Journal C'est à Dire 102 - Août 2005

L E G R A N D T É M O I N

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Alain Cirou : “On voit plus clair, plus loin, mais on comprend de moins en moins l’univers” Sciences

Après les “Nuits des Étoiles” qui ont réuni mi-août des milliers de passionnés d’astronomie pour observer le ciel et la pluie d’étoiles filantes, le journaliste scien- tifique Alain Cirou, rédacteur en chef de la revue Ciel et Espace et consultant sur Europe 1, revient sur les grandes missions spatiales de ces derniers mois.

Deep Impact. Est-ce qu’il y a un nouvel engouement du public ? A.C. : Oui, mais les raisons ne sont pas nécessairement celles aux- quelles on pense en priorité. Ce qu’on a le plus ramené de la Lune, c’est cette image de la terre, si peti- te. L’espace, le ciel, c’est unmiroir des angoisses, des cultures, des rêves. Lemême phénomène se pas- se dans la situation actuelle. Cha- cun a besoin de rêver, d’être émer- veillé ou de se faire peur. Càd : Du 11 au 13 août, l’as- sociation française d’astrono- mie organisait les Nuits des étoiles. Là aussi l’intérêt du public ne se dément pas. A.C. : Oui, clairement, l’intérêt est là. On a proposé plus de 350 sites cette année dans toutes les régions, avec des passionnés qui sont là pour apprendre au public à obser- ver, les guider. En 14 ans, lamani- festation s’est institutionnalisée mais est restée un rendez-vous familial. Cette année, on a en plus eu la chance que la Lune n’éclai- re pas trop les étoiles. Tout lemon- de pense à regarder aumoins une fois les étoiles, il suffit de donner une occasion. On passe 99 % de notre vie au sol et de temps en temps on lève la tête au ciel. Notre objectif, c’était vraiment de don- ner un rendez-vous régulier pour se faire plaisir à observer. Cette année, on a retenu le thème de Jules Verne, la curiosité, la décou- verte. Ensuite, on a laissé l’ini-

réalisée, c’est qu’il y a plus de pla- nètes en dehors de notre systè- me solaire que dedans. Depuis 1995, on a découvert 140 planètes, d’ici 10 ans, on en connaîtra cer- tainement quelques milliers et dans 50 ans quelques milliards. Et on ne risque pas trop en disant que dans 20 ans on saura répondre à la question de la présence de vie dans l’univers. On construit en ce moment des machines, en orbite dans quinze ans, qui pourront observer les atmosphères des pla- nètes et détecter si quelque chose respire. L’époque est passionnan- te. Càd : On n’entend plus beau- coup parler de la station spa- tiale internationale. A.C. : Ce n’est pas quelque cho- se de pertinent. LaN.A.S.A. fonc- tionnait auparavant avec des grandsprogrammes.Après laLune, il en fallait un nouveau, pour en mettre plein lavue auxSoviétiques, on a proposé la coopération inter- nationale. Elle doit coûter 20mil- liards de dollars et n’est pas enco- re finie. Mais une fois terminée, on passera à autre chose.Au plan scientifique, c’est une ineptie, on n’a pas besoin de cela. Et quand la navette spatiale ne volera plus, la station sera condamnée. Car qui voudra payer pour cemachin ? Càd : Le site internet de la N.A.S.A. a enregistré près d’un milliard de connexions après la publication des photos de

tiative aux groupes locaux. Càd : Les “Nuits” ont pris beau- coup d’ampleur… A.C. : C’est devenu européen. La seule déception, c’est l’attitude de la télévision, qui a accompagné l’événement pendant des années. Faire une émission scientifique avec les frèresBogdanov, c’est com- me présenter laBourse avecMada- me Soleil. On s’est retiré pour cela, on ne peut pas cautionner ce gen- re de choses. La télévision a une lourde responsabilité de mettre à l’antenne ces gens, qui sont des manipulateurs. Depuis 3 ans, on organise aussi les nuits juniors, organisées par des enfants qui pré- sentent à d’autres enfants ou à leurs parents leurs connaissances. C’est fondamental parce que c’est un passage de relais, c’est très bien perçu, notamment par les édu- cateurs. Les disciplines scienti- fiques sont en chute libre à l’uni- versité, il faut redonner le goût des sciences, faire passer l’idée que ce n’est pas nécessairement chiant et réservé aux garçons doués en maths. Il faut donner l’envie. O Propos recueillis par S.D. Pour Alain Cirou, rédacteur en chef de la revue Ciel et Espace, “il faut redonner le goût des sciences, faire passer l’idée que ce n’est pas nécessairement chiant et réservé aux garçons doués en maths.”

