un autre choix

qui sait : qui sait que tout peut être réparé, rétabli, harmonisé à nouveau, qui sait que la difficulté non seulement peut être vaincue mais peut être féconde d’un progrès, d’un acquis de conscience et de capacité ?

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Mais voilà : nous sommes lourds et nous sommes gris !

L’ego de la séparation a ainsi fait de notre conscience physique un poids opaque qui nous ramène toujours au fond trouble d’une grande, d’une longue fatigue.

Tant et tant de vies.

Tant et tant de corps.

La vieille habitude ainsi nous rappelle : « allez, mieux vaut renoncer et retourner au terreau qui nourrira d’autres graines, mieux vaut l’oubli dans la masse indistincte, la disparition – le repos ? ».

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Toutefois, nous le comprenons aussi, la cause principale de cette lassitude est notre absolue dépendance d’apports matériels extérieurs, dont la quête, l’ingestion et la digestion rythment notre existence physique au quotidien : une dépendance qui dicte la plupart de nos actions et de nos comportements, directement ou indirectement. Nous affublons ces indispensables pratiques de grands mots et de grands discours, nous les investissons de toute notre importance de créatures séparées : nos contrats sociaux, nos économies, nos tracés culturels sont ou déterminés par cette dépendance ou nécessités comme palliatifs pour nous soulager de son poids et lui prêter la richesse de la vie et de la pensée. Avant toute autre considération, la plus grande part de nos choix de vie sont dictés par l’obligation de nourrir nos corps et ceux de nos dépendants chaque jour qu’il nous est donné de vivre – « chaque jour que Dieu fait ! ».

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