La Presse Bisontine 54 - Avril 2005

LE PORTRAIT

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B ESANÇON

De la philo à la bibliothèque

Henry Ferreira-Lopes est le nouveau directeur des bibliothèques munici- pales de Besançon. À 34 ans, l’hom- me est un passionné du livre ancien et du XVIII ème siècle. Henry Ferreira-Lopes, le livre à la passion

D ans une caresse, lamain s’attarde sur une gra- vure, pointe un détail avant de tourner la page. Le livre date du XVIII ème siècle, un récit de voyage illustré de gravures. Henry Ferreira- Lopes est un amoureux des livres, des vieux livres surtout. “J’aime le contact charnel avec les vieux ouvrages. Dès que j’ai un moment de libre, j’en pro- fite pour m’échapper au milieu du fonds ancien” , avoue-t-il. Depuis son arrivée dans la cité bisontine et sa prise de fonc- tion en septembre dernier, le À 34 ans, Henry Ferreira-Lopes a en charge le fonctionnement de tout le réseau des biblio- thèques publiques de Besan- çon. Sous ses ordres, 90 personnes et cinq médiathèques, plus un bibliobus : la médiathèque publique Pierre Bayle, “le cœur du dispositif, là où se concentre l’essentiel de l’activité” au centre de la Boucle, et ses annexes - plus petites - dispersées dans les quartiers, à Montrapon, Palente, Clairs-Soleils et Pla- noise. En tout, 800 000 ouvrages de toutes sortes, mais aussi des C.D.-Rom, D.V.D., cassettes vidéo… Un million d’emprunts sont enregistrés chaque année. “Le défi, c’est que l’on a un public hétérogène et que l’on doit répondre à toutes ses attentes. Il faut à la fois avoir des livres de cuisine et des ouvrages philosophiques” , explique-t-il. L’homme aime les mots, les choisit avec pré- nouveau conserva- teur-directeur de la bibliothèque muni- cipale n’en a pas encore eu beaucoup le loisir. Trop d’af- faires à régler, de gestion quotidienne.

cision, pour être sûr que ce soit vraiment le bon. Pudique, il parle peu de lui. C’est la pre- mière fois, à Besançon, qu’il gère une bibliothèque publique et il “y a pris goût.” Prof de philo pendant deux ans après ses études littéraires, “parce je m’étais engagé dans des études qui me plaisaient sans me poser de question sur les débouchés et qu’ensuite j’ai fait comme tout le monde, je suis devenu prof” , il découvre rapi- dement qu’il n’est pas fait pour cela. “Même si je n’ai eu aucu- ne mauvaise expérience” , pré- cise-t-il. Change- ment d’orientation. Il passe des concours et devient pendant cinq ans, un des conservateurs de la bibliothèque uni- versitaire de méde- cine de Paris, en charge du fonds ancien. Ses nouvelles fonctions de ges- tionnaire l’ont certes un peu éloigné des collections. Mais pas trop. Son bureau se situe dans la bibliothèque munici- pale d’études et de conserva- tion de Besançon, qu’il gère également, tout au fond d’une salle aux imposantes étagères chargées d’ouvrages reliés. C’est ici que sont réunis les archives et les fonds anciens. Un véritable trésor en gran- de partie accessible unique- ment aux chercheurs, “un élé- ment de prestige pour la ville, qui attire des universitaires de toute l’Europe.” Sur ces rayonnages dorment plus de 70 000 livres antérieurs à 1811, des milliers de manus- crits médiévaux et de dessins de maîtres. Les saisies de la Révolution puis les legs suc- cessifs ont enrichi progressi- vement la collection. Ici se cachent des livres aux his-

Plus de 70 000 livres antérieurs à 1811.

Henry Ferreira-Lopes : “J’aime le contact charnel avec les vieux ouvrages. Dès que j’ai un moment de libre, j’en profite pour m’échapper au milieu du fonds ancien.”

toires improbables. Comme ce “Livre de prière de Maximi- lien”, emballé de papier de soie et enfermé dans sa boîte. Un texte en latin orné sur les marges de dessins à la plume, effectués par des artistes du XVI ème siècle et offert par l’em- pereur Charles Quint au car- dinal Granvelle, grand prélat et homme d’État bisontin. À

Passionné par le siècle des Lumières, Henry Ferreira- Lopes avoue se reconnaître dans certaines des valeurs d’alors. “L’art était partout, dans tous les objets. Il était vu comme un moyen d’améliorer l’existence. C’est encore ce qu’il doit être aujourd’hui.” ! S.D.

court d’argent, les héritiers de l’abbé ont revendu le livre en morceaux. Une moitié du livre se trouve maintenant à Muni- ch, l’autre repose dans sa boî- te bisontine, explique le conser- vateur d’un ton fier. Henry Ferreira-Lopes aime l’objet “livre” plus encore que la lecture. “C’est un formidable média, mais aussi une œuvre

d’art. Ce qu’on a peut-être du mal à concevoir tant qu’on n’a pas travaillé au contact de col- lections anciennes” , reconnaît- il. Un goût hérité de son enfan- ce à La Rochelle “dans un milieu standard, pas intello” lorsque son père, “amateur de vieux livres” collectionnait les ouvrages. L’objet comme œuvre d’art.

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