La Presse Bisontine 77 - Mai 2007

La Presse Bisontine n°77 - Mai 2007

DOSSIER

23

VENTE

SPECTACLE

Des clients venaient de Strasbourg

Une comédie musicale

Weil a inventé la vente à prix d’usine Tous les Bisontins, et bien au-delà, de nombreux consom- mateurs des départements voisins, ont connu les ventes au magasin d’usine de la rue de Chaillot.

Weil, société du spectacle Le monde des paillettes faisait aussi partie des moteurs de la famille Weil. Dans l’usine, on a même monté des spec- tacles de toutes pièces, histoire de mobiliser les troupes.

“H enri Weil a eu un grand regret : celui de ne pas avoir pu exercer le métier d’acteur” avoue un sala- rié de l’entreprise. Cette attirance pour le monde du spectacle et des paillettes était une des caractéristiques des dirigeants de la société textile. S’il n’a pas pu monter sur scène, Henri Weil a compensé en par- tie cette frustration par les nombreuses relations qu’il a nouées avec le monde du show biz . Johnny Hallyday était un de ses copains. Tout comme Serge Reggiani et Charles Tré- net dont il connaissait le répertoire par cœur. Dans les couloirs de l’entreprise, il arrivé de voir la silhouette de Gilbert Bécaud, ou de l’acteur Victor Lanoux venant choisir un costume. “Un jour, M. Henri est venu vers une de mes collègues à la pro- duction lui donner un mouchoir en papier. C’était le Kleenex sur lequel Johnny avait essuyé sa transpiration lors de son concert à Besançon” rapporte cette ancienne ouvriè- re Weil. “Une fois, Henri Weil m’a invité chez lui avenue Clemenceau pour me faire plaisir. Il y avait Jean-Claude Brialy. Une autre fois, il m’a dit de venir à l’improviste. Sur- prise : il était en train de déjeuner avec Jean Lefebvre” ajoute le directeur com- mercial. Le spectacle était aussi pour les Weil un moyen de cohésion de ses salariés. Et notam- ment dans les périodes plus difficiles. Les

salariés présents cette année-là ont enco- re enmémoire cette comédie musicale mon- tée de toutes pièces en 1987 à l’intérieur de l’usine. Tout le monde y a mis son éner- gie : les menuisiers Weil, les plâtriers- peintres de l’usine, les mécaniciens auto, ont construit le décor de cette “Île de la Merweil” - c’était le nom du spectacle -, jouée à guichets fermés au théâtre de Besan- çon ce samedi 12 décembre 1987. Et logiquement, c’est un Weil, Bertrand, qui a coordonné la représentation et joué

I l fallait s’armer de patien- ce avant d’entendre épelé son numéro d’appel. Par- fois, aux beaux jours, on voyait des familles déployer la table de camping sur le parking de l’usine et pique-niquer en atten- dant de pouvoir monter aux étages. Ensuite, il y avait fou- le dans le grand monte-char- ge qui servait d’ascenseur col- lectif. Arrivé au bon étage, il déversait ses dizaines de clients avides de trouver les bonnes affaires à prix usine. Dans le magasin, une ribambelle de vendeurs attendait les consom- mateurs qui venaient souvent habiller toute la famille. Weil a lancé dès les années cin- quante - encore une fois, l’en- treprise bisontine a été une pionnière - le concept des ventes à prix d’usine. Les prix étaient affichés hors taxes, ça faisait encore moins cher. Et même si, une fois en caisse, on devait régler une addition T.T.C., on repartait toujours avec l’im- pression d’avoir fait d’excel- lentes affaires. Les consom- mateurs ne s’y trompaient pas, qui n’hésitaient pas parfois à faire plus de 200 km pour venir aux ventes d’usine à Besançon. “On voyait des gens venir de Strasbourg” rappelle un sala- rié Weil. Les affaires étaient aussi excel- lentes pour la société Weil qui a multiplié le concept dans d’autres villes de France - les magasins sont aujourd’hui à l’enseigneAcced - et c’était aus- si une affaire juteuse pour les salariés de chez Weil.

sur les planches. Ce même Bertrand Weil a collaboré plusieurs fois avec Jean Pétrement du théâtre Bac- chus pour les spectacles de l’entreprise, compagnie Bacchus sont il sera plus tard un des principaux mécènes. “Dans cette entre- prise qui, comme nous, n’embauche pratiquement plus, il faut ranimer de l’in- térieur la jeunesse d’esprit du personnel qui n’est plus piquée par l’arrivée exté- rieure de plus jeunes” argu- mentait Bertrand Weil la veille de la première de cet- te comédiemusicale. C’était en 1987. L’espoir faisait encore vivre et donnait des ailes. J.-F.H.

Johnny Hallyday était un de ses copains.

Lors des grandes ventes du samedi, le parking de l’usine était bondé rue de Chaillot.

Car en même temps que le concept des magasins d’usine, Weil avait inventé le concept du “comment gagner plus en travaillant plus”, si cher à cer- tains hommes politiques aujour- d’hui. “Ce système convenait à tout le monde, se souvient Ber- trandWeil. Les salariés qui vou- laient arrondir leur fin de mois venaient le samedi en tant que vendeurs. Ce n’était pas consi- déré comme des heures sup- plémentaires mais comme un deuxième travail dans la même entreprise. Le système était un peu “limite” reconnaît l’ancien

patron, mais tout le monde y trouvait son compte.” Une chose est sûre, les syndi- cats n’ont jamais trouvé à redi- re sur ce système gagnant- gagnant. “Il y avait un consensus total. Il n’y a jamais eu de problèmes de pru- d’hommes, les salariés étaient payés en primes.” Ce système avantageux a connu un coup d’arrêt brutal quandWeil reçut l’ordre, sous le gouvernement Balladur en 1994, d’interrompre ces pratiques de vente jugées contraires aux règles sociales en vigueur. J.-F.H.

rue de Chaillot seront rasés

Le bâtiment de la rue

de Chaillot a été édifié à partir de 1960, en plusieurs phases.

actuels bâtiments. Ensuite, la construction des petits collectifs viendra remplacer le vaste bâti- ment actuel. Le projet Néolia pré- voit l’édification de 200 nouveaux logements environ. Le program- me sera étalé sur les cinq pro- chaines années. Néolia a ajouté un nouveau pro-

jet à ce programme. “Nous avons l’ambition d’adapter complètement un des futurs bâtiments aux per- sonnes âgées. Car nous savons qu’il y a de réels besoins” ajoute Phi- lippe Torrès. Le permis de construire sur la pre- mière tranche de travaux - le local Acced - doit être déposé d’ici la fin

mai. Ce futur bâtimentAcced doit être construit pour lami-2008. La commercialisation de la partie dédiée à l’accession à la proprié- té démarrera aussi l’an prochain. Les deux tiers de ces 200 futurs logements seront ouverts à l’ac- cession, le tiers restant sera réser- vé à la location. J.-F.H.

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