La Presse Bisontine 49 - Novembre 2004

LE DOSSI ER

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É CLAIRAGE Trois questions à… Michel Kawnick, président de l’association française d’information funéraire L’A.F.I.F. a été créée en 1992. Organisme indé- pendant, il répond à toute demande des familles en matière d’obsèques. Pour en savoir plus : www.afif.asso.fr

T ENDANCE 1 175 crémations en 2003 La crémation est en augmentation constante Ce mode funéraire prend de plus en plus d’ampleur à Besançon. Aujourd’hui, entre 30 et 35 % des familles optent pour la crémation. Les deux crématoriums de Besançon-Saint-Claude et d’Avanne connaissent une fré- quentation en hausse.

proche parent de décider. Notre idée, dans la crémation, c’est de conseiller d’être le plus simple possible. Par exemple : par- tir pieds nus et éviter ainsi l’incinération de grosses semelles. Nous sommes là aus- si pour conseiller les personnes concer- nant l’organisation d’obsèques et aviser les communes afin qu’elles prévoient dans les cimetières, un coin pour accueillir les urnes cinéraires” ajoute GérardAlexandre. En matière de crémation, avec “un taux de 31 %” (selon les chiffres de l’associa- tion bisontine), Besançon est en avance sur la moyenne française qui est de 21 %, mais en retard sur une ville comme Bel- fort (43 % de crématisés) et plus encore sur des secteurs comme Mulhouse ou Strasbourg où les crématoriums arrivent péniblement à faire face à la demande. L’influence de pays comme la Suisse, l’Al- lemagne ou les pays scandinaves est indé- niable : chez nos voisins, la crémation atteint aujourd’hui 75 à 80 %. Ceci dit, la crémation est beaucoup plus répandue en ville qu’enmilieu rural. Certains “réfrac- taires” ont encore bien ancrée en eux l’idée que la crémation s’apparente aux “flammes de l’enfer.” ! J.-F.H. Selon Gérard Alexandre, président de l’association crématiste de Besan- çon, “la législation doit évoluer. En l’absence d’écrit, les proches peuvent aller contre la volonté de celui qui veut se faire crématiser.”

Q uestion d’évolution des men- talités, de prise de conscience “hygiénique”, volonté de ne pas “encombrer” le sous-sol, impact moindre de la religion catholique sur les esprits, culte du recueillement qui tend à s’amenuiser… D’innombrables facteurs contribuent à expliquer le véritable “boom” que connaît la crémation depuis quelques années. Totalement marginal il y a encore une trentaine d’années en France, avec 4 ou 5 crématoriums en tout et pour tout sur le territoire national, le mouvement cré- matiste convainc aujourd’hui une popu- lation croissante. Faut-il rappeler qu’avant

Lons-le-Saunier aura son crématorium à la fin de l’année tandis qu’Héricourt pré- pare son projet. Il y a encore 15 ans, tou- te personne voulant se faire crématiser devait choisir le lieu le moins éloigné, c’était à La Chaux-de-Fonds en Suisse. Dans la capitale comtoise, 291 personnes se sont faites incinérées en 1991, année de l’ouverture du premier crématorium bisontin. Elles ont été 1 175 l’an dernier à choisir cette option, soit une augmen- tation de 400 % en 12 ans ! Un véritable “engouement”. “On assiste à une prise de conscience. Les cimetières, logiquement, prennent de plus en plus de place. Les gens qui choisissent la crémation souhaitent

L a Presse Bisontine : Que représente lemarché du funé- raire en France ? Michel Kawnick : Avec 540 000 décès par an en France, lemar- ché global est estimé à 3,4mil- liards d’euros. Pour une famil- le, ce secteur représente la 3 ème plus grosse dépense après l’achat du logement et de la voiture. Les sociétés de pompes funèbres, malgré le fait que le

ter le plus vite possible les gens vers des chambres funé- raires privées, donc payantes. L.P.B. : La fin du monopole a-t-elle été bénéfique ? M.K. : Il y a 15 ans, P.F.G. réa- lisait 45% de l’activité natio- nale, ils sont aujourd’hui à 22 ou 23%. Les familles ont aujourd’hui la totale liberté de mettre en concurrence les

sociétés de pompes funèbres et nous leur conseillons de le fai- re. Toute personne peut prendre contact avec nous et nous lire un devis au télépho- ne (01 45 44 90 03), nous la conseillerons. 35 à 40% des devis

funéraire soit un ser- vice public, sont des sociétés commer- ciales à but lucratif qui ne respectent pas toujours une parfai- te éthique. L.P.B. : C’est-à-dire ? M.K. : Lors d’undécès,

Le marché global est estimé à 3,4

le milieu des années 60, date du concile Vatican II, une per- sonne qui choisissait la cré- mation était encore considé- rée comme impie !Aujourd’hui, il y a 150 crématoriums en France et une bonne quaran- taine en projets. ÀBesançon, c’est en 1991 qu’a

“laisser la terre aux vivants”. Il y a aussi des questions de “pollution”, d’infiltration dans les sous-sols. Cette question-là devient très sensible également. Le respect de la nature et des vivants est le véritable fonde- ment de la crémation”, explique Gérard Alexandre, président

Une augmentation de 400 % en 12 ans.

