La Presse Bisontine 77 - Mai 2007

ÉCONOMIE

Presse Bisontine n°77 - Mai 20077

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BANQUE

Le nouveau directeur régional Bertrand Corbeau : “Le dynamisme de la Franche-Comté est une réalité” Le directeur général du Crédit Agricole de Franche-Com- té dresse la carte détaillée de la caisse régionale qu’il dirige, avec 1 500 collaborateurs sous sa responsabilité.

Bertrand Corbeau : “Je ne raisonne pas en terme de plan de carrière et de destinée personnelle. J’ai une mission palpitante.”

L a Presse Bisontine :Que pèse aujour- d’hui le Crédit Agricole de Franche- Comté ? Bertrand Corbeau : Avec 1 488 salariés, notre entreprise est le quatrième employeur de la région, après Peu- geotSochaux, PeugeotVesoul etGene- ral Electrics à Belfort. Et c’est une entreprise qui continue à embau- cher : 500 personnes en cinq ans sur la Franche-Comté, dont plus d’une centaine en net. La Crédit Agricole Franche-Comté traiteenviron150mil- lions d’opérations par an et finance 1,6 milliard d’euros de crédits, c’est plus d’un tiers des crédits à l’écono- mie franc-comtoise. L.P.B. : Vous vous considérez donc comme un investisseur à part entière en Franche- Comté ? B.C. : Bien sûr. Près de 80%de notre valeur ajoutée est redistribuée dans l’économie régionale, soit par les impôts payés ou les salaires versés ainsi que par l’aide directe à l’éco- nomie. Nousavonsaussi unrôledirect danslaparticipationauxfondspropres d’un certain nombre d’entreprises locales. En 2006, cette participation a atteint 35 millions d’euros. C’est autant que ce que l’État ou les col- lectivités locales franc-comtoises vont dégager tous les ans comme enga- gements financiers dans le cadre du contrat de projets État-Région. Je n’hésite pas à affirmer que le Cré- dit Agricole de Franche-Comté est un outil d’animation et de dévelop- pement économique irremplaçable. L.P.B. : Quelle est votre position par rapport à vos concurrents en matière de parts de marché ? B.C. : Nous sommes la première banque de la région avec 475 000 clients particuliers, professionnels,

entreprises. Et de loin. Le Crédit Agricole Franche-Comté a 32,93 % de parts de marché en matière de crédits et 26 % en collecte, c’est-à- dire l’épargne. L.P.B. :Êtes-vous dans lamême logique que certaines banques qui regroupent leurs ser- vices ou leur direction dans le cadre de grandes régions ? B.C. : J’ai une profonde conviction de notre utilité vis-à-vis de nos clients. Une des conséquences, c’est que nous ne fermons aucuneagence, aucontrai- re, nous en ouvrons de nouvelles. Nous avons 138 agences sur le ter- ritoire franc-comtois. Nous devons être suffisamment performants pour poursuivre nos implantations quand bienmême certaines agences seraient peu rentables. Et le Crédit Agricole de Franche-Comté se renforce sur

une densité d’implantation et une relation avec la clientèle de fronta- liers évidente qui fait de nous l’ac- teur clé du développement trans- frontalier. Il y a 25 000 frontaliers en Franche-Comté, nous en avons plus de 15 000 comme clients. Et l’ou- verture d’agences en Suisse s’inscrit dans notre logique régionale et des échanges que l’on a avec les fronta- liers. L.P.B. :Votre banque n’a plus d’agricole que le nom ? B.C. : Nous tenons à ce terme “agri- cole”, qui représente plus nos valeurs et notre histoire. Mais l’agriculture représente aujourd’hui encore 10 % de notre activité globale. En 2006, nous avons financé plus de 80 %des projets d’agriculteurs en Franche- Comté. En aucun cas on souhaite abandonner ce créneau. L.P.B. : Si on élargit l’horizon, comment se situe le CréditAgricole dans le paysage ban- caire français et européen ? B.C. : C’est la première banque fran- çaise, et une des premières banques européennes si on considère les fonds propres. Mais il faut relativiser. Nous sommes une grande banque enEuro- pe mais nous représentons à peine 5 % à la taille de l’Europe. Nous res- tons petits, d’où nos efforts actuels en direction de la Grèce, de l’Italie, de l’Ukraine ou encore du Portugal. Le groupe Crédit Agricole voit bien que l’Europe est une réalité que le plan économique et financier.

