Journal C'est à dire 244 - Juin 2018

D O S S I E R

Montbenoît Le couteau suisse touristique du Saugeais Léon Querry se souvient des années où lui et les bénévoles montaient à 25 mètres de hauteur pour nettoyer les chéneaux de l’abbaye ou remon- ter les fragments du jubé. Une époque révolue.

L éon Querry, l’ancien garagiste de Montbe- noît à la retraite, n’a jamais craint de plon- ger les mains dans le cambouis pour l’abbaye. Aujourd’hui, tout est fini. L’âge aidant, lui et les bénévoles ne peuvent plus mon- ter à 25 mètres de hauteur pour nettoyer les chéneaux de l’ab- baye. C’est surtout interdit pour des raisons de sécurité. Cela le désole un peu, Léon, de savoir que les ambitions des bénévoles sont aujourd’hui freinées.

Membre de l’Office de Touris- me de Montbenoît, des asso- ciations des Amis de l’abbaye, de l’association de la République du Saugeais, il fait partie des incontournables du tourisme ici. Depuis l’an 2000 et sa retraite, il s’est voué à la promotion de l’abbaye, au folklore de la Répu- blique du Saugeais. Sous sa pré- sidence des Amis de l’Abbaye entre 2000 et 2006, la fréquen- tation du site a explosé pour atteindre 11 500 visiteurs par an. Il faut dire que Léon pas-

sait sa vie ici : le site était régu- lièrement ouvert, même le dimanche. “Ma femme me disait : il faut te faire une chambre à l’abbaye !” se souvient-il amu- sé. Aujourd’hui, il continue à pour- suivre son activité de bénévole. Parmi les réalisations qui le ren- dent le plus fier, c’est bien évi- demment la reconstitution et la restitution du jubé qui a duré quatre ans. Le travail a été ter- miné en 2011. Le jubé est une tribune transversale en forme

Léon Querry ici dans la cuisine des moines de l’abbaye de Montbenoît.

de galerie, élevée entre la nef et le chœur d’une église. Il en existe à peine 10 en France et cette construction servait à sépa- rer les fidèles des religieux. Montbenoît a eu le sien jusqu’en 1773, date de la fermeture du monastère.

(et non plus dans l’église), le jubé est aujourd’hui visible des touristes. “Au début, les élus ne voulaient pas que l’on ouvre aux visiteurs car ils avaient peur que notre construction ne tienne pas… Tout est sécurisé, et donc ouvert au public” se félicite le

dons, kermesses, repas et visites ! Aujourd’hui, Léon Querry et les autres savent que le folklore de la République ne tient qu’à un fil. Après 71 ans d’existence, le drapeau noir-rouge-jaune du Saugeais a toujours sa prési- dente (Georgette) mais plus de Premier ministre. La relè- ve est attendue… Léon de son côté sera toujours là pour pro- mouvoir ce territoire qu’il aime tant et faire découvrir ses tré- sors cachés comme les oubliettes ou la crypte de l’abbaye. n E.Ch.

Joseph Simonin, le passeur de mémoire Montlebon Il a créé de toutes pièces le Musée d’antan sur les hauteurs de Montle- bon. Ravagé par un incendie, le lieu d’exposition a entièrement été recons- truit par cet infatigable défenseur du patrimoine rural.

Sauget qui se sou- vient du travail réa- lisé par l’abbé Jean- tet dès 1964. Il lui rend hommage. Le

Durant près de quatre années, une équipe de bénévoles retraités a permis sa restaura- tion après retrouver

Quatre ans de travail et de recherches.

les fragments du jubé dissé- minés autour de l’abbaye. Un travail gigantesque et d’orfèvre. Placé dans la salle capitulaire

prêtre, à l’époque, a trouvé 75 millions (d’anciens francs) pour restaurer les parties non classées de l’abbaye grâce aux

M odeste au point de ne jamais se mettre en avant. Et opi- niâtre comme un de ces solides montagnons que ni les épreuves ni les peines ne

parviennent à décourager. Il aurait pourtant pu baisser les bras quand un an seulement après son ouverture, le Musée d’antan qu’il avait créé de A à Z au lieu-dit le Charron partait

en fumée. Quelques jours seu- lement après ce drame, il décla- rait avec aplomb : “J’ai décidé de reconstruire ce musée.” Aidé par les amoureux du patrimoi- ne, soutenu par les acteurs éco- nomiques locaux, il s’est donc retroussé les manches une seconde fois pour reconstruire le bâtiment incendié et réunir à nouveau des collections d’ou- tils et d’engins agricoles dédiés à la culture franc-comtoise. Quelque 3 000 pièces authen- tiques, héritages du savoir-fai- re et des traditions artisanales et agricoles du Haut-Doubs. En juillet dernier, le nouveau Musée de la vie d’antan ouvrait ses portes. Joseph Simonin avait relevé le défi, épaulé par ses fidèles soutiens et des associa- tions de défense du patrimoi- ne. Il ne reste rien aujourd’hui des stigmates du feu et on déam- bule avec émerveillement dans les différents univers de ce musée qui rappellera forcément à ceux qui ont fréquenté les fermes de nos aïeux l’ambian- ce si particulière de ces habi- tats de moyenne montagne où les journées étaient rythmées par le travail des champs. Membre de l’office du tourisme du Pays Horloger, à 72 ans, Jose- ph Simonin a pour lui l’expé- rience de ce terroir auquel il est attaché. Son musée est à ce jour un des témoignages les plus précieux de ce territoire et en cela, un vecteur majeur du tou- risme local. Un lieu authentique et attachant, comme son créa- teur. n J.-F.H.

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Joseph Simonin, créateur du Musée d’antan à Montlebon, un vecteur de plus pour la promotion du tourisme local.

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