La Presse Bisontine 124 - Septembre 2011

BESANÇON

16 La Presse Bisontine n° 124 - Septembre 2011

URBANISME Quel prix pour la friche industrielle ? Rhodiaceta : les jours de

la verrue sont comptés La Ville attend la

Le sort de la friche des Prés-de- Vaux connu à l’automne.

décision de justice pour acquérir les bâtiments de l’usine des Prés-de-Vaux et ainsi engager sa dépollution. Espaces culturels et logements remplace- raient la friche. Quid de la discothèque ?

U ne “cathédrale” à l’abandon à laquelle le pèlerin bisontin ne croit plus guère. Plus qu’une lita- nie, le destin de la Rhodiaceta est un feuilleton. La colossale friche indus- trielle aux carreaux brisés,murs copieu- sement tagués et herbes folles, pour- rait définitivement disparaître pour laisser place à un vaste espace dédié à la culture, à la verdure. Épineux dos- sier obligeant le maire de Besançon Jean-Louis Fousseret à la plus gran- de prudence : “J’attends la décision de justice, mi-septembre et ne me risque-

rais pas à la commenter. Mon prédé- cesseur (Robert Schwint) l’avait fait et avait été poursuivi (N.D.L.R. : la plainte fut classée sans suite).” Une prudence de mise logique face à l’importante échéance judiciaire, laquel- le déterminera le prix de vente de l’espace qui n’est pas propriété de la ville mais d’un investisseur privé. En 1987, le bâtiment principal,la fameu- se “cathédrale”, a été vendu à une entre- prise de déferraillage… qui l’a ensui- te revendue à la société immobilière (Physenti). Laquelle l’a remise sur le

marché à un prixmirifique…Un feuille- ton qui pourrait se clore une fois les conclusions du rapport de l’expert connues (mais non publiques). Le tri- bunal tranchera sur le prix à fixer. “La solution, c’est obtenir le classement en déclaration d’utilité publique (D.U.P.) pour se rendre maître des lieux (N.D.L.R. : et procéder ainsi à des expro- priations)” explique Michel Loyat, adjoint à l’urbanisme. “On pourrait sou- mettre le projet d’ici l’automne au conseil municipal. Des réunions publiques se tiendront avec les conseils consultatifs d’habitants (C.C.H.)” émet l’élu. En attendant la D.U.P. (signée par le préfet) qui pourrait intervenir mi-2012, les élus bisontins réfléchissent à l’orientation à donner à l’espace, jadis réservé à la fabrique de soieries. “L’idée serait de démolir la “cathédrale” , annon- ce l’adjoint à l’urbanisme. Une fois

démolie, elle laissera place à un parc et le bâtiment place Guyon (maison de maître) serait, lui, réhabilité. Une faible partie de l’espace serait réser- vée à la construction de logements. Des pourparlers sont engagés avec la discothèque sise non loin de la friche. Titulaire d’un bail courant jusqu’au 31 juillet 2012, le propriétaire Raoul Sebbagh attend des propositions.Aucun lieu de remplacement n’a été pour le moment été évoqué. Environ dix emplois sont en jeu. Rebondissements, annonces, la Rho- diaceta est toujours là, vingt-neuf ans après la fermeture d’un site qui accueillit jusqu’à 3 200 salariés en 1967 pour finir à 84 seize ans plus tard. En 2012, l’usine pourrait livrer son der- nier souffle. Tout un quartier pourra alors respirer. E.Ch.

