La Presse Bisontine 54 - Avril 2005

L’ÉVÉNEMENT ’

6

Le pôle lutte de Besançon rattrapé par la justice

Une enquête judiciaire est ouver- te à l’encontre de plusieurs jeunes lutteurs, sportifs de haut niveau évoluant au pôle espoir de lutte à Besançon. Suite à une première plainte déposée par une famille de Besançon, les jeunes cham- pions sont accusés d’agressions sexuelles sur mineure. Jusqu’ici, les instances officielles de la lut- te sont restées très discrètes. L’af- faire prendrait actuellement un nouveau tournant, avec d’autres personnes entendues par la jus- tice. Le substitut du procureur chargé des mineurs et le procu- reur de la République se sont emparés du dossier. Enquête.

J USTICE Pas de sanction Des élèves du pôle lutte soupçonnés d’agressions sexuelles

Une plainte a été déposée contre X pour attouchements sexuels en réunion. Les sportifs du pôle espoirs de lutte sont dans la ligne de mire. L’affaire est entre les mains du procureur de Besançon.

N ous l’appellerons Patricia. Élève au lycée Jules-Haag de Besançon, elle est en seconde générale option sport-études handball. À 15 ans, elle fait partie d’une des équipes espoirs de l’E.S.B.-F. Le lycée Jules-Haag est l’établissement support des pôles espoirs handball et lutte à Besançon. Jeudi 23 septembredernier, à17heures, Patricia sort du lycée pour se rendre, en bus, à son entraînement de hand- ball. Composée d’espoirs du hand et de la lutte, la classe de Patricia ne com- prend que des sportifs. Tous ensemble, ils se dirigent vers les pôles lutte et handball, deux bâtiments voisins sur le secteur desMontboucons. “Trois lut- teurs ont commencé à chahuter ma fille. Ils lui ont dit : ce soir, tu ne vas à l’entraînement, tu viens avec nous” raconte la mère de Patricia. Le jeu a rapidement pris une tournu- re dramatique. “Elle n’a pas pris peur tout de suite, d’autant que ce sont des camarades de classe.” Puis ils la font entrer au centre international de séjour, où sont logés nombre de ces sportifs originaires de toute la France. “Devant son refus de les suivre, l’un d’eux l’a

Lamère de Patricia est furieuse : “Par cette décision, le soupçon était presque mis sur ma fille.” Une quinzaine de jours plus tard, Patricia réintègre son lycée. La jeune fille, toujours très per- turbée par cette affaire, bénéficie enco- re à ce jour d’un suivi psychologique. Aujourd’hui, les parents de la hand- balleuse veulent établir la vérité et éloigner tout autre danger potentiel pour elle. “Nous ne voulons pas qu’ils fassent de la prison, mais au moins

portée, ils l’ont entraîné dans une chambre. Trois autres gars sont venus les rejoindre poursuit la mère. Ils lui ont demandé de se trémousser sur de lamusique, ce qu’elle a refusé.” La sui- te vaudra la qualification suivante : “attouchements sexuels en réunion”, retenue dans la plainte déposée le soir même par lamère de l’infortunée spor- tive. Elle poursuit le récit : “En début de soirée, nous avons reçu un coup de téléphone de Joëlle Demouge, la res-

qu’ils quittent Besançon. Pour que notre fille n’ait pas peur de les croiser quand elle va en ville. Nous voulons aussi que l’on recon- naisse que notre fille n’a pas menti.”

ponsable du pôle handball, nous prévenant que notre fille avait été agressée sexuellement.” Dans le même temps, le respon- sable du pôle lutte a convo- qué les élèves impliqués : ils auraient reconnu les faits.

“Nous voulons qu’ils quittent Besançon.”

Aucune sanction judiciaire, pas plus que sportive, n’a été prise à l’encontre des jeunes lutteurs incriminés. Deux d’entre eux ont été sacrés champions de France cadets le mois dernier… Le cas de la jeune handballeuse bison- tine ne serait pas isolé. Selon nos infor- mations, une autre jeune fille de sport- études aurait été violée. Une enquête policière a été ouverte. ! J.-F.H.

Sanction immédiate prise par le pro- viseur du lycée Jules-Haag : le trans- fert immédiat de deux des lutteurs dans un autre établissement bisontin. “Le troisième, le plus dur, était déjà en lycée professionnel.” Patricia quant à elle, a été écartée du lycée Jules-Haag “par mesure conservatoire et pour une durée indéterminée.” Le lycée motive sa décision “parmesure de précaution.”

Les jeunes sont hébergés au centre international de séjour. Le bâtiment jouxte le pôle sportif des Montboucons.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online