Journal C'est à dire 244 - Juin 2018

V A L D E M O R T E A U

L’horloger créateur avide de liberté Morteau

27 août po n vacanc t-à-De

John-Mikaël Flaux a ouvert un atelier d’horlogerie à Mor- teau pour laisser parler son talent. Indépendant, il met sa créativité au service des manufactures et des particuliers.

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J ohn-Mikaël Flaux, 27 ans, aurait pu se satis- faire d’une place d’hor- loger en bureau tech- nique chez Ulysse-Nardin en Suisse voisine, poste de renom qu’il a occupé deux ans durant. Le voilà depuis janvier horloger indépendant dans un atelier situé dans les locaux de la socié- té Péquignet à qui il loue un espace pour inventer, créer, assembler. La voie du jeune homme sem- blait toute tracée, lui qui avait tapé dans l’œil de la firme hor- logère suisse alors qu’il n’était qu’étudiant au lycée Edgar-Fau- re de Morteau. Il se souvient : “J’étais élève en D.M.A. quand à la fin de la dernière année,

ain numéro du C’

Ulysse-Nardin a pris contact avec moi. Une personne a vu sur mon site Internet une de mes réa- lisations, la guêpe.” Son diplôme en poche, il rejoint les ateliers de l’autre côté de la frontière. Très vite, la direc- tion voit son potentiel créatif. Elle lui demande de créer une horloge sur le thème de la mari- ne. La crise horlogère passe par là : le projet est mis quelques mois en stand-by . John-Mikaël, parmi les derniers recrutés, n’est pas licencié alors que 30 autres de ses collègues passent à la trappe. Ulysse-Nardin compte sur lui pour mener à bien le pro- jet qu’il réalisera en moins de 6 mois dans son propre atelier rat- taché au bureau technique de

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développement des produits finis. Son œuvre est présentée au salon de Bâle ! Bref, c’est le pied… avant qu’il ne sente ses projets de création lui glisser entre les mains : “La direction a changé. J’allais tomber dans un contrat de confidentialité et l’idée d’appartenir à un employeur ne me convenait pas. J’ai fait un mois et demi de for- mation à la création d’entrepri- se et je me suis lancé. Concevoir : là est ma vraie mission” dit-il.

règles de l’art horloger (finitions polissage, brossé, anglage…). Originalité du produit : elle rou- le à une vitesse de 13 mm/h, soit environ 30 cm par jour. L’heure est lisible via des chiffres gra- vés sur les jantes arrières et un index sur le volant permet quant à lui de préciser la minute. La mise à l’heure peut s’effectuer par le volant et le remontage s’effectue par l’avant avec une clef, de la même façon que les voitures anciennes se démar-

Son parcours E n 2008, il commence la création de son atelier. En 2012, il obtient le pres- tigieux Diplôme des Métiers d’Art Horloger à Morteau. En 2014, il crée “La Guêpe” dont le mécanisme de montre reprend la forme de l’insecte. Il est remarqué par la manu- facture suisse Ulysse-Nardin et devient horloger sur montres à grandes complications. En 2015, il devient officiellement horloger-créateur attitré de la marque Ulysse-Nardin et crée pour elle l’horloge de table “Super-catamaran”. En 2017, il quitte la Suisse pour instal- ler son atelier à Morteau et devient horloger indépendant. Il se spécialise dans la créa- tion de mécaniques artistiques et horlogères. n Renseignements : www.john-mikael-flaux.com ou 06 32 43 99 00

L’horloge guêpe.

Breton d’origine, il a choisi d’établir son atelier à Morteau pour la réputation, pour être proche des clients, proche des fournisseurs. Une de ses premières réali-

raient ! C’est dire la technicité du produit. Désormais, le Mor- tuacien doit faire connaître son talent. Il a été repéré par l’horloger Vincent Calabrese et pourrait

Elle souhaiterait “continuer pour devenir professionnelle.”

intégrer l’académie des créa- teurs horlogers indépendants. Pour cela, il doit exposer. Après un salon au Luxembourg, il pour- rait présenter ses créations au prochain salon de Bâle. John- Mikaël répare également les montres et horloges des parti- culiers. Il n’a plus le “salaire de frontalier” mais il a gagné sa liberté : la création horlogère pimentée d’un grain de folie. n E.Ch.

sations est la Car clock, une Bugatti en horloge, magnifique. La complexité du mécanisme se mêle à la technique de l’auto- mate. Sa voiture-horloge marie l’esthétique et la technique auto- mobile à celle de la philosophie horlogère. Il a tout réalisé de A à Z, sauf la peinture et les roues. La Car Clock nécessite 240 heures de fabrication arti- sanale pour exécuter et assem- bler ses 270 pièces dans les

John-Mikaël Flaux est créateur horloger installé à Morteau, dans un local loué chez Péquignet.

