La Presse Bisontine 77 - Mai 2007

36 LE FEUILLETON TGV

Presse Bisontine n°77 - Mai 2007

REPORTAGE Lot A4

Chaucenne, centre névralgique du chantier T.G.V. Dans cette commune, 900 m 2 de bureaux ont été aménagés. C’est de là que sont pilotés les travaux de la ligne grande vitesse sur le tronçon qui s’étend d’Ougney à Châtillon-le-Duc.

À Chaucenne, en pleine campagne, est implanté un des sept centres névralgiques du chantier de la ligne L.G.V. Rhin-Rhône. Il y en existe un par lot de travaux. Cette base logistique a en charge le lot A4, qui cor- respond à un tronçon de 29 km entre Ougney et Châtillon-le-Duc. Il a été attribué à un groupement de cinq entre- prises (D.T.P., Bec, S.T.D., Norpac et Pertuy Construction) qui a pour mis- sion de réaliser à la fois le terrasse- ment du T.G.V. (S.T.D., Bec, D.T.P.) et

travail. La mission principale de ce pôle névralgique est donc “de transformer les données du projet en un plan d’exé- cution qui est communiqué aux équipes de travaux qui les réalisent sur le ter- rain.” Le problème est que les choses se passent rarement comme elles ont été prévues en théorie. “Donc on ajus- te constamment le process pour l’adap- ter dans le temps. Nous étudions en per- manence certains chemins critiques qui peuvent avoir des conséquences sur la date finale du chantier” remarque le directeur de projet. Il y a deux aléas, que les techniciens redoutent : c’est la qualité du sol ren- contrée sur le tracé, et la météo. Les fortes pluies sont une contrainte dans le déroulement du chantier, et peuvent l’arrêter parfois. Des paramètres avec lesquels il faut jouer. Mais plus que tout, l’aventure T.G.V. est d’abord une affaire d’hommes. “Il faut que tous ces gens travaillent ensemble pour parve- nir à réaliser ce projet” termine Hervé Pinchinot. La base de Chaucenne don- ne le ton de l’esprit d’équipe. T.C.

la sous-couche ferroviaire. On s’arrête finalement juste avant la pose du bal- last” explique-t-il. Sur le papier, ça paraît simple. Dans les faits, ce projet mobilise une logistique et des moyens humains impressionnants (500 emplois sur le lot A4 d’ici l’été et 200 engins). Il impo- se un planning rigoureux et d’une éton- nante complexité. C’est à partir de ce document que sont coordonnées toutes les équipes qui interviennent sur le ter- rain, le flux de circulation des engins, le transfert des matières, les délais, etc. L’objectif est que tout fonctionne com- me mécanique bien huilée de la façon la plus économique possible. La ges- tion du planning laisse très peu de pla- ce à l’imprévu. “On a une toute petite marge de manœuvre estime Hervé Pin- chinot. C’est un peu comme l’histoire du battement d’aile de papillon. un petit événement peut avoir des répercussions importantes. Quand on déplace quelque chose, on doit en mesurer les consé- quences.” 900 m 2 de bureaux sont implantés à Chaucenne pour environ 70 postes de

les opérations de génie civil (Norpac, Bec, Per- tuy Construction). Ces cinq sociétés ont donc installé leurs quar- tiers à Chaucenne. C’est de là que sont pilotées toutes les interventions sur le terrain. Hervé Pinchinot de D.T.P., est directeur de projet. C’est lui qui coordonne cet ensemble. “Nous avons pour mission de réali- ser les travaux jusqu’à

“On a une toute petite marge de manœuvre.”

