La Presse Bisontine 77 - Mai 2007

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n°77 - Mai 2007

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En place depuis 2005, Marie Spinelli-Flesch cherche à valori- ser le potentiel du musée en le transposant dans une dimen- sion contempo- raine, pragma- tique et récréative.

NANCRAY Un nouvel élan Musée de Nancray : la tradition au service de la modernité

Le musée des maisons comtoises peine à trouver son second souffle. La relance du site s’appuie sur des programmes d’anima- tions et d’expositions en phase avec les préoccupations contemporaines.

s’est progressivement essoufflé et avoisine bon anmal an 35 000 personnes. “Ce déclin n’est pas propre àNancray et s’observe sur d’autres sites similaires.” Renouer avec le public ne signi- fie pas forcément aller vers des opérations à très forte notoriété populaire à l’exemple de ce se pas- sait lors des fameuses chasses à l’œuf qui réunissaient certes la foule des grands joursmais dans une ferveur bien éloignée de l’am- biance détendue qui devrait pré- sider aux lieux. Fini le quantita- tif, place à des animations plus raisonnables et ciblées sur une dimension associant le ludique au pédagogique. Au calendrier 2007 figurent 12 ateliers dont la moitié destinée aux scolaires. Tous lesmercredis

et en période de vacances, les enfants peuvent ainsi s’initier à diverses thématiques : jardiner bio, herbier, nichoirs, création de cabanes…Ils étaient l’an dernier près de 9 500 à prendre part à ces rendez-vous. Les adultes se verront proposer des séances autour de la cuisine au four à pain, des multiples utilisations de l’ortie, de l’exploitation et de l’entretien d’une ruche… Avec l’hommage à l’abbé Garneret, le programme des expositions se décline sur des sujets qui fleu- rent bon la ruralité : “Blé, bottes de paille et sacs de grain” ou enco- re “l’attelage : bœuf et cheval, trait pour trait”. Le quotidien du musée retrouve une dynamique pleine d’actuali- té au fil des animations propo-

samaison” (1 er juillet) ou sur l’évo- lution du rôle de la femme dans la société rurale (30 septembre). “On souhaite aller vers une aug- mentation des journées théma- tiques. Parallèlement à cette approche, on développe égale- ment unemuséographie qui pren- dra place dans chaquemaison et abordera des centres d’intérêts variés : lesmatériauxde construc- tion bioclimatique, la filière bois, l’évolutionde l’agriculture…” ajou- teMarie Spinelli-Flesch. De quoi habiter bien des envies de sorties en direction de Nancray.

sées en week-end jusqu’au 8 et 9 décembre, date du traditionnel marché deNoëlmis enplace avec l’association des parents d’élèves de Nancray. Les rendez-vous de saisons : troc auxplantes (10 juin), récoltesdesgraines (23septembre) côtoient desmanifestations d’en- vergure nationale comme la jour- née de la biodiversité (20 mai), les journées européennes dupatri- moine (15 et 16 septembre), la semaine du goût (7 au 21 octobre)… À cela s’ajoutent des rencontresaxées sur des sujets pragmatiques comme “rénover

“L e projet de développement en cours s’inscrit dans la continuité de l’œuvre de l’abbé Garneret en prenant en compte l’évolution du public. Les générations les plus anciennes partagent encore un vécu et des souvenirs avec les maisons pré- sentées ici. Les plus jeunes sont en revanche complètement décon- nectés. Il importe de recréer ce lien en s’appuyant sur des probléma- tiques actuelles comme l’énergie, l’environnement, l’alimentation. Parmi les solutions durables pré- conisées, on aura recours aux tra- ditions en expliquant par exemple, l’intérêt du chauffage aubois, l’art d’économiser l’eau. Autant d’as- pects qui peuvent faire l’objet d’ex- positions, d’ateliers thématiques, d’animations” , indiqueMarieSpi- nelli-Flesch, la directrice-conser- vatrice qui présentait le 5 avril dernier le programme d’activités 2007.

Une saisonmarquée notamment par le centenaire de la naissan- ce de l’abbé Garneret. Un évé- nement célébré par un homma- ge au fondateur le dimanche 22 avril en partenariat avec l’as- sociationFolklore Comtois et par une exposition semi-permanen- te. Le travail de reconstitution de l’ensemble du patrimoine bâti comtois se poursuit avec le remon- tage d’une ferme du Haut-Jura. La fin du chantier est prévue d’ici fin 2007 et l’édifice sera acces- sible au public à la prochaine sai- son. “ Après ça, il manquera jus- teunemaisonvigneronne” , indique la conservatrice qui semble ouver- te à toute suggestion sur le sujet. Enrichir les collections ne suffi- ra probablement pas à réactiver l’attractivité d’un site qui accueillait plus de 45 000 visi- teurs dans ses plus belles années. Au fil des années, l’engouement

ENVIRONNEMENT Un réseau d’échanges

Au secours des semences oubliées Plusieurs associations s’impliquent dans la création d’un réseau de producteurs et d’uti- lisateurs de semences locales. Appel aux jardiniers soucieux d’authenticité comtoise.

“C e projet est en réflexion depuis une dizaine d’années. Il s’ins- crit maintenant comme la seu- le alternative crédible au développe- ment des O.G.M. et peut ainsi contribuer à préserver la souveraineté alimentaire de différents pays” , explique l’un de ses instigateurs, Henri Renaud, par ailleurs chargé de mission à Doubs Nature Environnement. Ce réseau associé au collectif “Pour une Franche-Comté sans O.G.M.” et aux “Jardins de Fraîche-Comté” défend bec et ongles ce projet qui sera déve- loppé en partenariat avec les collecti- vités régionales, départementales et locales, le tout avec l’appui du Musée de Nancray comme support de conser- vation in situ des variétés locales. La carotte jaune obtuse du Doubs ou la pomme Belle fille de Salins, sont par exemple deux des variétés locales à réhabiliter. La création de cette banque de semences paysannes nécessite de réunir toutes les variétés encore cultivées afin de constituer simultanément un réseau de producteurs intéressés par des échanges. “Cela suppose de trouver des jardiniers motivés. Ce dispositif régio- nal fonctionnerait en lien avec le réseau “Semences paysannes” et avec l’asso- ciation “Kokopelli” qui militent dans ce domaine à l’échelle nationale. Avec la standardisation des semences et l’ar- rivée des O.G.M., on estime avoir per-

du entre 80 et 90 % des variétés origi- nelles au profit des variétés hybrides. Cette banque de semences répond ain- si aux menaces qui pèsent sur la bio- diversité en général.” Le lancement du projet est program- mé sur deux années avec un bilan intermédiaire établit à mi-parcours. Il comporte plusieurs axes d’inter- vention : recherche de producteurs et de semences, formation des acteurs, construction des espaces de conser- vation, développement d’un centre de ressources et sensibilisation des sco- laires. “On prospectera dans un pre- mier temps en participant à différentes manifestations telles que le printemps Bio à Besançon qui se tiendra les 12 et 13 mai ou encore la Bourse aux plantes, le salon “Alimenterre” …

Photo : J-P MAUJEAN

À plus ou moins long terme, il faudra pou- voir réunir trois ou quatre producteurs pour chaque variété. À partir de là, leur ave- nir semble moins com- promis dans la mesu- re où il s’avère alors possible de procéder à des mélanges. Le bud- get nécessaire à cette mise en route s’élève à 14 600 euros, financés par l’ensemble des par- tenaires concernés.

Trouver des jardiniers motivés.

La carotte jaune obtuse du Doubs, espèce en voie de disparition.

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