Les souvenirs fantasmagoriques de Goumi Morteau Avec son sixième roman, “Pas de bol pour Popol”, Goumi, alias Jacques Vuillemez navigue une nouvelle fois entre ses souvenirs de jeunesse, son goût immodéré du polar et ses inclinations grivoises. Le résultat ne manque pas de sel.

me le ruisseau qui devenait tout rouge de sang, le jour où les abattoirs de Morteau tournaient à plein régime” se remémore l’auteur qui a brodé et enjolivé autour de ces souvenirs des his- toires où se côtoient quelques filles aux mœurs plutôt conci- liantes… Ce livre qui a la couleur de l’ab- sinthe et le goût du lait cru n’est évidemment pas à mettre entre toutes les mains. Une chose est sûre : ces contes et légendes fan- tasmagoriques nés de l’imagi- nation fertile de Goumi, et qui peuvent se lire aussi bien au premier degré qu’au centiè- me, ne laisseront pas le lecteur indifférent. Mais pas de panique : ce livre est une pure fiction. n J.-F.H. Goumi, alias Jacques Vuillemez, manie la truculence avec les histoires locales comme personne. “Pas de bol pour Popol”, 20 euros, Les Éditions Mortuaciennes

L’ univers de Goumi, c’est un mélange de San Antonio, de Madelei- ne Proust et de Hara- Kiri. La gouaille, le terroir local et une succulente gauloiserie. Après cinq romans déjà bien assaisonnés, il remet une dose de piment dans ce sixième opus

lent les jolies filles et les méchants messieurs qui en veu- lent à leur vertu. Parfois, c’est l’inverse qui se produit : le har- cèlement vu autrement…” ajou- te l’auteur jamais avare de la bonne blague. Goumi rappelle aussi, temps révolu, quand le jeudi après-midi et pendant les vacances scolaires, les gamins du Mondey se retrouvaient au milieu des pintades fritillaires, ramassant du cresson dans le ruisseau qui traverse le marais, faisant fuir salamandres, lézards, orvets et autres gre- nouilles dérangés par cette ban- de de joyeux gaillards, insou- ciants, vivant sans le savoir les plus belles années de leur vie, bien avant que les politiques ne s’emparent de l’écologie. Éco- los avant l’heure ? “Non tout simplement heureux au contact d’une nature généreuse, une vraie leçon de chose à ciel ouvert et des milliers de souvenirs à raconter à leurs enfants. Com-

des situations cocasses, mais où, comme dans Hitchcock, la mora- le n’est pas absente” confirme Goumi. Dans ce roman où les histoires se succèdent, sans lien entre elles mais avec comme fil conducteur le sensationnel et l’extraordinaire, les souvenirs

d’enfance de Goumi, gamin du Mondey, remontent à la surfa- ce. Les Mortuaciens de souche se retrouveront facilement dans les lieux que l’auteur évoque, des marais de

qui vient de sortir. “Mes premiers bou- quins, à côté de celui- ci, c’était pour les gosses de maternelle !” s’esclaffe l’auteur qui a concocté dans ce roman “des histoires

La couleur de l’absinthe et le goût du lait cru.

la Tanche au Bois du Geai, du Trou au Loup au Mondey, en passant par l’île à Chacha et les bords du Doubs du côté de la gare où enfant, avec ses copains, le jeune Jacques fer- raillait avec les voyous de la Côte. Il nous emmène au fil des pages dans sa quatrième dimension, “un monde parallèle où pullu-

souvent surprenantes, singu- lières, sans effets spéciaux, mais avec des chutes inattendues, aux- quelles j’ai ajouté, bien enten- du, des chutes de… rein.” Mais attention, la grivoiserie s’ac- compagne souvent d’une cer- taine morale. “On est dans le domaine de la science-fiction avec de l’humour noir, où sexe et science-fiction se côtoient dans

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