un autre choix

Aujourd’hui et chaque jour plus nombreux sommes-nous à connaître physiquement, corporellement, l’expérience de la fureur de la Terre – d’être réduit par l’ampleur, la magnitude et l’intensité de ses forces à l’état le plus primaire de la créature. D’un soubresaut, d’un jet de feu, d’une turbulence atmosphérique, les forces de la nature terrestre peuvent annihiler tous nos accomplissements, pulvériser nos instruments, nous rendre aux asticots. Tandis que même l’espace est devenu notre poubelle et nous semons nos cannettes de bière sur les planètes comme nous avons souillé nos sommets les plus nobles et les plus fiers, les glaciers fondent et les océans s’enflent et s’engorgent de nos détritus amassés, les forêts sont dévastées par nos machines et les fleuves sont empoisonnés et l’air devient toxique, guerres, épidémies et fléaux ne suffisent plus à enrayer notre nuisible prolifération.

Et, ce faisant, ce n’est pas la vie qui triomphe mais la mort.

Le contraire du sens, le contraire du but.

***

Alors, de quelle urgence peut-il vraiment s’agir ?

Pouvons-nous, sommes-nous alors capables d’aborder cette question lucidement, sincèrement, impartialement ?

N’est-ce pas encore et toujours la terreur tapie dans le sang de la créature physique devant les spectres de la souffrance et de la destruction, n’est-ce pas cette vieille terreur instinctive qui nous talonne et nous hante ?

Car la Terre s’en remettra, notre propre disparition, l’anéantissement de cette espèce humaine ne signerait pas de grands reculs pour l’infinie richesse de la matière.

***

Mais il y a ceci, aussi : l’amour et l’adoration de cette Terre vivante, de cet univers physique, matériel – du corps du Suprême.

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