C’ est à dire : Mission exploratrice surMars, sur Titan, Deep Impact… depuis 6 mois, on a l’impression d’assister à un nombre incalculable de mis- sions spatiales. Simple coïn- cidence ouregaind’intérêt pour le domaine spatial ? AlainCirou : En cemoment, il y a un certain nombre de pro- grammes qui arrivent à terme, des programmes engagés il y a 5 ou 10 ans, qui ont été financés à ce moment-là. Cela correspond à une époque où les grandes agences spa- tiales ne voulaient plus s’engager dans de grosses missions, mais plutôt dans des missions plus petites, peut-être moins ambi- tieuses, mais très rapides. Il y a un phénomène de communication aussi, surtout côté américain. Que ce soit pour unemission surMars ou sur une étoile quelconque, 10 à 15 % du budget sont consacrés à lapromo. PourHubble, une quin- zaine de personnes étaient employées pour la communication des résultats, sortir des photos, des vidéos…L’idée desAméricains, c’est qu’on travaille avec l’argent du public et il faut montrer que ça marche. C’est une énorme bêtise européenne de ne pas avoir com- pris cela, car l’appui du public

lesquelles sont fondamentales pour l’avancée des connais- sances scientifiques ? A.C. : J’en retiens quelques-unes. Lamission sur Titan, tout d’abord, est très importante. Parce que c’est un monde totalement différent, jamais on n’avait rencontré un monde tel que celui-là. C’est suf- fisamment surprenant et original pour vouloir y retourner. Cela va changer nos connaissances, même si je ne sais pas dans quel sens. Mars aussi est intéressant, mais c’est plus quelque chose qui conti- nue. En fait, les choses les plus importantes de ces dernières années sont invisibles, situées aux confins de notre système solaire. On a découvert que Pluton n’est pas la dernière planète de notre système, mais qu’il y a desmilliers de planètes au-delà Les télescopes spatiaux ont multiplié par deux l’univers dont on dispose. On voit plus clair, plus loinmais enmême temps, on comprend de moins en moins. Il y a encore 15 ans, tout paraissait simple. Désormais, on parle de matière noire, d’énergie sombre. L’univers que l’onvoit n’est pas celui que l’on perçoit. Il va y avoir une révolution dans les années à venir, dans unan oudans un siècle, je ne sais pas. La décou- verte la plus importante jamais

est prépondérant.

Càd : Et quels sont les grands rendez-vousdesannéesàvenir? A.C. : Les comètes sont une vraie cible, Mars aussi. LesAméricains vont également retourner sur la Lune, certainement entre 2015 et 2020, le programme est déjà décidé. La navette devrait être arrêtée en 2010 puis sera rem- placée par un nouveau véhicule spatial. Le credo des Américains, c’est “On va sur la Lune pour s’en- traîner, pour ensuite aller surMars.” Mais avec Mars, on va encore se contenter de robots pendant des années. L’espace est un enjeu stra- tégique. Les Européens n’ont pas de politique. Il existe une agence spatiale européenne, mais on manque de grands desseins, d’une vision. C’est cruel car l’espace est un domaine pour les scientifiques, qui tire les activités technologiques vers le haut. Ce n’est pas uni- quement pour aller s’amuser à visi- ter des planètes lointaines, ça fait aussi avancer la science. L’argent n’est pas dépensé dans l’espace, mais sur terre, c’est de l’investis- sement dans les hommes, dans la technologie. Càd : Des grandes missions conduites ces derniers mois,

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