milliards d’euros.

font l’objet de remarques de notre part. Il ne faut plus qu’il y ait de tabou sur cette activi- té commerciale. Ce n’est pas une preuve d’amour pour le défunt que de payer une pres- tation deux fois plus cher. ! Propos recueillis par J.-F.H.

les familles sont déstabilisées, elles n’y connaissent parfois rien aux démarches à suivre. Certaines sociétés, qui ont été épinglées par le conseil de la concurrence, ont tendance à abuser. Par exemple, 80% des décès ont lieu dans des éta- blissements hospitaliers. Il devient systématique d’orien-

de l’association crématiste de Besançon qui tenait son assemblée générale le 17 octobre dernier à Tarcenay. L’idée crématiste, telle que la défend le millier de membres que compte cette asso- ciation régionale, va plus loin encore : “Nous conseillons d’abord aux gens qui souhaitent se faire crématiser, d’écrire leur volonté. En l’absence d’écrit, c’est au plus

été construit le premier crématorium, dans le quartier Saint-Claude. Financé par les collectivités publiques, le bâtiment a été confié par délégation de service public aux Pompes Funèbres Générales de la rue de Vesoul. Depuis 2000, un deuxième cré- matoriuma ouvert ses portes aux pompes funèbres d’Avanne. La Franche-Comté continue à se doter de tels équipements :

C HIFFRES

Coût d’une crémation : environ 500 euros Les deux crématoriums bisontins se complètent

À Avanne comme à Saint-Claude, les deux crématoriums bisontins justi- fient leur présence, avec un bon millier de crémations par an au total. Sur ce secteur aussi, le marché est ouvert à la concurrence.

L a crémation existe depuis 1991 sur Besançon, date à laquelle la mairie de Besan- çon et ses partenaires publics (Conseil général, Conseil régional, ville de Vesoul…) décident de finan- cer la construction d’un crématorium au 1, allée du Souvenir Français (quar- tier Saint-Claude à Besançon). Après appel d’offres, les Pompes Funèbres Générales (P.F.G.) ont obtenu la concession de ce crématorium pour

Consciente du développement de la crémation en France, la ville avait prévu d’agrandir le crématorium de Saint-Claude pour y installer un deuxième four. Mais l’annonce de la construction d’un crématorium à Avanne en 2001 a stoppé net les inten- tions de la ville et des P.F.G. “Le pro- jet a été abandonné. Il faudra voir l’évolution de la crémation d’ici 10 ans, mais à l’heure actuelle, deux cré- matoriums suffisent” commente le directeur des P.F.G. à Besançon.

an.” Le crématorium d’Avanne, finan- cé par une entreprise privée (les pompes Funèbres d’Avanne), est en concession pour 20 ans avec la com- mune d’Avanne. Une taxe de créma- tion de 38,11 euros est versée à la commune à chaque crémation, addi- tionnée d’une autre taxe de 15 euros dite de vacation de police (liée au transport du corps sur Avanne). Au bout de 20 ans, la propriété du cré- matorium reviendra à la commune d’Avanne. Par principe, un privé ne peut pas chapeauter seul, un projet de crématorium, d’où la concession avec la mairie. Entre les deux sites, il y a donc désor- mais plus de 1 000 défunts crémati- sés par an sur Besançon, ce qui repré- sente une dépense annuelle globale de plus de 500 000 euros au bénéfi- ce des deux crématoriums. La concurrence entre ces deux prin- cipaux prestataires se joue aussi sur les tarifs pratiqués. Tandis que les P.F.G. annoncent un tarif de “447,52 euros pour une crémation” , Avanne avance un prix de “502,08 euros, mais

une durée de 6 ans, renou- velée en 1997 puis à nou- veau l’an dernier, contre le versement d’une som- me de 177 000 euros à la ville. À charge pour les P.F.G. d’entretenir les lieux, et notamment d’in- vestir dans les aménage- ments intérieurs (pour une somme de 300 000

Avanne n’a pas hésité à investir “5 millions de francs.”

Les Pompes Funèbres d’Avanne avaient anticipé cette forte demande. En avril 2001, Laurent Kle- vezou n’a pas hésité à inves- tir, après des démarches assez compliquées assor- ties de “pressions politiques de tous bords” , plus de

Le crématorium d’Avanne fonctionne depuis avril 2001. Il a été créé 10 ans après l’ouverture du crématorium de Saint-Claude.

gression, et pourquoi pas, à terme, la place pour un troisième crémato- rium dans le Grand Besançon, si les mentalités continuent à évoluer aus- si vite en faveur de ce mode funé- raire. ! J.-F.H.

réceptacle compris” précise le direc- teur. D’après les prévisions, la crémation devrait encore prendre de l’ampleur en France, sans toutefois dépasser un plafond estimé à 50 %. Ce qui lais- se encore une belle marge de pro-

euros, dont 200 000 euros pour l’achat du four), équipement qui a subi une récente mise aux normes. En 2003, le crématorium de Saint-Claude a accueilli 683 défunts.

“5 millions de francs dans un cré- matorium et un bâtiment de 300 m 2 .” Pari gagné puisqu’Avanne accueille, selon les chiffres fournis par la direc- tion, “à peu près 500 crémations par

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