s’est amélioré. Globalement, nos condi- tions font que pour un emprunteur, en moyenne, nos prix ont baissé de 400 euros par an. Ce n’est pas dû à la baisse des taux mais seulement au fait que nous avons sensiblement baissé nosmarges demanœuvre. Je le répète : le choix que l’on a fait, c’est un choix franc-comtois de dévelop- pement des services et de l’emploi à des conditions de prix avantageuses pour nos clients. On estime que l’on a un vrai rôle de développement. L.P.B. : Vous a-t-on fixé un objectif précis lors de votre arrivée à la tête de l’entrepri- se en février ? B.C. : Nous avons établi un projet d’entreprise à horizon 2011 avec l’ob- jectif principal de développer nos parts de marché dans tous les domaines de la banque, de l’assu- rance et de l’immobilier, sans oublier la zone frontalière et la Suisse où nous avons ouvert récemment trois bureaux de représentation. Les marges de progression potentielles reposent bien sur la confiance pro- fonde que nous mettons dans notre région. Car nous sommes persuadés que le dynamisme de la Franche- Comté est une réalité. L.P.B. :Parlons justement de ces sujets. L’as- surance d’abord. Comment être performants par rapport aux entreprises dont c’est le métier de base ? B.C. : De plus en plus, le métier de banquier consiste à répondre à toutes les questions que les personnes peu- vent avoir à résoudre pour se consti- tuer, gérer, protéger et transmettre leur patrimoine. Partant de là, la banque est amenée à répondre à des sollicitations diverses de ses clients. L’assurance en fait partie. C’est un choix que nous avons fait dès le début

des années quatre-vingt-dix. Nous avons aujourd’hui environ 6 % de parts de marché. C’est déjà un sen- timent de réussite, qu’il reste à ren- forcer. Mais la plus belle réussite, ce sont les 90 % de taux de satisfaction de nos clients quand ils sont confron- tés à un sinistre. L.P.B. :Et l’immobilier où vous venez de lan- cer “Square Habitat”. C’est une véritable agence immobilière ? B.C. : Le CréditAgricole est sur l’im- mobilier depuis toujours car il finan- ce quasiment une maison sur deux en Franche-Comté. Sur nos 450 000 clients, un certain nombre sont ven- deurs ou acquéreurs potentiels. Il nous a paru logique d’essayer de pro- poser quelque chose sur ce marché- là. C’est cohérent. Square Habitat, c’est une grande agence immobiliè- re qui va s’étendre sur tout le terri- toire franc-comtois. Depuis le 2 avril, nous sommes déjà présents àBesan- çon à travers une agence rue de la République, cinq points de rencontre et trois vitrines dans les centres com- merciaux. Nous ne sommes pas là pour remplacer les professionnels de la place mais nous nous situons sur un créneau nouveau, celui de la banque qui va sur le terrain de la transaction immobilière et sur les 50 % de transactions qui se font aujourd’hui sans l’intervention des intermédiaires. Et si nous pouvons contribuer au développement global du marché de l’immobilier, tout le monde sera gagnant. L.P.B. : Le public frontalier est-il important pour vous ? B.C. : : LeCréditAgricole a 26 agences sur les 250 km de frontière entre la Franche-Comté et laSuisse, c’est une agence tous les 10 km. Nous avons

son territoire, il n’est pas question de l’en- glober dans une régionplus vaste. Le président et les 18 membres du conseil d’administrationsont franc-comtois. L.P.B. : On fustige sou- vent les frais financiers que “prennent” les banques à chaque opé- ration ou transaction. Quelle est la tendance au Crédit Agricole ? B.C. : Nous tenons à avoir une politique de prix des services bancaires raison- nable. Quand on compare les condi- tions offertes en termes de crédit et d’épargne, notre prix

“32,93 % de parts de marché en matière de crédits.”

