombreux pays en Europe et dans le monde ont déjà légiféré en ce sens. L.P.B. : Au sein même du P.S., certaines voix s’élèvent contre le projet. Y a-t-il des consignes de vote unanime au sein du groupe P.S. ? B.R. : Sur ce projet comme sur d’autres, les avis peuvent être nuancés. Étant donné la complexité de la question, je trouve cela rassurant et justifié.

Cour suprême ne déclare en 1967 cette interdiction contrai- re à la Constitution américai- ne. Ils pensent aussi que l’interdiction du mariage aux couples de même sexe se fonde sur une idée étriquée du maria- ge, plus proche du sacrement que du contrat civil en estimant “qu’il n’existe aucun argument juridique pour interdire lemaria- ge homosexuel.” Depuis la Révo- lution, le mariage est avant tout un acte civil, juridique, sanc- tionné par la seule autorité de l’État. Les pro-mariage gay dénoncent enfin comme non fon- dée l’association faite par les “anti” entre mariage et filiation. “Faire de la filiation une carac- téristique essentielle du maria- ge revient à assigner une fina- lité reproductive à la sexualité” affirme ce partisan du projet. Qui ajoute : “Toutefois, ce n’est pas parce que les couples du même sexe ne peuvent pas se reproduire par les voies biolo- giques qu’ils doivent renoncer à la filiation. L’adoption et les techniques de procréation médi- calement assistée devraient aus- si pallier la stérilité de tous les couples.” La recevabilité de tous ces argu- ments, qu’ils soient pour ou contre le mariage gay, aurait sans doute mérité une plus lar- ge consultation de la popula- tion. Car à quelques jours seu- lement d’un vote à l’Assemblée, les citoyens commencent à pei- ne à s’apercevoir que contrai- rement à d’autres grandes réformes qui ont pourtant mar- qué les dernières décennies en France, celle-ci touche au cœur des rapports sociaux entre citoyens eux-mêmes, et entre parents et enfants. J.-F.H.

rosexuels) constituent des changements essentiels qui ne sont évidemment pas sans incidence sur les repères et il faut prendre cela au sérieux. Cependant, il y a bien longtemps que les modèles sur le couple, la parentalité et la famille évoluent. Ces repères dif- férents sont aussi une réa- lité dans les familles où les parents sont séparés, dans les familles homoparentales, dans les familles où les cul- tures se mélangent…

“Cette réforme justifie en effet un grand débat.”

Propos recueillis par J.-F.H.

Le maire de Besançon “Je marierai les couples homosexuels”

Pascal Routhier, maire de Saint-Vit “J’appliquerai la loi, tout simplement”

“Le projet de loi sera débattu au Parlement, je respecte- rai le vote qui en découlera” , indique Jean-Louis Fousse- ret. En tant que maire de Besançon, il affirme donc vou- loir “appliquer la loi. Je marierai donc les couples homosexuels si la loi l’autorise. Ce genre de loi correspond à une évolution de la société et même si cette question concerne la sphère personnelle, c’est une évolution que je constate. Et la France n’est pas le seul pays à évoluer ain- si. Il ne faut pas être plus hypocrite que les autres et la loi s’adapte simplement à l’évolution d’une société qu’on ne doit pas nier.”

“Je n’ai pas pris position sur le sujet. J’appliquerai la loi tout simplement. Si demain je suis amené à marier des couples homosexuels, alors je les marierai. Cela ne me pose aucune difficulté. Le mariage pour tous est le signe que la société évolue et qu’elle est prête à avancer dans le sens d’une loi. Je remarque d’ailleurs que quand je discute avec des jeunes de cette question, ils n’y voient aucune objec- tion. L’homosexualité n’est plus le sujet tabou qu’il a pu être. Tout cela est lié aussi à une question d’éducation et d’ouverture. Une fois encore, je marierai des couples homo- sexuels, mais je pense en revanche que tous les maires ne seront pas disposés à le faire.”

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