ATELIER

54 engins à entretenir On ne badine pas avec la mécanique L’avancée du chantier L.G.V. dépend aussi de l’entretien du parc matériel essentiel à sa réalisation. Dans les ateliers de Chaucenne, les mécanos s’affairent, prêts à se porter au chevet de ces machines qui ne sont pas invulnérables.

ne est trop importante, qu’elle ne peut pas être prise en charge sur la base de Chaucenne, “alors on démonte l’organe et on l’expédie à Bourg-lès-Valence.” Si ces machines sont peut-être imposantes, leur moteur relève de la mécanique de précision. Devant son établi, Sébastien mécanicien D.T.P. répare le distributeur d’une niveleuse. “C’est le cerveau de la machine, aumême titre que la pom- pe est le cœur et les vérins les bras dit-il. Un chauffeur m’a appelé pour un problème de direction. J’ai d’abord cherché la panne. En ouvrant le bloc de valve, nous avons trouvé des morceaux de ressorts. Nous en avons cherché la prove- nance et c’est ainsi que nous sommes remontés jusqu’au distributeur.” Ce type d’opération relève de l’in- tervention chirurgicale. De l’avis des professionnels, cette mécanique est plus complexe que celle d’une voiture. “On ne va pas dépanner avec une simple clef à mollette, mais avec un ordinateur” annonce Jean-Michel Barbier qui en quarante ans de carrière a vécu toute l’évolution du métier. “On fait plusieurs tests. Il ne faut pas se tromper dans le diagnostic.” Au final, grâce à l’outil informa- tique, les mécaniciens arrivent à tout connaître de la machine, jus- qu’aux anomalies provoquées par une mauvaise conduite du chauf- feur. En cas d’erreur humaine pou- vant dégrader lamachine, desmises au point sont faites par un forma- teur avec le conducteur de l’engin. Si les hommes sont importants sur ce chantier, tous les outils mis en œuvre pour le réaliser le sont tout autant. On ne badine pas avec la mécanique ! T.C.

la société engagés à ce jour sur le lot A4. Vidange, graissage, petites réparations, il sait précisément quand chaque machine doit ren- trer au bercail pour un contrôle. Évidemment, l’entretien courant de la plupart de ces appareils contraignants à déplacer et gour- mands en carburant se fait direc- tement sur le terrain avec l’inter- vention du camion d’entretien. “Notre travail est d’an- ticiper le plus possible la panne. On ne doit pas laisser sans assis- tance une machine qui commence à montrer des signes de fatigue” explique Jean-Michel Barbier. Sur un projet aussi important que celui- ci, chaque engin a sa place, et il est nécessaire d’éviter son immo- bilisation, en tout cas le moins long- temps possible. “Le carnet de san- té” des machines est donc tenu à jour. Pas question de faire preuve de négligence pour ces profession- nels. Pour prévenir d’éventuels pro- blèmes, l’huile des moteurs est ana- lysée en laboratoire. Car dans le détail, on lit beaucoup de choses dans lemarc de lamécanique. “Nous travaillons avec Total qui effectue les analyses d’huile. On recherche des traces de fer, d’eau, de cilice, de liquide de refroidissement, ou encore de gazole. Total nous four- nit une réponse dans les 48 heures” ajoute-t-il. À partir de ces analyses, les tech- niciens savent précisément là où il faut intervenir sans attendre. Il arrive que de mauvais résultats nécessitent l’arrêt immédiat de l’engin de chantier. Lorsqu’une pan-

I l faut oser s’aventurer dans la mécanique d’une pelle de 80 tonnes ou dans celle d’un bull D 10 de 65 tonnes ! L’opération n’impressionne pas les mécanos qui assurent l’entretien courant de

ces engins et les désossent parfois. C’est ici, sur la base de Chaucen- ne, que les entreprises de travaux publics Bec et D.T.P. ont installé chacune leur cellule de mainte- nance des machines qui inter-

viennent sur le chantier de la ligne grande vitesse. Jean-Michel Barbier est respon- sable du pôle mécanique D.T.P. Dans son bureau est affiché le plan- ning d’entretien des 54 engins de

L’entretien des machines relève parfois de la mécanique de précision. Ici, le distributeur d’une niveleuse est entre les

mains d’un spécialiste.

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