Propos recueillis par J.-F.H.

Zoom La Crédit Agricole Franche-Comté en chiffres Clientèle Clients ...................................................475 800 Cartes bancaires ...................................250 054 Contrats d’assurances ..........................382 407 Comptes épargne et comptes titres ......673 067 Ressources humaines Effectif .......................................................1 488 Embauches en 2006.......................................67 Postés créés en 2006.....................................20 2004 .............................................................228 2005 .............................................................244 2006 .............................................................253 Résultat net (en millions d’euros) 2004 ...............................................................50 2005 ...............................................................55 2006 ...............................................................61 Produit net bancaire (chiffre d’affaires, en millions d’euros)

Portrait 25 ans de maison pour Bertrand Corbeau

Le nouveau directeur général de la caisse régionale du Crédit Agricole est entré dans ses nouvelles fonctions il y a deux mois. Parcours d’un homme élevé à l’école Crédit Agricole. L a poignée de main franche, l’air jovial et l’œil rieur sous des sourcils épais. Ber- trand Corbeau n’est pas issu du sérail. Ce n’est pas un haut fonctionnaire, pas un poly- technicien non plus. Il n’a pas fait l’E.N.A. Ber- trand Corbeau, originaire de Mayenne, a gra- vi en vingt-cinq ans tous les échelons de la banque verte, un à un. En 1982, un D.U.T. de gestion en poche, il démarre comme guichetier dans sa région nata- le des Pays-de-Loire. Vingt ans plus tard, après avoir occupé les postes les plus divers au sein

du Crédit Agricole, il est nommé directeur com- mercial du Crédit Agricole de l’Anjou et du Maine. Avant d’être nommé une première fois à Besançon en tant que directeur général adjoint de la caisse régionale de Franche-Comté, diri- gée alors par Pierre Derajinski. Il passera trois ans à Besançon avant de regagner la région de Chartres où il devient l’adjoint du directeur de la caisse Val de France. Dernier échelon en date : Bertrand Corbeau remplace Pierre Dera-

I.N.S.E.A.D. de Fontainebleau, etc. Finalement, cette nomination, c’est la rencontre entre mon plaisir personnel de la relation client, la dyna- mique d’entreprise et la capacité qu’a le Crédit Agricole à accompagner les hommes” poursuit- il. Sa nomination à la tête d’unemaison qui emploie près de 1 500 salariés, il ne la voit pas comme une consécration. “C’est une confiance que l’on m’a accordée et une grande responsabilité que j’ai prise. Le challenge est important quand on sait que le Crédit Agricole est le quatrième employeur de la région” analyse le directeur qui se voit comme le maillon d’une grande chaî- ne née il y a 120 ans. “L’histoire de cette entre- prise dépasse largement celle des hommes qui ont contribué à la faire vivre. Ma mission est de transmettre cette entreprise dans les meilleures conditions à mes successeurs.” Successeurs qui devront sans doute être patients. Bertrand Corbeau est encore jeune. Et il a bien l’inten- tion d’être encore en Franche-Comté dans la décennie à venir… J.-F.H.

jinski à la direction générale de la caisse Franche-Comté en février 2007. “C’est un parcours assez classique de l’école Crédit Agricole dit modestement le nou- veau directeur général. Le grou- pe Crédit Agricole fonctionne presque exclusivement sur cette logique de promotion interne. Et au cours de mon parcours, j’ai fait beaucoup de formation conti- nue : institut technique de banque, institut national du marketing,

“C’est une confiance que l’on m’a accordée.”

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