Journal C'est à dire 244 - Juin 2018

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

Reprise des embauches dans l’horlogerie Emploi Après des années de vaches maigres en 2015 et 2016, l’industrie horlogère dopée par des exportations en hausse depuis dix-huit mois cherche à nou- veau de la main-d’œuvre. Baromètre au beau fixe.

R éveil de l’économie mondiale, dépréciation du franc suisse face à l’euro, toutes les condi- tions sont favorables au retour de la croissance dans l’industrie neuchâteloise dont la spécifi- cité horlogère avait perdu de sa superbe en 2015 et 2016. Depuis 18 mois, les exportations horlo- gères repartent à la hausse. “Après un léger fléchissement en mars, la croissance est repartie de plus belle en avril pour les exportations horlogères suisses. Leur valeur a bondi de 13,8 % par rapport à avril 2017, à 1,8 milliard de francs, retrou- vant ainsi le rythme affiché durant les deux premiers mois de l’année. En cumul, les expor- tations horlogères ont déjà tota- lisé 6,7 milliards de francs, soit une hausse de 11 %” , apprend- on du bulletin statistique dif- fusé mensuellement par la Fédé- ration de l’Industrie Horlogè- re Suisse. Cette dynamique implique tôt ou tard de relan- cer l’outil de production et de trouver le personnel pour accom-

pagner le mouvement. “La repri- se est évidente même si ce n’est pas encore l’embellie générale. On est dans quelque chose de plus sectorisé par marque, par groupe. Il y a encore quelques sociétés à la peine. Les emplois recherchés sont liés à la méca-

annoncées chaque mois par rap- port aux années précédentes. Alors qu’en janvier 2017, 185 travailleurs bénéficiaient d’une autorisation Réduction de l’Ho- raire de Travail dans le canton, ils ne sont plus qu’une ving- taine aujourd’hui selon le ser- vice de l’emploi du can- ton de Neuchâtel. limites face aux difficultés de trouver la main-d’œuvre qua- lifiée de plus en plus nécessai- re. “Les fabricants ont eu de bons retours du salon de Bâle et de Genève. Maintenant, il faut voir sur le long terme. Ce qui devient compliqué et qui l’a toujours été, c’est de trouver du personnel qua- lifié. À défaut, on utilise la métho- de des talents qui consiste à détec- ter des aptitudes chez des can- didats à l’emploi” , témoigne Tony Vega, chef de filiale Manpower à La Chaux-de-Fonds. n Aussi prometteuse soit-elle, cette dyna- mique pourrait très vite connaître ses

On embauche à nouveau dans l’horlogerie suisse (photo archive Càd).

nique. Il s’agit souvent de postes qualifiés” , observe Didier Ram- seyer, dirigeant asso- cié de l’agence de pla- cement D.R.V. basée

La difficulté : trouver du personnel qualifié.

T raduction de l’initiative “Contre l’immigration de masse” de l’U.D.C., cette loi entre en vigueur au 1 er juillet. Elle oblige les employeurs à réser- ver leurs offres d’emploi aux offices régionaux de placement à partir de 8 % de chômage et non plus 5 % comme cela était initialement prévu. Cette majoration du taux plancher sera valable jusqu’au 1 er janvier 2020. Avec cette obligation de signaler un poste vacant, les employeurs ne pourront plus aller systéma- tiquement voir à l’étranger si la contrat ne dépassant pas 14 jours. Selon le conseil fédéral, 75 000 postes vacants seraient soumis à l’obligation d’annonce pour un seuil de 8 %. Ce nombre mon- terait à 218 000 postes avec un taux de chômage à 5 %. “On sait qu’il y aura un gros virage à prendre avec cette nouvelle pro- cédure d’annonce qui soulève encore beaucoup de questions. Est-ce que cela va ralentir ou pas le marché au niveau du recru- tement ?” , s’interroge Tony Vega de l’agence Manpower à La Chaux-de-Fonds. n Priorité aux résidents à partir du 1 er juillet main-d’œuvre qualifiée existe en Suisse. Les offres d’emploi seront donc accessibles dans un pre- mier temps uniquement aux chô- meurs inscrits. Les collaborateurs du service public de l’emploi trans- mettront les dossiers aux employeurs qui convoqueront les candidats pour les entretiens d’em- bauche. L’employeur reste libre d’engager ou pas les personnes. Le texte de loi intègre quelques exceptions quand il s’agit de recru- ter un membre de sa famille, un stagiaire ou un apprenti déjà dans l’entreprise ou dans le cadre d’un

au Locle et à La Chaux-de-Fonds. Les indicateurs des offices Régio- naux de Placements du canton de Neuchâtel abondent dans le même sens. Le nombre de demandeurs d’emploi issus de la branche horlogère a diminué de près de moitié, passant de 1 000 personnes en janvier 2017 à 500 en mai dernier. De même, l’effectif des demandeurs d’em- ploi issus des métiers de l’hor- logerie a aussi connu une décrue importante, passant de 560 per- sonnes en janvier 2017 à 240 en mai. Près de deux fois plus de places vacantes (entrées) sont

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