Journal C'est à Dire 147 - Octobre 2009

P L A T E A U D E M A Î C H E

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La crise frappe la commune Charquemont : berceau sans nouveau-né Décrit comme le berceau de l’horlogerie, Charquemont affronte licenciements et délocalisations en chaîne. En cœur de ville, ce n’est pas la déprime mais l’espoir de jours meilleurs aussi bien chez les commerçants que les habitants.

C harquemont, son église, samairie, ses deux bou- langeries, sa boucherie, son école, ses sapins… Un village typique duHaut-Doubs, à la différence près que ce dernier a perdu en l’espace d’une année près de 150 emplois dans le sec-

teur de l’horlogerie, domaine qui a fait sa renommée sur le Plateau. Soi-disant l’effet de la crise. Peut- être.Autre coup dur : les villageois ne peuvent plus s’appuyer sur l’épaule du voisin suisse, jusque- là solide. “Mon fils le dit : depuis le mois d’août, il y a beaucoup

moins de bouchons pour se rendre en Suisse” commente Martine Jeanclerc, habitante de Charquemont. Si elle ne vit pas directement de l’horlogerie, son travail, lui, y est fortement lié : “Je garde les enfants de frontaliers. Depuis la rentrée, je garde deux enfants de moins. N’ayant plus de travail, les parents ont quitté Charque- mont” dit l’assistante mater- nelle. C’est en effet l’avis de tous : “Les Mosellans ou les Nordistes, venus en masse pour le travail, sont repartis chez eux après avoir été licenciés” avance “Cane”, sur- nom de ce Charquemontais de

Assistante maternelle, Martine Jeanclerc confesse que des frontaliers ont quitté Charque- mont pour retour- ner dans leur région d’origine.

Le café a baissé la devanture depuis plusieurs mois.

souche. Les premiers signes de ces départs sont flagrants : au niveau des commerces bien sûr, mais sur la vie associative éga- lement. Le club de foot de Char- quemont aurait perdu quelques licenciés. Fleuriste depuis 15 ans au centre du village, Nadi- ne de “Nad’in flor” confirme qu’elle vend moins de roses. Elle garde néanmoins le moral : “Depuis avril, le chiffre d’affaires se stabilise” dit la gérante, obli- gée de licenciée une salariée

après une baisse d’activité de l’ordre de 40 % d’octobre à novembre 2008. En face de la fleuriste, le maga- sin des frères Renaud est tou- jours au service des Charque- montais. “Chez moi, on trouve du kilo de sucre aux clous en passant par de la vaisselle ou électroménager” lâche avec le sourire Jean-Luc Renaud, asso- cié avec son frère. L’entreprise fait vivre Marie-Reine (la belle- sœur de Jean-Luc), Monique (sa femme) et Sébastien, le fils. Une

boîte comme on n’en trouve plus : “Quand des Parisiens viennent en vacances, ils n’en reviennent pas. Ils me disent : Tenez le coup.” Sans rentrer dans le débat cher à Jean-Pierre Pernaut et le ser- vice de proximité, ce genre de lieu demeure primordial. Si une supérette s’est installée à la sor- tie du village, il n’empêche qu’une autre a fermé au centre. Idem pour le bar. Les Char- quemontais font le dos rond… en espérant de jours meilleurs. E.Ch.

Jean-Luc Renaud assure la vie commer- ciale au cœur du bourg. Contraint de se séparer d’une de ses salariés, la responsable de la boutique de fleurs espère une reprise.

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