Petit florilège des phrases-cultes des élus bisontins Conseil municipal du 7 juillet 2011 Les perles du conseil Jean-Louis Fousseret à propos de la fédération des Universités de Franche-Comté et de Bourgogne saluée par l’ensemble du Conseil : “On a un défaut ici, c’est d’être trop modeste. Quand on dit que Besançon et Dijon c’est l’équivalent de Metz et Strasbourg, c’est important. La voie de la coopération va nous permettre de rester une université attractive.” Jean Rosselot interpelle le maire sur l’opportunité d’accompagner la fédération des universités par la création d’un pôle métropolitain Besançon-Dijon : “Je suis titulaire d’un mandat modeste mais soucieux des grandes mutations de cette région. Je me demande s’il n’y a pas une réponse territoriale, au sens institutionnel, à apporter pour accompagner la fédération des universités. Il faut créer un pôle métropolitain.” Martine Jeannin s’interroge sur l’opportunité de créer une Société Publique Locale (S.P.L.) qu’elle juge redondante avec la S.E.D.D. (société d’équipement du département du Doubs) : “Ce qui m’interpelle, c’est le côté copie conforme. Sur ces deux structures, à mon sens, il y en a une de trop.” Jean-Louis Fousseret juge bonne l’idée d’une Société Publique Locale, une structure proposée par la majorité gouvernementale. Il en profite pour répliquer à l’opposition : “L’ouverture d’esprit dont fait preuve mon équipe municipale devrait vous inviter à en faire de même sur d’autres sujets.” Jean-Louis Fousseret à propos de la nouvelle crèche dans le quartier des Clairs-Soleils qui accueillera six enfants polyhandicapés en plus des autres. Une première en France : “Cela montre notre volonté de ne pas être seulement dans le discours, mais aussi dans les actes.” Jean Rosselot réagit au rapport sur la cuisine centrale, un outil qui a coûté 7 millions d’euros à la ville et qui ne fonctionne pas : “Transparent dites-vous ! Mais vous nous servez plutôt un rapport qui est une tisane pour dormir, qui n’est pas faite malheureusement dans la cuisine centrale.” Jean-Louis Fousseret de répondre avec ironie : “Je vous remercie de marteler ces 7 millions d’euros pour que tout le monde perçoive que c’est un scandale. Je pense que je n’arriverai pas à vous faire comprendre que nous sommes victimes. Mais avec la science qui vous habite, je pense que vous auriez prévu la faillite de l’entreprise…” Christophe Lime réagit à son tour à la position de Jean Rosselot : “C’est à la limite d’une certaine malhonnêteté en prétendant qu’on cherche à cacher des choses. Quand le tiercé est couru, c’est facile de dire qui est arrivé le premier.” Réponse de Jean Rosselot : “Je n’ai pas dit que vous étiez des cachottiers, mais des experts dans l’art de la litote.” Jean-Louis Fousseret à propos des futurs Passages Pasteur : “Faire un centre commercial en centre-ville, ce n’est pas facile, c’est comme faire un tram. Mais quand tout cela sera terminé, je serai fier de me balader avec mes petits-enfants.” Réponse immédiate hors micro de Martine Jeannin : “Ils diront, c’est grâce à papi !” Le maire conclut : “Je ne les ai jamais emmenés au Conseil municipal car j’aurais peur qu’ils aient une mauvaise image de la démocratie.” Jean-Louis Fousseret à propos du déplacement du monument aux morts : “Je n’aime pas quand on ricane des affaires des anciens combattants. Quand des jeunes partaient en Algérie, ils ne partaient pas la fleur du fusil.”

HOMMAGE

L’espèce sauvegardée

Au nom du grand hapalémur Jean-Yves Robert a consacré une bonne partie de sa vie à la sauvegarde des lémuriens de Madagascar. Le conservateur de la Citadelle s’est éteint au cœur de l’été.

Jean-Yves Robert avait effectué plusieurs voyages à Madagascar, dont le dernier en mai (photo F.G. Grandin).

P ersonne ne le contestera : avec le décès de Jean-Yves Robert, fauché par la maladie à 44 ans au cœur de l’été, c’est une des clés de voûte du muséum de la Citadelle qui disparaît. Il connaissait mieux que personne sans doute les enjeux de ce muséum qu’il avait intégré il y a vingt ans, engagé par Gérard Galliot le conservateur en chef. Ce grand amoureux de la nature avait épousé la cause presque perdue du grand hapalémur, ce lémurien qui a frôlé l’extinction il y a trois ans. Cam- pagnes de communication rondement menées, déplacements à Madagascar, actions pédagogiques, Jean-Yves Robert accordera à la cause du grand hapa- lémur toute son énergie. Résultat : par son action à travers l’association “Help Simus”, ce lémurien a repris de la vigueur et compte désormais plus de 400 individus en liberté. La présidente de l’association se souvient : “Jean- Yves a été le premier à soutenir notre association via le muséum de Besan- çon. Il a été l’élément essentiel de la sauvegarde de cette espèce. Il a contri- bué à augmenter nos connaissances de ces espèces très menacées et très rares (grand hapalémur, propithèque cou- ronné…) et à améliorer leur gestion en

captivité” estime Delphine Roullet. En mai dernier, alors qu’il était très affaibli par la maladie, Jean-Yves Robert décide tout de même de jeter les derniers élans de son énergie pour cette cause et repart à Madagascar. Même s’il a dû interrompre son séjour précipitamment, il avait certainement dans le cœur la nécessité de retour- ner une dernière fois sur les terres ori- ginelles de sa passion. En 2007 avait lieu la première nais- sance dans le monde d’un grand hapa- lémur en captivité. C’était à la Cita- delle de Besançon. Lemuséumbisontin est devenu ces dernières années une référence mondiale dans la préserva- tion des lémuriens de Madagascar. On ne pourra désormais plus franchir les portes de la Citadelle pour venir admi- rer les voltiges des lémuriens en rési- dence, sans penser à celui qui les a mis sous le feu des projecteurs et contri- bué ainsi à les sauver. Le nom de “Jean-Yves Robert” sera donné à la placette qui entoure le tilleul du fossé des primates, là où se trou- vent les deux espèces rares qui lui tenaient le plus à cœur : le propithèque couronné et le grand hapalémur. J.-F.H.

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