Journal C'est à Dire 102 - Août 2005

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Orchamps-Vennes Jean-Noël Perrin : “On veut fêter 60 ans de jeunesse”

Les meubles Perrin fêtent leur 60 ème anniversaire cette année. Alors que la troisième génération se prépare à intégrer le groupe, son actuel gérant tente de poursuivre l’œuvre initiée par Paul et Blanche, les fondateurs de l’enseigne. Interview.

C’ est à dire : Vous êtes le gérant du groupe Perrin. Qu’est-ce qu’il représente aujourd’hui ? Jean-Noël Perrin : Le groupe comprend trois entités com- merciales : les meubles Perrin à Orchamps-Vennes et les deux magasins Atlas, de Pontarlier et de Besançon. Le groupe emploie au total 55 salariés, il réalise un chiffre d’affaires annuel de 11,3 millions d’euros. Càd : Racontez-nous l’épopée Perrin, née il y a 60 ans ? J.-N.P. : Mon père Paul est à l’origine de l’entreprise. En bon patriote, il a attendu la Libé- ration pour s’inscrire au registre des métiers, sous le gouverne- ment De Gaulle. Avec ma mère Blanche, ils ont commencé à développer l’activité dans une remise au centre du village d’Or- champs-Vennes. Lui avait un goût immodéré pour le travail du bois et elle pour le commer- ce. Très vite d’ailleurs, ils ont eu une bonne perception du com- merce moderne. Dès les années cinquante, ils ont créé des points de vente à Maîche, à Ornans et à Besançon.

quelque sorte ? J.-N.P. : Certainement. Mon père a très vite compris l’inté- rêt d’appartenir à des groupe-

éviter la dispersion stupide.

Càd : Qu’est-ce qui fait votre force dans un marché du meuble forcément concurrentiel ?

ments d’achat et de développer le concept de grande surface. Il a effectué en 1966 un voyage aux États-Unis

“Client un jour, client toujours.”

J.-N.P. : C’est d’abord une bonne couverture géographique et une

avec des gens du métier, ce qui lui a inspiré les concepts qu’il a développés en France. Càd : Lesquels ? J.-N.P. : Dès 1969, il créait le magasin (actuellement Atlas) à Besançon, qui a été le tout pre- mier de la zone de Châteaufa- rine, avant même le Mammou- th (actuel Géant). C’était le démarrage du commerce moder- ne, qui misait beaucoup sur la publicité. En 1979, on déména- geait du centre d’Orchamps- Vennes et on créait l’actuel maga- sin d’exposition et de vente au bord de la route des Âges-de- Loray. En 1982, nous avons sai- si l’opportunité de nous instal- ler sur Pontarlier. Càd : Et depuis, pas d’autres envies d’extension ? J.-N.P. : Réflexion faite, nous préférons nous concentrer sur ce qu’on sait faire à l’endroit où on maîtrise les choses, et ainsi

grande motivation du person- nel. Nous tentons de maintenir comme essentielle la devise qu’avait lancée mon père : “Client un jour, client toujours.” Un autre point fort est certainement notre appartenance au groupe- ment d’achat “le mobilier euro- péen” qui nous permet de pro- poser des prix compétitifs. Enfin, il y a la vaste surface du maga- sin d’Orchamps-Vennes (2 300 m 2 ) qui offre un très lar- ge choix et beaucoup de dispo- nibilité des produits. Ce qui fait que notre notoriété de Pontar- lier à Besançon, Baume-les- Dames et jusqu’à la Suisse fron- talière. Càd : Pourquoi conservez- vous un site de fabrication au centre de la commune ? J.-N.P. : Pour être en mesure de couvrir 100 % de la deman- de. Quand on ne peut pas satis- faire le client par nos produits en magasin, on lui propose de

Jean-Noël Perrin, aux côtés de son épouse Catherine, conseillère client.

rivée récente d’Ikéa à Dijon, à 1 h 30 du Haut-Doubs ? J.-N.P. : C’est une concurrence pas toujours très loyale dans le sens où les collectivités locales font des ponts d’or à ce genre d’enseignes pour qu’elles s’im- plantent. Les fournisseurs locaux ont droit à moins d’égards. Inver- sement, cette enseigne, plutôt novatrice et dynamique, amène certainement une bonne image du meuble. Je pense qu’indi- rectement, toute la profession peut en avoir des retombées inté- ressantes.

faire du sur-mesure. Comme le ferait un artisan. Càd : Quel est l’avenir du groupe Perrin ? J.-N.P. : Nous avons lancé un projet d’optimisation de l’en- treprise qui doit nous emmener, dans une douzaine d’années, à un chiffre d’affaires de 15 mil- lions d’euros. Cela passe par la pratique de notre métier sans se disperser dans des activités parasites et par le fait de pré-

voir l’intégration de la troisiè- me génération dans l’entrepri- se. Cette question doit se faire dans les 5 ans à venir. Nous tenons à ce que le groupe, qui appartient à 100 % à la famil- le de Paul Perrin, continue à être géré par une structure fami- liale. Càd : Comment un métier aussi traditionnel que le meuble peut-il évoluer ? J.-N.P. : Nous sommes comme un balcon au-dessus de la socié- té, c’est-à-dire que nous nous devons d’observer au plus près années, a redémarré en 2004. C’est notamment lié au boom de la construction. De plus en plus, les gens se soucient de leur bien- être. On le constate notamment avec le fort développement de la cuisine sur mesure. Le mar- ché du meuble est donc en per- pétuelle évolution. Le groupe Perrin continue sans cesse à investir, et ses résultats sont en régulière augmentation. Càd : Vous ne subissez pas l’invasion des produits d’im- portation et notamment d’Asie ? J.-N.P. : Cette question est un faux débat. Ces produits per- mettent à certains consomma- teurs de s’équiper en économi- sant de l’argent. Nous n’avons aucune raison de ne pas propo- ser ce genre de produits aussi. Il y a de tout, et à tous les prix. l’évolution des modes de consommation pour s’y adapter. On assiste actuellement au retour d’un certain cocooning . Le marché du meuble, qui a été en légère bais- se ces 10 dernières

Càd : Des précurseurs en

Càd : Où en êtes-vous de votre combat contre les prétendus professionnels du meuble qui prati- quent le démarcha- ge par téléphone et le principe des

Objectif : un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros.

fausses remises ? J.-N.P. : C’est tout le paradoxe de pratiques fallacieuses qui ne sont pas illégales mais plutôt immorales. Si un cafetier par exemple vendait un café 10 euros et qu’après remise, il le fait à 5 euros et qu’il trouve des “pigeons” pour lui acheter, il est en droit de le faire ! Ces pra- tiques nous gênent car elles dis- créditent la profession tout entiè- re. De notre côté, on peut seu- lement conseiller aux clients de réfléchir avant d’acheter. Càd : À 60 ans, l’entreprise Perrin se porte donc com- me un charme ? J.-N.P. : Le problème n’est pas de dire qu’on a 60 ans mais qu’on a 60 ans et qu’on est toujours jeune. C’est 60 ans de jeunes- se que l’on veut fêter cette année. O Propos recueillis par J.-F.H.

D’ici 2007, les accès aux meubles Perrin seront améliorés avec la mise à 2 X 2 voies de la portion routière entre les Âges-de-Loray et Orchamps-Vennes.

Càd : Que vous inspire l’ar-

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